Another chance (with you) T.1 (en Pause)

Chapitre 27: Il est temps

Adam

Je marche dans les couloirs en direction de mon bureau. Ava me suit de près, elle me parle, et pourtant je n'écoute pas un traître mot de ce qu'elle me raconte. Je meurs d'envie de trouver Mégan et de lui demander des explications. Qu'est-ce qu'elle trafique avec mon frère, bordel? Je vais aller lui rendre sa boucle d'oreille, ça va sans doutes créer un malaise, mais on moins aucun de nous deux ne pourra tergiverser. Il faut que j'y aille... Maintenant.

-"Tu m'écoutes, chéri?"

Ce surnom me fait lever le regard. Ava me regarde, agacée, alors que je suis installé sur mon fauteuil, entrain de cogiter. Cette femme était censée être celle qui me ferait tout oublier, et pourtant... Il a fallut juste un regard pour que tout refasse surface et me replonge dans mon histoire avec Mégan. Cette histoire qui m'a laissé un goût d'inachevé, une plaie béante encore ouverte à l'heure d'aujourd'hui. Lorsque notre histoire a pris fin, je n'ai pas réussi à avoir une relation sérieuse avec une femme. Le fait que je sois l'aîné de la famille m'a forcé à emprunter un chemin de "stabilité" afin de prendre mes fonctions au sein de notre entreprise. Mon père a absolument tenu au fait que j'annonce mes fiançailles avec Ava Preston, la fille d'un de nos plus gros investisseurs, qui en a d'ailleurs fait une associée à part entière. Selon lui, ça reflète une image plus sérieuse d'être engagé dans une union. Je la côtoie depuis trois ans. Je ne l'ai vu que quelques fois lors de dîners d'affaires  où nos parents nous priaient d'assister par "besoin", alors que c'était clairement pour nous forcer de faire connaissance. Je n'arrivais pas à m'intéresser à elle, bien que je n'avais rien contre elle. Alors, mon père m'a un petit peu forcé la main: se fiancer pour avoir une vie "plus stable" afin de devenir son bras droit. Je n'ai pas été séduit par l'idée mais je n'ai pas eu le choix. Si j'ai travaillé aussi durement jusqu'à présent, c'est pour ce genre d'opportunité. Alors je me suis exécuté. Des fiançailles qui s'éternisent, je l'avoue. J'essaye de repousser le moment où je vais devoir lui passer la bague au doigt. Un mariage d'intérêts mutuels... Il est vrai que ça ne me fais pas sauter de joie. Pourtant, je n'ai pas à me plaindre. Ava est une belle femme, charismatique, avec une volonté de fer. Elle montre une image ferme aux autres, celle d'une femme froide. Elle adopte le même comportement envers moi, avec parfois quelques moments de faiblesses où elle se laisse aller. Nous ne vivons pas vraiment ensemble, chacun possède son domicile. Il nous arrive de nous rejoindre la nuit, de dîner ensemble et quelques fois, nous faisons l'amour. Dans ces moments, je la regarde et déverse silencieusement toute ma haine et mon désespoir. Elle ne sait rien de mon passé et c'est mieux ainsi. Notre relation est mécanisée, superficielle. 

-"Désolé, Ava. Tu disais?"

-"Je dois me rendre au bureau pour le reste de la journée. Je dîne avec des clients ce soir, vingt heure, je comptais sur ta présence. Tu sais comme monsieur Soho t'apprécies."

Ava possède sa propre entreprise de haute couture, qu'elle a créée il y a quelques années, avant que l'on se rencontre. C'est ce qui me permet de ne pas l'avoir tout le temps dans les parages. 

-"Je risque de ne pas pouvoir, j'ai pas mal de boulot aujourd'hui."

-"Très bien. Contacte-moi si tu changes d'avis."

Elle est partie en tournant les talons, son imperméable parfaitement plié sur le bras gauche. La bonne nouvelle est que je n'ai pas besoin de trouver une excuse pour m'éclipser. Je prend une grande inspiration avant de me lever pour me rendre au 42ème étage. Je ne suis pas aussi serein que d'habitude. Lorsque je traverse l'open-space, les regards se posent sur moi, on m'adresse des salutations. J'arrive devant la porte vitrée pour la voir concentrée devant son ordinateur portable. Je toque à la porte et entre alors qu'elle lève les yeux sur moi, étonnée de ma présence. Je fouille dans ma poche avec l'idée d'en sortir la boucle d'oreille, mais me ravise.

-"Mégan, est-ce qu'on pourrait avoir une discussion, s'il-te-plaît?"

-"D'accord. Seulement, pas ici. Pas au bureau."

Je ne m'attendais pas à la voir obtempérer aussi facilement.

-"Très bien. On se rejoins dehors à la fin de journée."

Elle acquiesça silencieusement, sans rien ajouter. Je suis alors sorti pour aller vaquer à mes occupations. Le temps d'envoyer quelques mails, faire une réunion en Visio en simultané avec d'autres filiales, passé voir mon père pour parler affaires, il était déjà l'heure pour moi de partir. 

Lorsque j'ai franchi les portes du bâtiment, Mégan m'attendais sur un banc en acier situé en bas des escaliers. Une fois arrivé à sa hauteur, les mains dans les poches de mon pantalon, elle s'est levée en me regardant. Je lui ai alors fait un signe de tête lui indiquant de me suivre. Nous nous sommes dirigés vers le parking, où je suis monté dans ma voiture, lui ouvrant auparavant la portière passager. J'ai démarré la voiture pour prendre la route dans la circulation dense de Manhattan. 

Après une trentaine de minutes de route qui se sont déroulées dans un parfait silence, nous sommes arrivés à un endroit calme, en hauteur, qui surplombait la baie. Lorsque j'ai coupé le contact, j'ai retiré ma veste de costume puis j'ai décidé de sortir pour aller m'asseoir sur la table en bois qui était incrustée dans la terre. Il y avait une douce brise aujourd'hui, les rayons de soleil venaient réchauffer l'atmosphère. J'en ai profité pour desserrer légèrement ma cravate. Mégan m'a rejoint, et s'est installée non loin de moi. 

Après quelques secondes à sonder le paysage, je me suis tourné vers elle. Ce moment, ça faisait des années que je l'attendais, mais aussi que je le redoutais. Il est temps d'avoir cette discussion.