empire - bakudeku

Chapitre 29

  Le calme avait-il toujours été aussi angoissant ? Étendu sur son lit, Izuku Midoriya patientait. Il ne savait pas trop quoi, mais il patientait. Il avait été stupide, mais il n'était pas ignorant. Bien évidemment que le noiraud savait ce qu'il encourait. Attenter à la vie de l'empereur ; existait-il une faute plus grave que celle-ci ?
  La mort l'attendait, le fixait de ses grands yeux sombres, impatiente. Ici, ils l'appelaient Ghur. Mais quelle importance ?

  Lui qui était terrorisé à l'idée de mourir venait à la prier de venir, d'arrêter ce manège infernal qui hantait ses jours et ses nuits. Quand allait-on venir le chercher, le tirer par le bras, l'entraîner sur la place publique ? Quand allait-on l'humilier, le déshonorer, l'égorger ?
  Qui pouvait bien savoir ce qui lui arriverait ? Le pire des châtiments serait le plus convenable. Il en frémissait d'avance.

  Mais le pire était, et restait certainement la culpabilité. Elle pesait lourd, l'écrasait jusqu'à l'étouffement. Elle se propageait dans son ventre, le dégoûtait de lui-même, l'écœurait au plus haut point.
  Tout ce qu'ils avaient construit si difficilement s'était effondré. Les bases mêmes ne subsistaient plus, donnant cette sensation de vide. Comme si rien ne s'était passé. 

  Izuku avait conscience qu'espérer le pardon était vain ; cependant, une petite partie de lui-même ne pouvait s'en empêcher. Il avait tout gâché. Et à cause de quoi ? Sa mère n'était pas la seule et unique raison qui l'avait poussé à faire ça. Mais la deuxième était bien plus compliquée à assumer. 
  Comment avouer, à soi-même et aux autres, que cette vie devenait de plus en plus agréable ? Comment renier toute la haine des prisonniers qui n'avaient pas eu la même chance que la sienne ? Comment accepter ce nouveau destin de luxe ? Comment assumer ces sentiments puissants pour l'empereur ? 
  Cela avait fait beaucoup trop de responsabilités, beaucoup trop de décisions. Il n'avait pas pu.

  Alors, lorsque Retezo s'était présenté dans l'idée de trahir Izyria, il est vrai que le noiraud y vit une opportunité. De cette manière, les choix se seraient divisés, et il n'aurait eu pas le sentiment de décevoir quiconque. 
  Ç'avait été une décision très dure pour lui, mais il la pensait juste. Du moins, jusqu'à ce qu'il doive les mener à travers la ville, ignorant les cadavres de soldats qu'il côtoyait encore la veille, puis dans la villa impériale. Peut-être avait-il été naïf, mais, une fois devant l'entrée secrète de la chambre de l'empereur, il était persuadé qu'il pourrait s'enfuir, afin de, certainement, se convaincre de son innocence. Midoriya n'avait pas envie de voir cela. L'idée même lui donnait mal au cœur. 

  Les mener jusque-là avait été un véritable combat contre lui-même. Le cœur hurlait, mais cela n'avait pas d'importance. Seule la raison méritait d'être entendue, et suivie. Après tout, la réflexion était plus sage que les sentiments, pas vrai ? 
  On l'avait forcé à descendre, tirant sans ménagement sur son bras. Il avait, ainsi, vu son époux se réveiller, contre son gré. Puis, il le vit lever les mains en le voyant, et son cœur rata un battement. 

  La vérité est que Katsuki Bakugo avait été prêt à donner sa vie pour lui. Pour un traître. C'était exactement ce qu'il était devenu, et les images de ce soir-là le hantaient encore. Son regard empli d'une lueur qu'il n'avait jamais vu luisait encore sur sa peau.

  Voilà qu'il étouffait. Rapidement, le noiraud se leva, sortit de sa chambre, et descendit les escaliers. Il ne croisait jamais l'empereur, -peut-être celui-ci longeait-il les murs ?-, et les quelques serviteurs détournaient le regard, évitant soigneusement de lui adresser la parole. 
  Le mutisme semblait reprendre vigueur ; mais il n'en était pas à l'origine, cette fois-ci. 

  À l'extérieur, la pluie battait fort. Impossible de sortir, il tomberait malade. Indécis, il décida finalement de s'asseoir devant le feu de cheminée, recroquevillé. Le menton posé sur ses genoux, l'homme pouvait, de nouveau, se permettre de penser. La danse enflammée se chargerait d'animer ses sens.