Chapitre 5

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Izyria - Quelques jours plus tôt

 Les journées semblaient interminables. Izuku avait cessé de compter les jours passés ici. Un mal de crâne constant lui pesait, tandis que sa peau alternait entre bleus et coups de soleil. Peut-être finirait il totalement anesthésié par la douleur. Il l'espérait, et rapidement. 
  Désormais, les soldats l'autorisait à se reposer le midi, avec les autres. Cette petite victoire avait réussi à lui redonner espoir : il rentrait dans le moule, et sortait de leur champ de vision. 

  Un soir,  après une nouvelle journée épuisante, il traînait des pieds dans sa cellule. Bien que la fatigue ne lui pèse sur les épaules, il savait très bien qu'une fois assis, il ne se relèverait pas. Or, il fallait rester éveillé. 
  Le prisonnier était persuadé d'avoir senti la population izyrienne s'agiter, ces derniers jours. Au fond, il espérait que quelque chose se passe, il attendait un évènement qui lui permettrait de s'échapper. Un morceau de pierre patientait sagement dans un coin de la petite pièce. Il l'aiderait à s'enfuir, quand le moment viendrait. 

  Pour la quatrième fois de la semaine, il tenta de se maintenir debout par tous les moyens. La nuit était déjà tombée, -du moins, il l'estima-, alors qu'il se frappa le visage violement avec la paume de sa main. Rester éveillé. 
  Il tombait de fatigue de plus en plus souvent, et d'autant plus régulièrement depuis qu'il s'efforçait à rester éveillé toute la nuit. Qu'importe. Il fallait qu'il sorte de là.

  Midoriya comprit que, cette fois, c'était la bonne. Sans pouvoir l'expliquer, une agitation dans l'air lui fit prendre conscience qu'il n'avait pas attendu en vain. Une décharge électrique le parcouru, lui donnant la force nécessaire d'aller chercher son caillou. 

  Certains gardes se mirent à crier afin d'appeler du renfort, et lui attendit que les hommes ne passent devant sa prison pour se jeter sur la porte de bois. Rassemblant ses forces, il passa son bras derrière les barreaux, leva la pierre et l'abattit brutalement sur le verrou extérieur une première fois, puis une deuxième, et enfin une troisième. Le dernier coup le brisa, tandis que le battant s'ouvrait lentement. 
  Un sourire fier se dessina sur ses lèvres, alors qu'il posait un pied dans le couloir. Bien que leurs yeux soient cachés à chaque sortie, Izuku avait appris à connaître le chemin par cœur en comptant ses pas. Il allait retrouver Lijukk(*) ! 

  Alors qu'il avançait, murmurant le nombre de pas nécessaire avant chaque changement de direction, un sentiment de désespoir le parcourut en découvrant le labyrinthe de couloirs se défiler devant lui. Il allait y arriver. Il connaissait ses repères. 
  Pourtant, tout semblait s'embrouiller dans sa tête, tandis que l'impression de tourner en rond lui paraissait de plus en plus concrète. 

  Il s'était perdu, vraiment ? Toute cette préparation avait été inutile ? Il se ressaisit rapidement : plus il traînerait, plus vite on le retrouverait. Faisant confiance à sa mémoire et non pas à son impression immédiate, il continua son chemin. Encore vingt pas dans ce couloir. Tourner à droite. Cinq pas. Gauche. En face. La sortie devrait être à portée de main, à présent. 

  L'homme tourna enfin à gauche, et se permit enfin d'ouvrir les yeux. Devant lui, deux choses se présentèrent. Il y était arrivé. Il avait trouvé la sortie ! 
  Seulement, elle n'était pas aussi libre que ce qu'il aurait pensé. Au moment même où il s'apprêtait à reculer discrètement pour faire marche arrière, le soldat le remarqua et s'avança vers lui pour l'attraper. 
  Non seulement désespéré mais aussi fatigué, il ne protesta même pas. Le prisonnier se laissa jeter et enfermer dans une autre cellule sans se débattre.

  Il avait lamentablement raté son évasion. 

  Comme punition, il se fit de nouveau enlever sa ration du midi. Son ventre se creusait de famine, mais il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même. Il n'avait pas été assez prudent. Chaque heure qui passait devenait plus douloureuse, autant physiquement que mentalement. 
  Alors, quand l'empereur passa, bien évidemment qu'il lui en voulu de toute son âme. C'était de sa faute, et de celle de tous ses chiens qu'il se retrouvait là. 
  Sa mère lui manquait.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant