Jo l'increvable

Chapitre 11

- Hop là, et voilà le travail !

Johanne sauta dans sa petite barque, la détachant du bateau de pirates.

Elle avait avec elle, à bord, deux pirates attachés entre eux autour du mât. C'étaient les seuls à avoir une prime dans ce rafiot, ce qui était déjà pas mal, puisque sur East Blue, la plupart des pirates ne comptent que sur la prime de leur capitaine et pas des subordonnés.

La jeune fille laissait derrière elle un navire qui ne pourrait que dériver, puisque plus personne n'était en vie pour le diriger. Ils étaient tous morts. Elle sortit un chiffon du placard et lava ses deux dagues avec, enlevant la couleur blanche du tissu pour laisser place à du rouge pétant.

- Bon, maintenant que j'ai fait un peu le ménage, se dit-elle à elle-même, et que ces ordures ne respirent plus, il faut que je trouve une base de la marine pour empocher la prime de ces deux-là. Mais avant ça, un p'tit dodo s'impose, le repas était bon, mine de rien !

En à peine deux secondes, Johanne s'écroula de fatigue. La nuit avait été très calme, à sa plus grande surprise: elle ne pensait pas qu'en mer les nuits seraient si calmes, mais elle se doutait que cette tranquillité n'allait pas durer.

En effet, dès que le soleil pointa le bout de son nez, les deux zigotos attachés au mât se mirent à crier inlassablement, tels des cochons qu'on égorge.

Jo sortit de sa cabine en vitesse, finissant de s'habiller, et frappa les pirates d'un bon coup sur la tête.

- Sale petite peste ! beugla l'un. Comment as-tu osé t'en prendre à mon équipage après toute la nourriture qu'on t'a donnée ?!

- Hihihi, j'avais seulement faim, et vous étiez tous moches comme des monstres marins tricornes !

- Grrr, tu ne perds rien pour attendre, sale garce !

- Ouh, j'ai peur ! C'est vous qui ne perdez rien pour attendre, bientôt vous serez entre les griffes de la marine.

Puis la jeune fille rentra à nouveau dans sa cabine pour se faire un petit déjeuner digne de ce nom, laissant les deux casse-cou tout seuls.

Johanne prit un temps pour réfléchir à ce début d'aventure tout en mangeant. Elle trouvait que c'était un bon commencement, en même temps, elle n'avait pas chômé durant les sept ans d'entraînement avec ses frères. En plus de son bâton-tuyau, Jo avait adopté deux dagues fines et souples qu'elle avait volées à un noble. C'était très pratique puisqu'on pouvait les utiliser pour le combat rapproché mais également pour le combat éloigné.

La noiraude se leva pour aller se doucher. Elle enleva son pyjama -parce que oui, elle était restée en pyjama- et entra dans la petite douche, laissant l'eau tiède lui couler dessus: rien de mieux pour bien se réveiller et être au top de sa forme. En y pensant, ça devait bien faire trois ou quatre jours que Johanne ne s'était pas douchée. Bonjour la puanteur.

Elle se sécha rapidement et enroula une bande blanche autour de sa poitrine, qui heureusement pour elle n'était pas de taille titanesque, en serrant le plus possible. Depuis que ses seins avaient poussé, le complexe d'être une fille que Jo avait ne faisait qu'augmenter. La gênant dans ses mouvements, elle avait alors décidé de compresser sa poitrine, la rendant quasiment inexistante.

- Ah ! Une île ! s'exclama-t-elle toute guillerette. C'est pas trop tôt !

Cette fameuse île que l'on pouvait observer de loin n'avait aucune forme particulière: une montagne au centre et la plage autour. En regardant plus attentivement, au pied de la montagne se dessinait une base de la marine.

- Ouais ! lança Johanne, heureuse de voir une base ici.

Elle amara son petit bateau et prit les deux énergumènes sur son dos pour se diriger vers la grande tour qui devait abriter un colonel tout au plus. Mais avant d'y entrer, Jo mit une capuche sur sa tête et changea sa voix pour passer incognito, même si elle était encore inconnue.

- Bonjour, messieurs, dit Johanne de sa voix la plus grave en s'inclinant légèrement en signe de politesse. Je vous livre deux pirates en échange de leur prime !

- Bien, vous recevez 20 millions, lui informa un membre de la marine. Veuillez décliner votre identité pour recevoir la somme demandée, monsieur.

- Je suis Jo. Jo tout court.

※⁂※

- Pffhihihi, ils m'ont prise pour un mec ! s'esclaffa Johanne, de retour en mer, après avoir fait le plein de provisions. Bon, le plan est une réussite ! J'ai eu à manger gratuitement, j'ai pu me battre gratuitement, même si c'était des nuls, et j'ai eu 20 millions de Berry gratuitement.

La réussite de son stratagème rendait la sœur de Ace euphorique. Elle avait prévu de se faire un petit nom en tant que chasseuse de prime, mais sans prime sur sa tête ce n'était pas drôle: elle voulait avoir une prime aussi conséquente voire plus que Ace, plus tard.

Elle était d'ailleurs sans nouvelles de son frère, mais elle ne s'inquiétait absolument pas, puisque en une semaine seulement jamais il n'aurait pu faire parler de lui. Donc tout allait bien, dans le meilleur des mondes.

Jo profita de cet instant de calme pour aiguiser ses dagues et faire son entraînement quotidien de musculation. Puis elle accrocha les avis de recherche qu'elle avait obtenu jusqu'alors, en lisant le journal, et barra les deux pirates qu'elle avait capturés.

- Puit Puit, Puit Puit !

- Ah ! Un martin facteur, enfin ! s'exclama la jeune femme. Voyons voir ce que nous raconte le journal d'aujourd'hui...

Elle regarda la une du journal qui comportait des grands titres bateau, qui se répétaient à chaque édition: "L'Empereur Kaido aux cent bêtes détruit une cité avec son énième tentative de suicide", "L'ordre des Grands Corsaires pourrait accueillir un nouveau membre dans les semaines à venir", et encore, "La pandémie de l'île de Barbacoa s'étend sur les îles voisines, toutes contraintes à l'isolement". En bref, que des informations inintéressantes et dont la brunette n'en avait que faire.

Cependant, en tournant la page, un avis de recherche tomba du journal pour se retrouver au sol, face cachée. Johanne soupira mais entreprit tout de même de se lever pour ramasser le prospectus. Elle put enfin lire le nom qui figurait sur l'avis de recherche:

" DEAD OR ALIVE
PORTGAS.D.ACE
฿ 25,000,000"

- QUOI ?! C'est une blague ! s'emporta Johanne, de rage. Cet idiot a déjà une prime sur sa tête ?! Raaah, on dirait bien que j'ai parlé trop vite, t'à l'heure... Puisque c'est comme ça, j'aurais aussi une prime, et ce, avant la semaine prochaine !