Chapitre 23

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  Les températures baissaient de plus en plus, à l'extérieur. Il n'y aurait bientôt plus de fleurs, plus de fruits et légumes. Les terres gèleraient. Le sablier cesserait de s'écouler, le temps de quelques mois. 
  Katsuki Bakugo avait toujours profondément apprécié cette période de l'année. Le froid. La neige. La pluie. Le calme que ces temps gris renvoyaient.
  Pourtant, aux premières réelles fraîcheurs, l'empereur condamna toutes les issues, alluma tous les feux, réchauffa les thermes. Il était hors de question que son époux tombe malade par sa faute. 

  Aux premiers frissonnements, il accourait dans toute la villa, afin de trouver une peau de bête à poser sur les épaules du noiraud, qui le remerciait silencieusement. Se faire discrets. Tel était son souhait. Il avait accepté, mais son regard parlait pour lui. 
  Impossible à camoufler, dans la sphère privée que représentait leur demeure.

    Assis près des flammes, il observait Izuku piquer du nez, et commencer à s'assoupir. La couleur orangée lui allait si bien. Katsuki posa sa tête sur son genou, et souffla doucement, afin de ne pas le déranger. De ne pas altérer son repos. 
   Une idée le hantait pas mal, ces temps-ci. Mais serait-ce réellement une bonne chose ? Il n'en savait rien. Le blond se sentait ignare, en présence de l'autre.

  L'empereur détourna finalement le regard, et se décida à se lever. Il le fallait. De nombreuses tâches, -bien trop déléguées ces derniers jours- l'attendaient de pied ferme. La vie continuait, pour son plus grand désarroi. 
  L'existence ne se contentait pas à admirer le noiraud sous toutes les coutures.

  Il s'était vêtu plus chaudement, avant de sortir silencieusement. 
  Avant de partir, il s'était assuré que Midoriya ne se brûle pas inconsciemment, et l'avait ainsi porté jusqu'à la méridienne, sur laquelle il l'avait allongé. La position assise n'avait jamais été confortable, de toute manière.

  Les rues étaient paisibles, presque vides. Quel bonheur.

  Il était à peine arrivé à l'Hôtel qu'on vint l'interpeller. Au traits tirés du soldat, il devina rapidement la nature du sujet. Sans perdre plus de temps, il l'invita à rentrer, et ferma derrière eux. Le voilà de retour dans cette peau d'homme froid.

__ Je t'écoute.

  Le roux peina à se maintenir sur ses deux pieds correctement, comme si une sorte d'impatience l'animait. 

__ Un conseiller de Sonalia vous attend, monsieur. 

  Enfin ! Le blond fronça les sourcils et croisa les bras.

__ Pourquoi personne n'est-il venu me chercher ? 

  L'homme face à lui sembla confus, et haussa les épaules.

__ Vous aviez précisé de ne pas être dérangé, ces derniers jours...

__ Mais enfin, cela dépasse le dérangement ! Le blond sentait ses nerfs subitement à cran, et ses émotions prêtes à exploser ; ce qui ne serait pas une bonne chose. Depuis combien de temps est-il là ? Où est-il ?

  L'autre garda le menton baissé, et déglutit bruyamment.
  La peur de se faire exécuter sur la place publique.

__ Le conseiller Sonalien se trouve dans le Decsi, monsieur. Depuis un peu plus d'une heure.

  Il vit le soldat frémir, -trembler serait plus exact-, et s'enfoncer les ongles dans le creux de ses mains. Était-il en train de s'auto-punir, pour avoir obéit aux ordres pourtant donnés ?   L'empereur avait demandé à ne pas être dérangé, l'armée avait ainsi respecté la règles. Hurler sur ce pauvre homme ne règlerait rien. Il ne voulait plus renvoyer cette image d'homme insensible. Ce n'était pas lui.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant