S'enfuir en se souvenant

80 7 7
                                    

Chapitre 10




Kylian


- Mais en fait comment tu connais tous ces mots en espagnol, tu m'avais dit que t'avais fait LV2 allemand.

- Tais toi idiot.

Je frappe sur son bras en souriant. Quelque souvenirs me remontent soudainement.


FLASHBACK

Sur le siège rouillé de la salle d'attente, je patiente. Devant, se dresse la porte en bois de couleur bûche, les éclats de voix me parvienne, chaque fois de plus en plus fort. Je n'ai qu'une envie, me boucher les oreilles pour cesser d'entendre les jérémiades du monde.

- Oh bon sang, il est comme tous les gens de son espèces, un noir parmi tant d'autre dans notre centre ! Sans hasard, un pauvre sans éducation.

- Vos propos, Marine.

- Eh bien quoi ! Il n'est arrivé que depuis 2 jours et c'est déjà le bazar. Il apprendra vite les règles ici. La loi du plus fort lui fera baisser la tête.

Je ferme les yeux, des fois je me demande pourquoi Aaron travaille dans ce centre. Je suis arrivé il y'a un peu mais il m'a déjà pris sous son aile. Le surveillant aux yeux océan, continue a défendre ma
pauvre cause. Je déteste être ici mais je ne dois ma présence qu'à ma propre bêtise. Le souvenir me revient.

..condamné a 6 mois dans un centre de redressement.

À ce moment j'avais eu envie de faire bouffer sa robe à la putain de juge. Puis j'avais ouvert les yeux, je méritais cette peine. J'allais où tous les adolescents de mon quartier pauvre étaient condamnés. Je m'était dit que ce serait comme à la maison, quelque embrouilles, des cours séchés et 2 ou 3 joint fumés dès que l'envie nous prenait. Rien de très grave. Mais faut croire que non, la réalité me griffe le visage. Ce séjour va être bien pire.

Et puis si à l'instant ce mec n'avais pas renversé mon plateau par terre peut être que je ne me serais pas énervé et peut être que je ne me retrouverai pas devant le bureau de la directrice en chef du centre. Ce con l'a fait par pur plaisir, il me parlais de tradition du nouveau "détenu" qui débarque. Et puis son poing qui s'écrasais contre mon ventre, ou encore ses copains qui rient à côté. Peut-être que je ne l'ai pas supporté. Je me suis jeté sur lui, mais lui savait. Il connaissait les règles du centre, je payerai le prix pour cette affront.

Sans que j'ai pu me rendre compte de ma bêtise.
Les deux mains des deux surveillant m'ont plaqués contre le mur, étouffant ma respirations. Je me suis agrippé à leur bras, les suppliant du regard de me lâcher. Leur réponse fut de me traîner sous les applaudissements des autres. Le sol était froid et sale, mais pas autant que mon honneur bafoué.

Dès que les portes se sont refermées derrière nous, ils ont changé de position m'agrippant par le col pour me traîner ici plus facilement. Depuis je patientais en attendant ma sentence.

- Putain mais lâchez moi, je sais marcher tous seul !

Je reconnus sans peine un des surveillant qui m'avait traîné. Celui ci empoignais un garçon un peu plus petit, je lui aurait à peine donné 14 ou 15 ans.

Le garçon se plaqua contre la chaise à côté de moi, ses yeux furieux, fusille l'auteur de sa colère. Le surveillant rit jaune et quitte le couloir, les épaules secouées par son rire infect.

- Qu'est-ce que t'as toi imbecil?

- Kylian.

Je présenta ma main devant lui, mon père disait que ça détendait les gens, instaurant une ambiance amicale. Avec lui, je n'ai pas envie de me
battre, et je sais pourquoi. Je ne connaissais guère l'espagnol mais pas besoin d'être savant pour comprendre la fin de sa phrase, qui n'était pas un joyeux compliment.

L'âme de ton sourire [ BxB ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant