Chapitre 18

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  Que lui arrivait-il ? Peu importe cette nouvelle version de lui-même, Katsuki Bakugo ne l'appréciait absolument pas. Il ne devait surtout pas se laisser entourlouper par son époux. Il devait absolument s'éloigner. Se renforcer de nouveau.
N'avait-il donc pas appris de ses erreurs ?

  Il avait été décidé qu'il repousserait Midoriya par tous les moyens, l'évitant au maximum. Le blond avait sérieusement l'impression que cet homme pouvait lire en lui, comme dans un livre ouvert. Chose qui ne devait pas arriver.
  Pourtant, en théorie, rien ne se passait jamais comme prévu. Le noiraud semblait revenir à la charge à chaque fois, ignorant la violence(*) et l'indifférence.

  Cette fois-ci n'échappait pas à la règle :

__ Dis moi, avait demandé Midoriya. J'en ai tellement entendu, sur le passé d'Izyria. Mais jamais assez pour pouvoir comprendre. Lorsque que je demande aux autres de m'expliquer, tous me baratinent qu'ils ne peuvent rien me dire, et que cela les dépasse. Que ce n'est pas à eux de m'expliquer. Alors c'est à toi de le faire, pas vrai ?

  Bakugo aurait adoré dire le contraire, mais il était véridique qu'il était de son rôle de s'expliquer à ce sujet. Malheureusement.

__ Je ne peux le faire. Navré.

  Il était bien trop tard pour parler de cela. Du moins, il l'aurait été, si le moment propice existait. Ce qui n'était pas le cas. Tous les deux assis dans le jardin, Katsuki avait pu remarquer, malgré la très faible luminosité, son acolyte froncer les sourcils.

__ S'il te plaît. Je veux savoir.

  Le blond déglutit difficilement. Une boule vint se coincer dans sa gorge, empêchant tout son de sortir. Voilà que l'angoisse refaisait surface, l'embrassait une énième fois. Elle tenait un peu trop à lui, à son goût.
  Son bras se mettait subitement à le démanger.

  Mais alors qu'il s'apprêtait à assouvir ses pulsions, deux mains l'arrêtèrent, et se posèrent délicatement sur la zone irritée.

__ Nous avons toute la nuit. Mais comprends-moi ; je ne peux rester dans cette situation. J'ai besoin de savoir, de connaître l'histoire. De connaître cette facette que tout le monde semble avoir appréciée. Tout le monde, sauf moi.

  L'empereur posa ses yeux sur le ciel étoilé, au-dessus de leurs têtes. Pouvait-il réellement le faire ? Était-il seulement capable de s'exprimer oralement sur ce sujet qui l'avait tant de fois empêché de dormir convenablement, de respirer normalement, de vivre correctement ?
  Pouvait-il s'ouvrir ?

__ Je...

  Comme prévu, les mots manquaient. Ses nombreuses pensées le noyaient. Seulement, une part de lui mourrait d'envie de se soulager de ce poids. De parler de sa version de l'histoire.
  Officielle, pas officieuse.

__ Nous avons toute la nuit, répéta le noiraud.

  Ils avaient toute la nuit, toute la vie peut-être ; ces événements avaient été ressassés des années, quelques heures changeraient-elles quelque chose ?
  Le blond connaissait la vérité.
  Il savait exactement ce qu'il devait faire.

__ Très bien. Je te dirai tout ce que tu veux savoir.

  Ce fût ce qu'il fit.

  Des années auparavant. Katsuki avait été un enfant turbulent, bruyant, usant de la force couramment. Rapidement, il avait été repéré par l'armée, comme bien d'autres enfants. Ils étaient l'armée de réserve, des gamins élevés pour l'abattoir, pour se battre jusqu'au bout.
  Et si cette fin devait être la mort, qu'il en soit ainsi.

  C'était dans ses entraînements horriblement éprouvants qu'il les avait rencontré ; ces personnes qui deviendraient ses amis. Une bien maigre liste, qui rendait ces noms inscrits tellement plus chers.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant