Chapitre 21

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  C'était une fin d'après-midi comme une autre : les oiseaux gazouillaient pour la dernière fois de la journée, des odeurs commençaient à émerger de la cuisine, quelques serviteurs entraient et sortaient. Des moments calmes que Katsuki Bakugo affectionnait particulièrement.

  Seulement, ses pensées n'étaient pas aussi paisibles. Il n'avait toujours pas eu de nouvelles de Sonalia, ni de la guerre s'y déroulant. Une bonne semaine s'était écoulée, depuis l'annonce. Retezo était un petit empire. Cela aurait dû être fini depuis bien longtemps déjà. Pourquoi Sonalia traînait-elle ? Il espérait que cela ne soit qu'un problème d'information. Peut-être le messager avait-il péri en mer. Ou avaient-ils oublié de lui faire part de leur victoire ? 

__ Sérieusement ?

  Le blond sursauta légèrement. Le noiraud était arrivé de nulle part, le sortant de ses réflexions profondes en un seul mot. Au ton plutôt critique, d'ailleurs. 

__ Cesses de te gratter. Je reviens.

  Katsuki baissa le regard sur son avant-bras, et admira son état pitoyable, avant de le couvrir d'un pan de tissu. Comme exigé par Izuku, il cessa. Il ne bougea pas d'un pouce, attendant plus ou moins patiemment son retour. Il s'efforça à garder la tête en dehors de l'eau, et de ses questionnements engloutissants. 
  Sa patience fût mise à rude épreuve : de longues minutes passèrent, avant que son époux ne fasse apparition de nouveau, un pot de terre entre les mains.

  Il ne pût voir son contenu que lorsque Midoriya s'approcha, et vint s'asseoir à ses côtés. Le contenant entre les cuisses, ce dernier prit une portion de cette pâte visqueuse aux couleurs louches avec ses doigts. 
  Bakugo, de son côté, grimaça. 

  Le noiraud lui jeta un rapide coup d'œil, mais ne dit rien. À la place, il attrapa délicatement son poignet, le posa sur sa cuisse, et enleva le tissu recouvrant partiellement son avant-bras.
  L'empereur ne savait plus où se mettre. 

__ Je suis allé voir le médecin, l'autre jour. C'est justement lui, qui m'a conseillé cela. Je l'ai préparé moi-même. Les ingrédients n'étaient pas faciles à trouver. Apparemment...

  Katsuki ne l'écoutait plus. Peu importe de quoi était fait cette chose visqueuse, ou ses effets miraculeux. Il sentait son cœur s'emballer, à l'intérieur sa cage thoracique. Izuku avait-il vraiment fait ça, pour lui ? C'était une attention si particulière, qui le touchait. Sincèrement. Peut-être un peu trop. Certainement trop.

  Il mit quelques secondes avant de redescendre sur terre, et à se souvenir de la bonté naturelle d'Izuku. Ce dernier n'avait pas fait cela dans un but précis : le noiraud avait un grand cœur, et une générosité sans pareille. De nombreuses fois, Katsuki l'avait vu à l'œuvre ; se sentir différent par cette délicate attention serait déraisonnable, désillusionné. Ce qu'il n'avait jamais été jusqu'ici. Bon sang. Vivement que cela ne cesse. 
  Il était une toute autre personne, avec Midoriya. Une personne insouciante. Il se relâchait bien trop, en sa présence. 

  Hitoshi Shinso avait-il raison, de lui dire de ne pas s'en faire ? 

  L'empereur considérait avoir déjà assez apprit des leçons de vie. Il les haïssait suffisamment pour ne pas en recevoir de nouvelles. Pour ne plus avoir à apprendre sur le tas. Pour ne plus avoir à apprendre de ses erreurs.

  Sa paranoïa lui fit l'effet d'une aiguille dans le crâne : quels étaient donc les composants de cette pâte affreusement odorante ? Une pointe de panique le parcourut subitement, alors que sa gorge s'asséchait brutalement.
  Le noiraud aurait-il pu mettre quoique ce soit de nocif, à l'intérieur ? 

  Il sentit les traits de son visage se crisper, alors qu'il tenta de poser une question.
  Qui ne sortit pas.
  Comme si une simple question pouvait le sauver d'un empoissonnement.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant