Chapitre 8

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Izyria - Quelques heures plus tôt

  C'était définitif : Izuku connaissait l'endroit par cœur. Plus aucune surprise en rentrant dans une pièce. La villa n'était plus un secret pour lui. Du moins, outre ce qui concernait la chambre de l'empereur. Elle restait un mystère pour lui, mais ne l'intéressait pas pour autant. 

  Peut-être que ce n'était qu'à ce moment là qu'avait réellement commencé l'ennui. 

  Malheureusement, ne pas quoi faire pour occuper ses longues journées ne semblaient pas être son plus gros problème. Quelque chose d'étrange trainait dans l'air. Un mauvais pressentiment. Son instinct lui criait au danger, sans même qu'il ne comprenne. Après tout, le silence était de marbre dans la demeure et, de ce qu'il pouvait bien voir, tout avait l'air de bien se passer, à l'extérieur. 
  Mais alors, pourquoi cette impression ?

  Quel était ce sentiment qui retournait ses entrailles ? Seule sa phobie de la mort le plongeait dans un état comme celui-ci, d'ordinaire. Quelque chose n'allait définitivement pas, et le simple fait de ne pas pouvoir mettre la main dessus l'agaçait fortement.

  Il était peut-être simplement le moment de faire ses bagages. Au sens figuré, bien évidemment. Il ne possédait rien, ici. Pas même la liberté. Le noiraud prit son courage à deux mains, et sortit dans le jardin. Désormais, plus personne ne faisait attention à lui ; sa présence était devenue banale. Un peu trop, à son goût.
  "Fais ce qu'il te chante", lui avait dit le blond, un jour. Très bien. Tels étaient les mots de l'empereur.

  Pour la première fois, il s'approcha du portail. Celui-ci était protégé par deux soldats, qui froncèrent les sourcils en le voyant arriver devant eux. Ce n'était pas étonnant. Leurs ordres avaient certainement été de ne pas le laisser sortir, ni même approcher de la sortie.
  Pensaient-ils vraiment qu'Izuku s'en soucierait ? 

  Il vint se placer face à eux, les bras croisés contre le torse. C'était le moment ou jamais d'avoir l'air convainquant. Il prit un ton grave, sûr de lui.

__ L'empereur m'a donné son autorisation. Je peux sortir en ville.

  Il vit les deux hommes se regarder, perplexes. Il fallait que ces soldats le croient. 

__ Je ne crois pas que-

  L'autre était crain, pas vrai ? Très bien, Midoriya sortirait toutes les cartes qu'il possédait en poche. 

__ Mais je vous prie, demandez lui donc par vous-mêmes. Je suis certain qu'il sera ravi que vous contestiez ses ordres.

  Il se mordit l'intérieur de la joue afin de s'empêcher de sourire, en voyant leur visage soudainement blêmir. Comment le blond pouvait-il autant leur faire peur ? Cela n'avait aucun sens, mais qu'importe. Il comprit immédiatement à leur regard qu'il avait gagné. 

__ Bien... bien. Excusez nous. S'excusa un des gardes, se pressant d'ouvrir un des battants.

  Le noiraud les remercia d'un grand sourire et se glissa à l'extérieur. La demeure se trouvait sur une colline, la surélevant du reste de la cité. Si ça, ce n'était pas une volonté de montrer sa richesse au grand monde... Cette façon de se penser meilleur que tous était misérable. Pour être meilleur, il faudrait agir, et cesser de paraître.

  Pourquoi s'embêtait il autant avec toutes ces sottises ? Il était dehors ! Il avait réussi ! Joyeusement, Izuku rejoignit la foule abondante, bruyante : voir des visages qu'il ne connaissait pas, quel bonheur ! 
  Et, bientôt, il retrouverait son chez lui. Il retrouverait sa mère.

  Pas le temps de vadrouiller : il devait rejoindre les écuries le plus tôt possible. Certains serviteurs cacheraient certainement son absence pendant quelques dizaines de minutes, mais pas plus. Il fallait faire vite, être efficace.
  Il longea les habitations, admira les commerces. Peu importe combien l'empereur était imbuvable, Izuku devait admettre que la cité était épatante.

empire - bakudekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant