Chapitre 28

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- C'est quoi cette histoire ?! cria Ace.

- Calme-toi, Ace ! ordonna Marco. Ta sœur a tenté d'empoisonner père ! Ça ne peut pas être impuni.

La tension était palpable dans la chambre de Barbe Blanche. Une poignée de commandants étaient réunis autour du capitaine et avait été tenue au courant des récents événements et cela avait été accueilli par un silence grave, à part pour Ace qui, lui, était révolté.

- Je savais qu'il ne fallait pas lui en parler, rajouta Marco en s'adressant cette fois-ci au capitaine.

- Voyons, Marco, calme-toi, lui intima l'empereur. Ace a le droit de savoir, c'est de sa sœur dont on parle. Et puis la petite n'a pas réussi son coup donc ne soyons pas aussi sévère avec elle ! Même si elle avait réussi, c'est rien du tout pour moi, je ne suis pas en sucre, Gurararara !

- Mais père...

- Voilà ! Même père le dit ! appuya Ace. Si on suit la logique, moi je devrais être en prison aussi ! Parce que, contrairement à Johanne, j'ai tenté de tuer le capitaine plus d'une fois ! Si vous trouvez toujours que ce que vous faites est juste, si vous voulez toucher à Johanne, il va falloir me passer sur le corps.

- Hum... Je ne voudrais pas te contredire, Marco, tenta Thatch, mais Ace dit vrai. De plus, à nous tous on est capables de la contrôler.

- Mais justement ! s'époumona le phénix. C'est ça que vous n'avez pas compris ! On ne sait pas, on ne connaît pas ses capacités ! Bon sang ! Quand est-ce que vous allez m'écouter ?! Alors, dites-moi, si vous savez tout, est-ce que vous saviez qu'elle maîtrisait, presque mieux que tout le monde ici, le haki de l'observation ? Vous le saviez ?! Apparemment non, vu la tête que vous tirez...

Et Marco sortit en claquant la porte et en lâchant un «faites-en ce que vous voulez » en parlant de Jo. Les commandants se regardèrent tour à tour surpris de la colère soudaine et inhabituelle de Marco.

- C'est vrai qu'il marque un point, là, intervint Izo. On ne connaît pas du tout ses capacités et ses véritables intentions, alors que Ace, en se mesurant à père la première fois nous avait déjà donné toutes ces informations.

※⁂※

L'assiette froide posée devant elle, Johanne la contemplait sans esquisser le moindre mouvement. Déjà une heure que Thatch était venu la lui amener, non sans lui faire un léger sourire d'excuses et de pitié, ce qui n'avait pas plu à la jeune fille, et elle n'y avait pas touché. Il ne fallait pas dire non plus qu'elle lui donnait envie. Même si la cuisine de Thatch était très bonne, l'idée même de manger quelque chose dans cette cellule immonde lui retournait l'estomac.

La saleté envahissait la petite pièce et à chaque recoin de la pièce un petit tas de poussière s'était créé. La paille qui servait de lit avec le drap par-dessus devait contenir une quantité astronomique de petites bestioles qu'elle n'osait s'imaginer sous peine d'en faire des cauchemars et ne pas fermer l'œil de la nuit. L'assiette était posée sur une petite boîte en bois, rongée par l'humidité du bateau et le temps. L'odeur du plat ne parvenait pas à atteindre les narines de Johanne tellement la cale où elle se trouvait empestait.

- Tu vas fixer ton assiette encore longtemps ? la sortit de ses pensées une voix.

Jo continuait de fixer son assiette, sans même daigner regarder l'homme devant elle, qui lui, avait son regard rivé sur elle, derrière les barreaux. Il devait la trouver pitoyable, accroupie par terre à un mètre de son repas déjà froid, la crasse recouvrant l'entièreté de son corps et ses cernes de six pieds de long.

- Il faut que tu manges, sinon tu ne vas pas faire long feu, reprit-il n'ayant obtenu aucune réponse.

Enfin les yeux de la brune se posèrent sur la figure face à elle, et s'ancrèrent profondément dans le regard de l'homme. Ses lèvres entrouvertes laissèrent passer un murmure à peine audible dans la pièce.

- Je hais les hommes.

Ce n'était pas un murmure. C'était un cri. Un cri du cœur.

- Qu'est-ce que tu fais là, Curamano ? reprit-elle plus tranquillement, non sans une certaine dureté dans sa voix.

- Heu... je... C'était juste pour venir te voir... bégaya le jeune homme, mal à l'aise. J'ai entendu dire que tu avais été jetée au cachot alors je me suis dit qu'un peu de compagnie ne te ferait pas de mal... Mais si tu veux je peux partir !

- Tu veux me ridiculiser, c'est ça ?

- Qu-quoi ? Non... Non, pas du tout ! Je te trouve sympa et drôle comme fille, je ne te veux aucun mal !

La jeune fille soupira, ne sachant pas trop quoi répondre et encore moins comment réagir face à ce soudain intérêt de la part d'un gars à qui elle avait à peine adressé la parole.

- Je ne te connais pas. À part ton prénom, je veux dire, finit par déclarer Jojo,

- Au fait, mon prénom c'est Uramono, et pas Curamano... Mais ne t'inquiète pas ! Je t'en veux pas ! Vraiment, je t'en veux pas ! paniqua le blond.

Johanne le toisa de son regard le plus sombre et terne. Elle détestait qu'on la reprenne et ce gars là avait l'air d'un parfait idiot.

- D'accord. Je m'en fiche.

- A-ah oui, hum, c'est vrai que ce n'était pas nécessaire... Tu peux m'appeler comme tu veux, ça... ça ne me dérange absolument pas, ahah !

- Et si tu la bouclais, pour voir ? le menaça Jo.

Uramono déglutit bruyamment et hocha vivement la tête. Il se sentit gêné d'un coup, ne sachant plus comment converser avec la jeune femme qui n'avait pas l'air de vouloir de visite et se montrait froide et renfermée comme une huître.

- Tu peux partir si t'as plus rien à dire, le sortir de sa torpeur Jo.

- Euh ouais, salut ! sourit timidement Uramono.

Il partit ensuite en courant en lui faisant tout de même un petit signe de la main. Johanne soupira, exaspérée par cet homme étrange, mais tout de même curieuse de savoir pourquoi il lui portait autant d'intérêt.

Uramono, lui, avait encore la chair de poule de cet échange, mais reprit vite un visage neutre : il devait gagner sa confiance.

Jo l'increvableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant