empire - bakudeku

Chapitre 30

  À bout de souffle, il s'arrêta.
  Pourtant, quel effort avait-il réellement fait récemment ? Rien de bien plus physique que d'habitude.
Son mental, lui, lui faisait parcourir des milliers de pieds. Katsuki Bakugo s'épuisait.
  Malgré sa tête haute et ses épaules fières, il se sentait fatigué plus rapidement, plus intensément. Sa carapace l'aidait à tenir, retenir et entretenir son image.

  Il n'aurait jamais pensé devoir faire de tels choix, penser de tels propos, ressentir de telles choses. Parfois, lui aussi regrettait son ancien lui. Cet être abject au sang si froid que son regard en était devenu reptilien. Celui qui ne ressentait pas, n'hésitait que très rarement, suivait son instinct. Où était-il donc passé ? L'avait-il sérieusement enterré vulgairement, sans en prendre les quelques bons aspects ?
  Une chose était sûre : il ne l'avait pas tué. Katsuki l'avait délaissé en renaissant. Voilà tout.
  Malheureusement, certaines caractéristiques semblaient être restées là-bas. Pour son plus grand malheur. Vivre, c'était ressentir. Et vivre, c'était bien plus compliqué que de survivre.

  L'empereur se laissa tomber sur le divan, jetant un regard amer aux feuilles étendues sur la table basse. Ne pouvait-il donc pas être tranquille quelques secondes, sans pensées parasites ? Frustré, il se releva aussitôt, et erra dans la villa. Quelqu'un viendrait bientôt le chercher, lui demander de venir déjeuner ; chose qu'il refuserait catégoriquement.
  Si Shinso le voyait dans cet état, il lui passerait certainement un savon ; c'était exactement pour cette raison-là qu'il ne sortait plus. Qu'il se cloîtrait, s'enfermait à triple tours.
  "Tu te laisses dépérir. Un empereur malheureux est un empereur défectueux. Et tu connais leur sort." dirait Hitoshi. Katsuki ne pourrait le contredire.

  Malheureusement, ces prises de conscience ne lui donnaient pas plus de solution. Le blond avait l'impression de tourner en rond. Et ce n'était pas qu'une impression.

  Le lendemain, à l'aube, il se décida d'aller aux thermes. Bakugo traversa le couloir, passa l'entrée, et se dévêtit, avant de rentrer dans l'eau. Malgré la température presque glaciale de l'extérieur, le bain était chaud, -presque trop d'ailleurs-. Il s'autorisa à se détendre, enfin. À respirer. Ce n'était qu'une passe, comme il en avait d'ores et déjà connu. Beaucoup d'événements s'étaient déroulés ces derniers temps, de quoi le perturber, mais pas plus. Katsuki ne se laisserait pas mourir pour si peu. Une tentative de meurtre, une trahison, il en avait vu d'autres. Il serait bientôt de nouveau en selle.

  Plusieurs jours passaient sans qu'il ne s'en rende compte, sans qu'il ne prenne la peine de prendre soin de lui-même. Cette situation n'était définitivement plus possible. Que tout cela s'arrête, au plus tôt ; tous ses buts, tous ses objectifs, tous ses accomplissements auraient-ils encore un minimum de sens, s'il continuait de se laisser pourrir de la sorte ? Non. Bien sûr que non. 

  Si les solutions que ses proches lui proposaient ne lui convenaient pas, il en trouverait une tout seul. Sans demander l'avis de personne. Après tout, l'empereur était bien le mieux placé pour savoir quel genre de décision prendre, pas vrai ?  

  Katsuki ne supporterait pas qu'Izuku retourne aux cachots, mais il ne pouvait plus se permettre de le croiser sous son toit non plus. Cette situation était étouffante, oppressive, dérangeante. La voilà, la solution miracle. Celle qui pendait sous son nez depuis le début, mais qui lui paraissait bien trop insensé. Pour toute personne autre que lui-même, du moins. Voilà. La décision était prise. Sur un coup de tête.

  C'était donc d'un pas franc qu'il fonça dans le couloir, et monta l'escalier menant à la chambre du noiraud. Arrivé au pas de sa porte, il prit une grande inspiration, et entra. Midoriya dessinait tranquillement, assis au sol, avant de se redresser subitement en l'apercevant. Difficile de croire que ce même homme avait refusé effrontément de ne serait-ce que le saluer, quelques mois de cela.