Chapitre 22

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  Les nuits avaient-elles toujours été aussi calmes ? Le ciel avait-il toujours été aussi étoilé ? Il n'en savait trop rien. Katsuki Bakugo avait l'impression de redécouvrir le monde, dernièrement. C'était une plutôt bonne chose, en soit.

  Outre ce moment de la journée pendant lequel il remettait les pieds sur terre, et se rendait enfin compte de la réalité. De son environnement social. La vraie vie, dans un certain sens. Et, ce soir, c'était au tour de Sonalia, - encore, et du manque inquiétant de nouvelles. "Pas de nouvelle, bonne nouvelle" disait souvent sa mère. Mais sa tendre génitrice n'était plus de ce monde.
  Était-ce réellement rassurant, de ne pas être mis au courant ? Il n'en savait trop rien. Tout semblait biaisé par certaines idées. Tout se passait bien près de lui, pas vrai ?
  La gravité de la situation était bien souvent relativisée par une présence.

  Cette même présence qui venait de s'asseoir à ses côtés.

  Pour changer de sa manie destructrice, l'empereur s'efforçait à jouer avec son bracelet. De cette manière, son bras pouvait souffler tranquillement. Enfin.

  Une brise fraîche passa, et ses épaules se contractèrent, tandis qu'il se tournait vers son époux, à présent allongé. Les mains derrière la tête, l'air serein. Comment faisait-il, pour ne pas avoir froid ? Le blond aurait aimé s'arrêter à se questionnement. Ne pas laisser dévier son regard de ses pommettes parsemées de tâches de rousseur. Mais il en était incapable.

  Un rire clair parvint à le sauver de sa chute. Son regard croisait enfin celui du noiraud.

__ Tu te perdais dans tes pensées. Une nouvelle fois.

__ Malheureusement.

  Le silence perdura quelques instants, durant lesquels Izuku en profita pour détourner le menton. Couper court à cet échange visuel. 
  Pincement au cœur.

  Katsuki devait trouver quelque chose à dire. Trouver un moyen de faire perdurer cette paix qu'il savait si fragile et éphémère.

__ Je te manquais déjà ?

  Ce n'avait pas été la plus brillante de ses idées, ni même son ton le plus assuré. Il devenait un homme plus sensible, plus maladroit ; plus humain.
  Izuku Midoriya le rendait plus humain. Il aimait cette sensation autant qu'il la détestait.

  Le concerné continuait d'ailleurs d'éviter soigneusement son regard.

__ Tu occupes simplement mon espace préféré. Cela n'a aucun rapport avec toi.

  Le jardin ? N'était-il pas assez grand pour deux ? Pour dix, pour cinquante ? Ce n'était qu'un bobard de plus, quelques mots d'un tissu de mensonge bien confectionné. Réalisé à la main afin de se protéger. 

  Il ne dirait rien de plus, cependant. Du moins, il n'aurait rien dit, en temps normal. Cela aurait pu passer sous le tapis comme tout le reste, mais il avait besoin d'entendre autre chose. 
  Surtout depuis l'autre soir. Depuis son prénom.

  Bakugo posa son coude derrière lui, ce qui lui permit de se pencher au-dessus de Midoriya, qui tourna la tête vers lui, l'air perturbé.

__ N'en as tu pas assez, des mensonges ? Chuchota-t-il.

  Il était trop près, beaucoup trop près : les allers-retours entre ses yeux et sa bouche que faisait le regard du noiraud le prouvait amplement.
  Ou bien n'était-ce pas seulement la proximité ? 
  Petra, serait-ce Toi ? 

__ Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Izuku de la même manière.

  Katsuki se mordit la lèvre inférieure. Les limites avaient été dépassées, brisées, brûlées depuis bien longtemps. Ce n'était plus cela, son principal problème.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant