AZUL - Bruises

26. Tanith

Chapitre 26

________________________

Irina

- Tu lui ressemble tellement ma beauté

- Arrête, papa

- C'est ta faute

- Je n'ai rien fait !

- Si, tu m'as poussée à te frapper, tu as ruinée la vie de ta mère, la mienne, celle de Kei, celle de Simon, tu ruines tout, tu es un monstre Irina Maria.

- Irina.

- Tu es un monstre.

- Irina, réveille-toi.

Mes yeux s'ouvrent précipitamment, je me sens perdue et en sueur, et avec cette sensation désagréable qui me paralyse totalement, cette sensation d'être déconnectée, entre le rêve et la réalité.

- Irina.

Je ferme les yeux et inspire un grand coup. C'était un cauchemar, encore un. J'ai extrêmement chaud mais une main me ventile, ce n'est pas ma main. Mes paupières se relèvent doucement.

- Ça va ? me demande Kei les sourcils légèrement froncés.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Tu m'empêche de dormir à crier tous les soirs, c'est chiant.

Je lève les yeux au ciel, cet homme sait définitivement comment réconforter une femme. C'est du sarcasme, évidement.

- Je suis sincèrement désolé de perturber ton sommeil si précieux.

Sarcasme, encore.

- Je vais finir par te droguer à nouveau, tu ne criais pas, même quand je te tatouais.

- Enfoiré.

Je me retiens de rire, parce qu'il est hors de question qu'il pense que le sujet du tatouage forcé peut être un sujet de blague, ce qu'il a fait est impardonnable, et pour autant, je ne me sens pas enragée.

En réalité, je me sens bien, là. Dans la pénombre de ma chambre je ne distingue que la silhouette imposante de Keiran, mais son odeur me berce et cette chambre qui, comme il l'a dit, entend mes cris chaque nuit, me semble plus confortable.

Je déteste qu'il ait cet effet là sur mes sentiments, mais là, je suis juste fatiguée. Mes cauchemars me fatiguent, et le plan que j'ai à monter aussi me fatigue, chaque jour j'apprends de nouvelles informations plus importantes les unes que les autres, je dois créer un plan de vengeance, tout ça loin de mon frère, et surtout... tout ça en sachant ce que je sais depuis quelques heures maintenant.

Les paroles de Kei sur mon passé me hantent, l'idée que j'ai tout foutue en l'air ne quitte pas mon esprit, je me sens plus faible que jamais, moi qui croyais tenir tête au monde entier, je me battais en réalité contre moi-même. Je suis épuisée, faible et fragile.

Qui aurait cru que j'étais le monstre de ma propre histoire ?

- Tu...

Je redresse la tête vers Kei, la lune perce un trait de lumière dans la chambre, et mes yeux désormais habitués à cette lumière, me permettent de mieux voir les Keiran, assis sur le rebord de mon lit, torse nu. Je parcours ses tatouages du regard, tous plus beau les uns que les autres. Je peux sentir le furieux besoin qu'il dorme avec moi monter dans mon crâne et je ne l'en empêche pas. J'en meurt d'envie, lui et Simon sont les seuls à savoir faire taire les démons qui hantent mes nuits. J'ai besoin de passer une nuits sans ces démons.