Chapitre 28

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  Une des choses les plus compliquées avaient été de taire cet "accident". Katsuki Bakugo avait longuement insisté pour que cela reste en interne. Pour que la trahison d'Izuku Midoriya soit tut. Les gardes assassinés cette nuit-là seraient honorés, évidemment, mais l'entière vérité ne serait jamais dévoilée.

  Quant au peuple de Retezo, il songea, un très court instant, au fait d'envoyer un messager prévenir du décès prématuré de leur meneuse. Cela serait une mission suicide. Il supprima cette idée de son esprit.

  L'empereur tournait en rond depuis quelques minutes, évitant soigneusement le regard pesant des gardes. Chacun attendait de lui qu'il ne prenne ses responsabilités. Il le savait pertinemment.
  Seulement, cela lui paraissait impossible. Inconcevable.
  Timidement, un des hommes s'avança.

__ Si je peux me permettre, vous devenez trop laxiste, monsieur. Une telle trahison est passible de la peine de mort...

__ Arrêtez de parler. Immédiatement. Ou je promets devant Izyris que vous subirez ce châtiment, avant d'être jeté à l'eau tel un vulgaire chien.

  Il avait réagi bien plus vite qu'il n'avait réfléchi. Ce n'était pas une bonne chose. Penser avec le cœur était la pire manière d'agir. Lorsqu'il s'en rendit compte, le blond s'arrêta, la tête baissée. Cette histoire partait bien trop loin. Il était à cran, à vif. Cette discussion ne menait à rien de satisfaisant. Personne ne lui apporterait les réponses qu'il souhaitait entendre.

__ Oubliez. Nous reprendrons cette discussion plus tard.

  Articula-t-il rapidement avant de s'éclipser. Tant bien que mal, le blond tentait de penser à autre chose, mais rien ne vint jamais. La même scène tournait en boucle dans sa tête, dont il essayait de tirer des explications plus rationnelles. Des détails qui le rassureraient. 
  Pour la première fois de sa vie, il espérait avoir tort. 

  La fatigue pesait affreusement sur ses épaules, mais hors de question de partir se reposer. Et si ses efforts devaient puiser dans ses dernières ressources, qu'il en soit ainsi. Bakugo ne se sentait pas apte à mettre un pied chez lui. Pas plus que la veille. Voilà presque quarante-huit heures qu'il n'était pas retourné dans sa propre maison. 
  Afin de l'expliquer, il avait inventé une excuse presque parfaite, "J'attends que ma chambre soit parfaitement nettoyée, et les dégâts réparés.", au détail près qu'il n'y avait pas eu de casse, -du moins pas matérielle-, et que sa chambre devait avoir été remise comme neuve en une petite heure. 
  Il fallait espérer que personne ne se fasse la réflexion.

  Avait-il peur de rentrer chez-lui ? Et si oui, qu'avait-il si peur d'affronter ? La bêtise d'Izuku, ou bien sa propre absurdité ? Il n'en avait aucune idée, et ses questions n'avaient pas tant d'importance que ça. Tout cela n'était que futilité, et il aurait été totalement sot de passer ne serait-ce qu'une seconde de plus dessus.
  Mais n'était-il pas devenu plus benêt, depuis quelque temps ? 

  Le blond prit une grande inspiration, tandis que ses pas le menèrent aux écuries. À cette heure-ci, Hitoshi Shinso s'y trouvait. Comme toujours. Ce semblant de normalité et d'équilibre le rassura, dans un certain sens.

__ Commandant, interpella-t-il de sa voix forte.

  L'interpellé détacha son regard de sa tâche initiale, et le posa sur lui. Bien vite, l'homme se planta devant l'empereur, hochant légèrement la tête en guise de salutation. 

__ Je t'écoute. 

__ Suis-moi.

  Ils marchèrent côte à côte jusqu'à l'escalier menant aux souterrains de la ville, descendirent, et s'enfoncèrent dans les profondeurs afin d'être les plus tranquilles possible. Outre les quelques gardes en charge de patrouiller, personne ne devrait pouvoir les entendre. 

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant