P5 / Chapitre 64 : L'autocanon

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30 Janvier 1957
Tranchée dans la côte centrale du Nord Vietnam

Cela fait maintenant plus de 5 mois que Arthur a déserté.

 Andrew, Adler et les soldats de la compagnie Fox et de la division britannique dirigée par Dieter étaient dans une tranchée, à quelques centaines de mètres devant eux, ils savaient que les soldats nord-vietnamiens étaient là.

Ils étaient tous blottis dans la tranchée avec leurs camarades soldats, attendant leur prochain mouvement. Le silence n'était interrompu que par le traînement occasionnel des pieds et le bruissement des tissus des uniformes.

Adler étant le commandant de la Fox compagnie est positionné en hauteur et visualise la position des nord-vietnamiens avec des jumelles, il regarde aussi si il y a de l'activité aux alentours de la tranchée.

Andrew se rapproche de lui et prend la parole, brisant le silence. "Adler, j'ai pensé à la maison. Cela fait des mois que je n'ai pas vu ma famille, et ils me manquent de plus en plus chaque jour."

Adler : "Je sais ce que tu ressens, Andrew. Mais pense à ce pourquoi nous sommes ici. Nous nous battons pour notre pays, pour nos valeurs, si on gagne en influence à la fin de la guerre nous pourrions peut être changer la donne vis à vis de Ludwig . Nous faisons cela pour que nos familles et les gens , pour qu'ils puissent vivre en paix et tu sais que si on l'arrête pas cela ne sera pas possible."

Andrew : "Je sais, mais c'est parfois difficile. Les conditions de vie ici sont si dures, le danger constant nous affecte tous et comparé à avant on se bat pas directement contre notre ennemi."

Adler : "Quand on s'est battu durant la guerre de corée on ne savait pas pour Ludwig mais on est quand même venu se battre, Ludwig et Mia nous préoccupent c'est vrai mais ce ne sont pas nos seuls ennemis."

Andrew : "Oui... mais savoir qu'ils sont dans le gouvernement ca change la donne..."

Adler : "C'est pourquoi il est important de rester fort, de rester concentré. Nous sommes là les uns pour les autres, et nous devons veiller les uns sur les autres. On va s'en sortir, Andrew. Ensemble."

Andrew acquiesça, se sentant réconforté par les paroles de son commandant. A ce moment-là, ils ont entendu un grondement lointain dans le ciel, de plus en plus fort. Ils ont tous les deux levé les yeux pour voir un avion nord-vietnamien se précipiter vers eux.

Adler : "Tout le monde, soyez prêts ! Mettez-vous à l'abri !"


La panique s'installe car les soldats ont rapidement compris que l'avion allait frapper leur position. Ils se précipitent pour évacuer la tranchée et se mettre à l'abri, mais ce faisant, ils sont exposés au feu ennemi.

 Les soldats quittent la tranchée pour survivre, mais en faisant cela, ils sont exposés et les Vietcongs tirent sur eux. 

La plupart des soldats se font tuer et Andrew, qui venait de se lever de sa position dans la tranchée, a été touché par un barrage de balles provenant d'une mitrailleuse ennemie. Les balles ont déchiré sa chair, lui déchirant la jambe. Malgré la douleur intense, il tente de continuer à avancer, mais il s'effondre bientôt sur le sol, son corps se tordant de douleur.

Adler, ainsi que Dieter, se sont précipités aux côtés d'Andrew, essayant d'arrêter l'hémorragie et de le garder conscient. "Andrew, reste avec nous, mec", a dit Adler, essayant de calmer son camarade. "On va te sortir de là."

Andrew, hébété, a levé les yeux vers Adler, les yeux vitreux. "Je ne pense pas que je vais m'en sortir", murmura-t-il, sa voix étant à peine audible.

Adler et Dieter ont fait de leur mieux pour maintenir Andrew en vie, mais la perte de sang était trop importante. Andrew a pris son dernier souffle, son corps s'est affaibli. Adler était dévasté, lui et Andrew se connaissaient depuis plus de 10 ans et avaient traversé d'innombrables batailles ensemble.

Adler s'est assis à côté du corps d'Andrew, des larmes coulant sur son visage. "Repose en paix, mon frère", a-t-il dit doucement. "Comme pour Chander et les autres, ton sacrifice ne sera pas oublié..."

La perte de Andrew a été un coup dur pour la Fox Company. Comme a chaque fois que l'un des leurs était tombé au combat, ils savaient que le poids de leur chagrin les accompagnerait pendant longtemps. 

Les soldats ont demandé à partir mais Adler était affecté car son ami qu'il connaissait depuis plus de 10 ans était mort. Ils ont réalisé qu'ils avaient laissé Safranov dans la salle de la tranchée, le soldat soviétique qu'ils avaient capturé lors d'un assaut.


Ils embarquent dans un camion militaire en direction d'une autre base pour recevoir de nouvelles instructions, sachant qu'ils ne peuvent plus rien faire car le Vietcong a déjà envahi la tranchée et que Safranov sera inévitablement libéré.

Pendant le trajet, Dieter commence à douter du bien-fondé de la poursuite de la guerre ici.

Adler est assis dans le camion, regardant fixement le paysage qui défile. Il n'arrivait pas à se débarrasser du sentiment de perte et de vide. Andrew était parti, son ami et compagnon d'armes depuis plus de dix ans. Il pensait à leur première mission ensemble et au chemin qu'ils avaient parcouru.

"Adler", la voix de Dieter a brisé ses pensées, "Nous devons parler de ce qui vient de se passer. Nous avons perdu beaucoup d'hommes aujourd'hui, et Andrew... Je ne peux pas imaginer ce que tu ressens en ce moment."

Adler a poussé un profond soupir et s'est tourné vers Dieter, "J'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi-même. Andrew était plus qu'un camarade, il était un frère pour moi. Et maintenant, il n'est plus là, même Arthur est parti je suis le seul ressortissant de la compagnie qui est présent depuis la seconde guerre mondiale."

Dieter acquiesce, "Je comprends. J'ai aussi perdu des amis, mais nous devons continuer à avancer. Nous avons encore un travail à faire, on doit finir cette guerre et faire tomber Ludwig de son trone."

Adler acquiesce, "Je sais, mais c'est difficile de continuer quand on a l'impression que le poids du monde repose sur ses épaules."

Dieter a posé une main sur l'épaule d'Adler, "Nous allons traverser cette épreuve ensemble. Nous l'avons toujours fait, et même si tu es le dernier vétéran de la seconde guerre mondial actif dans la fox compagnie sache qu'on a traversé cette même guerre ensemble, j'étais là aussi avec Arthur, Harry, Andrew, Chandler et tous les autres."

Le reste du trajet s'est déroulé en silence, chaque soldat étant perdu dans ses propres pensées et dans les souvenirs de ceux qui sont tombés. Ils sont arrivés à la base, où ils ont été accueillis par leur commandant, qui les a informés de leur prochaine mission.

Mais Dieter ne pouvait pas se débarrasser d'un sentiment de doute. Il se bat depuis si longtemps , et pour quoi ? La guerre semblait sans fin et sans but. Il s'est approché d'Adler pendant une pause dans le briefing : "Adler, est-ce que tu te demandes parfois pourquoi nous sommes ici ? A faire cette guerre ?"

Adler a regardé Dieter avec un cœur lourd, "J'essaie toujours de me forcer de croire en ce pourquoi nous nous battons, de me dire qu'on fait tout ca pour avoir assez d'influence après la guerre, mais maintenant... maintenant j'ai juste l'impression que nous nous battons contre le communisme comme d'habitude pour pour honorer la mémoire de ceux que nous avons perdus. La seule différence maintenant c'est qu'on est tenue en laisse par Ludwig cette enfoirée qui nous a fait tant souffert, je me demande si se battre sous son contrôle honore vraiment leurs mémoire quand tu sais que Harry, Chandler et maintenant Andrew sont mort dans notre combat contre lui. "

Dieter acquiesce, "Je ressens la même chose. Je suis venu ici avec ma division parce que je croyais en ce pourquoi nous nous battions, mais maintenant... maintenant j'ai juste l'impression qu'on fait l'opposé que ce que nous devrions faire... t'es pas d'accord?"

Adler soupire, "Je n'ai pas de réponse à cela, Dieter. Tout ce que je sais, c'est que nous devons continuer à nous battre, pour le bien de ceux qui sont tombés et pour notre propre survie, mais rester ici comme un chien en laisse il n'y est pas question, je refuse de me faire enfermer par Ludwig encore une fois pendant qu'il est tranquille avec sa copine au pays ."

Les deux soldats se sont tus, contemplant le poids de leurs paroles. Ils poursuivent le briefing, mais savent tous deux que la guerre les a changés, et que le chemin à parcourir sera long et difficile.


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