Chapitre 4

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    Malgré le fait qu'il l'ait accepté devant ses conseillers, l'idée lui paraissait encore tellement étrange. C'était pour sauver sa cité. Son travail. Pour se sauver lui-même. Katsuki devrait partager sa villa avec un autre être humain que ses serviteurs. Cette pensée lui donna presque envie de tout arrêter immédiatement, de changer de tactique. Mais il n'y en avait pas d'autre, et il le savait. Alors il le ferait. 
  Dans un premier temps, il alla au temple d'Izyris afin de se recueillir quelques minutes, puis alla fouiller dans les registres civils. Ceux-ci étaient actualisés tous les cinq ans, donc tous les noms n'apparaissaient pas, mais l'empereur restait persuadé qu'il trouverait bien quelqu'un. Malheureusement, tous les mariages n'étaient pas répertoriés non plus. 

  Ne pouvant donc pas se fier entièrement à ces registres, il décida donc qu'il était temps de faire un tour en ville. Après tout, il pourrait toujours faire confiance à son sens de l'observation. Le plus dur serait de se sentir à l'aise. 
  Chose qui n'arriva pas. Pas du tout. Marchant dans les rues de la ville, Katsuki comprit rapidement que sa place n'y était plus conviée. Si tous les citoyens baissaient les yeux, les enfants semblaient se pétrifier de peur et, il crû apercevoir à un moment, certains regards effrayés. 

  Lorsqu'il tenta de parler avec les commerçants, il sentit ceux-ci se crisper de tout leur être, comme s'il risquait de les assassiner, là, sur le champ. Peut-être qu'ils n'avaient pas si tord. 
  Parfois, il pensait entendre des murmures dans son dos, sans en comprendre le sens. Il était certainement mieux qu'il ne le fasse pas, bien que sa paranoïa augmentait de minute en minute passée avec le peuple. 

  Tout regard ou geste lui paraissait suspect, et alors sa main se posait sur sa lame, retenue par un morceau de cuir autour de sa hanche. À ce moment là, les personnes autour de lui se crispaient, et un cercle vicieux s'insinuait. 
  Une vingtaine de minutes avaient suffit à le dégoûter des rues. Il y étouffait, suffoquait, comme si l'air disparaissait. 

  On lui avait rapporté que la population se sentait apeurée, mais à ce point là ? Tous se repliaient sur eux-mêmes, s'apprêtant à se faire égorger au moindre faux pas. Leur peur était tout à fait légitime, le blond en était conscient. Plus que légitime, elle leur était presque vitale. Finalement, était il vraiment un si bon empereur que ça ? 
  Bien évidemment ! Avaient ils déjà oublié la misère, l'injustice, l'insécurité passée ? Avaient ils oublié les pleurs, les cris ? C'était lui, et lui seul, qui avait ramené la paix et l'argent ! 

  Son peuple était rempli d'ingrats, ce n'était pas possible autrement. C'était comme ça qu'ils le remerciaient ? De retour dans sa villa, l'homme faisait les cents pas. Son bras gauche, rouge et enflé était un signe immanquable de son anxiété. Lors de ces moments de stress intense, il avait toujours eu la fâcheuse habitude de se frotter l'avant-bras, jusqu'à ce que des bleus ornent sa peau. 
  Ses pensées défilaient à toute vitesse, à tel point qu'il peinait à les suivre. Il avait été tellement à cran durant son tour en ville qu'il n'avait pas accompli sa mission. L'empereur se moqua de lui-même en se rappelant à quel point il avait été courageux sur les champs de batailles, des années plus tôt. À présent, il angoissait à la simple idée de se faire renverser, et que l'on prenne sa place. Son ancien lui lui hurlerait dessus. 
  Il fallait qu'il se ressaisisse, et vite.

  C'est ce qu'il fit. Du mieux que possible et, étant un perfectionniste déraisonnable, ça n'avait pas été de tout repos. Il s'efforçait à sortir un peu plus souvent, à tenter de faire confiance aux civils. Si, bientôt, certaines jeunes femmes lui lancèrent quelques sourires discrets, il se rendit compte d'une chose qui lui fit perdre, pour la dixième fois, espoir en ce plan. 
  Il était sûr et certain que, dans cette cité, il était soit haït, soit à éviter. Et le reste n'aurait jamais assez de caractère pour le supporter plus d'une journée. En réalité, un être humain le pourrait il seulement ? 

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant