Chapitre 24

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Ace apportait le plateau repas qu'il avait promis à sa chère jumelle. En ouvrant la porte, il la trouva assise à son bureau en train de lire les feuilles de rapport qu'il écrivait un peu plus tôt, dans l'après-midi.

- Ah ! s'exclama Johanne en le voyant arriver. C'est pas trop tôt !

- Pfff... souffla le brun, exaspéré. T'avais qu'à venir manger dans le réfectoire.

Johanne leva les yeux au ciel et remercia son frère pour le repas qu'il venait de lui apporter.

Ace s'assit sur le lit et ils commencèrent ainsi à parler de banalités, le brun décrivant chaque membre de son équipage à sa sœur.

- Jojo... commença Ace, alors que leur discussion prenait fin. Je sais que t'aimes pas parler de ça, mais il faut que je sache ce qui te fait peur comme ça.

- Je savais que t'allais en parler tôt ou tard, mais ne t'inquiètes pas, c'est pas très grave, c'est ridicule même.

- Eh bien si, comme tu le dis, ce n'est pas grave tu peux me le dire !

- Non, répondit Johanne en faisant la moue.

-Et pourquoi donc ?

- Pas envie.

Ace se leva du lit et marcha vers Jo assise à la chaise de son bureau. Il souleva sa sœur d'un coup et la balança sur le lit en passant ses deux mains sur son cou, l'étranglant à moitié.

- Réponds ! lui cria-t-il en réprimant son rire.

- T'es à moitié mort de rire ! Tu vas te moquer de moi ! lui reprocha la brune elle aussi rigolant à moitié.

- Pas du tout !

- Si !

Et ils s'étalèrent tous les deux sur le matelas en plein fou rire. À chaque mot que l'un essayait de prononcer ils repartaient directement dans un gloussement incontrôlable.

Quand ils se furent calmés, Jo décida de raconter à son frère la raison de son stress.

- T'as pas intérêt à rigoler !

- Mais non, t'inquiète Jojo !

- Mouais... C'est vraiment ridicule mais j'avais juste peur de perdre contre toi lors du combat qu'on avait voulu faire aujourd'hui et que je me décrédibilise face à cet équipage d'hommes...

- Haha ! C'est sûr que t'aurais jamais pu gagner !

- Ace ! Je suis sérieuse ! Je savais que t'allais te moquer, comme toujours !

- Mais nan. Je rigolais Jojo ! Je te comprends... ou en tout cas je crois te comprendre, dit Ace avec un petit sourire gêné.

- En même temps tu fais pas d'efforts !

- J'essaye d'en faire pour ma sœur préférée !

- T'en as qu'une...

- Ah oui...

Ils se regardent amusés et repartent dans un grand éclat de rire.

- Tu sais, Jo, je crois comprendre que c'est difficile d'être une femme sur les mers.

- Si tu savais... Je ne veux juste pas qu'on me protège sans cesse en pensant que je suis faible, je veux que l'on me fasse confiance, qu'on me dise «je te fais confiance pour couvrir mes arrières, protège moi»...

Ace acquiesça, sachant qu'il n'y avait rien à répondre et embrassa la joue de sa sœur, dans une démarche qui se voulait rassurante.

- Moi je sais que je peux compter sur toi pour me protéger mais je veux aussi que tu puisses compter sur moi pour te protéger, parce que si un jour je viens à te perdre je ne pourrai plus jamais m'en remettre et je ne pourrai encore moins me regarder dans une glace, finit-il par répondre.

- Moi non plus, moi non plus...

- Bon, n'en parlons plus ! Il commence à se faire très tard, donc au lit !

Les jumeaux se couchèrent alors, chacun dans les bras de l'autre et tous deux rassurés, sombrant dans un sommeil paisible.

※⁂※

Le lendemain matin, Ace réveilla sa sœur assez tôt et la tira à l'infirmerie malgré ses protestations.

- Ace ! Tu m'emmènes où ?! demanda Johanne en secouant son frère.

- À l'infirmerie.

- QUOI ?! Tu te moques de moi ?! Je t'avais dit que je n'irai pas et je ne compte pas revenir sur mes paroles !

- Je t'y forcerai, menaça Ace.

- Haha ! J'aimerais bien t'y voir !

- C'est ça, c'est ça, rira bien qui rira le dernier !

- Depuis quand tu utilises ce genre d'expressions débiles ?

- Parfois je me surprends moi-même, se vanta Ace.

- Tu parles, fit Jo en levant les yeux au ciel. Sinon, c'est pour ça que tu m'as levée si tôt ? Et pourquoi tu tiens tant à ce que j'aille à cette foutue infirmerie ?!

- Pour ton bien Jo ! Tu sembles vite oublier qu'hier tu n'étais pas dans ton meilleur des états... Et je t'ai levée aussi tôt parce que je me suis dit que tu n'aimerais pas que tout le monde sache que je t'ai emmené voir les médecins.

Johanne souffla bruyamment, s'avouant vaincue, et décida de le faire une bonne fois pour toute afin d'en finir au plus vite.

Dans un premier temps l'infirmière fut surprise de voir la soi-disant "naufragée" venir la consulter, mais elle remit directement ses idées en place et ne posa aucune question, se concentrant sur son travail.

En sortant enfin -car pour Johanne une éternité était passée- de l'infirmerie ils croisèrent Marco qui allait entrer. En les voyant, il s'arrêta étonné.

- Marco ! s'écria Ace en se jetant sur l'ananas. Comment ça va ?!

Le blond, un peu sonné et pas très réveillé, mit du temps à répondre à Ace, son attention portée sur sa sœur, Johanne, qui arborait un regard amusé avec un pointe de défi que le phénix cru apercevoir et qu'il prit pour lui.

- Pourquoi vous sortez de l'infirmerie ? finit-il par demander.

Johanne tira la manche de Ace et il répondit d'une façon très vague qui n'expliquait absolument pas la raison de leur présence dans l'aile médicale du navire, et les jumeaux partirent en courant vers le réfectoire sans laisser le pauvre second en placer une.

Marco, déjà quelque peu habitué à l'éternelle énergie de Ace ne fit que soupirer et garda cet événement dans un coin de sa tête avant de repartir travailler.

Les jumeaux, eux, déboulaient dans la salle à manger avec leur délicatesse habituelle. Johanne s'assit à une table comme si rien ne s'était passé la veille, alors que Thatch la regardait bizarrement ne comprenant pas son comportement, sachant que hier elle ne voulait voir personne et qu'elle avait littéralement disparu de la circulation toute une journée.

Jo l'increvableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant