26. Quand les rôles s'inversent

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PDV Kuroo

Jeudi 8 décembre 2022

18h00

Cela va faire quatre jours que Kenma ne vient plus aux entraînements. Lundi, c'était à cause de la clope (je ne suis pas venu non plus à cause de mon entretien, il faut dire). Mardi, il avait un rendez-vous médical. Hier, Lev m'a prevenu que le passeur se sentait trop faible pour jouer et pareil pour tout à l'heure. Qu'est-ce qu'il va inventer demain, hein ?

Quand j'arrive devant le bureau du proviseur, essoufflé après la séance d'aujourd'hui, Kenma est déjà là. Son expression faciale semble différente de toutes les autres fois : il a l'air triste et fatigué. Ses yeux sont fixés sur la grande porte en bois sur laquelle est écrit le nom du chef d'établissement. Quand je le regarde plus attentivement, je m'aperçois qu'il paraît même... épuisé. Ses traits sont tirés et ses cernes creusées.

- Salut, je lui lance.

Mon ton est neutre et poli. Je n'ai pas envie de lui parler plus que nécessaire. Je me sens éprouvé, tant par ses piques que par celles que je lui ai lancées. Moi qui pensais que cette semaine serait tranquille, je me suis bien trompé, on dirait !

- Salut, répond Kenma en regardant ses baskets.

Apparement, le numéro cinq non plus n'est pas motivé à discuter. Tant pis. S'il a des choses à me dire, qu'il vienne me les dire en face. J'en ai marre de toujours prendre les devants !

Le proviseur sort de son bureau :
- Bon, vous savez ce que vous avez à faire ! On se retrouve à dix-neuf heures. Ah, et l'éclairage fonctionne de nouveau partout. Vous n'aurez plus besoin d'utiliser vos téléphones. À tout à l'heure !

Nous ramassons produits, balais et chiffons en le remerciant puis nous nous partageons le travail.

- Bon, tu veux aller où cette fois ?
Je demande au décoloré.

- N'importe, j'm'en fou.

- Ah...

- Vas-y c'est bon, j'vais en haut !

Et il monte les escaliers sans que j'ai le temps de répondre quoi que ce soit. À l'intérieur de moi, je suis inquiet pour lui. Il a vraiment l'air "au bout de sa vie", comme on dit au lycée. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas en bons termes en ce moment que mes sentiments ont disparu. Kenma a raison. Si j'ai agit comme je l'ai fait, c'est parce que la peur me ronge. Je ne supporterai pas qu'il lui arrive quelque chose ou qu'il fasse une crise de panique plus forte que les autres. Je me mets à balayer plus vite, espérant chasser ces pensées de ma tête.

Même si la lumière de la piece est allumée, la clarté de la lune couplée au ciel bleu que je vois par la fenêtre envahit l'espace et me plonge dans une obscurité chaleureuse. Je n'ai pas peur du noir mais comme je suis seul, mon cerveau rumine. Je ne veux plus y accorder d'importance. Alors je me mets à chanter. D'abord doucement :

- It feels like we've been living in fast forward, another moment passing by, up up up all night !

Puis plus fort :

- Katy Perry's on replay, she's on replay...

De plus en plus fort :
- I'm still wide awake !

Et là, plus rien ne m'arrête :
- I wanna stay up all night and jump around until we see the sun...

Et je passe de pièce en pièce, oubliant à quel point mes nerfs ont été mis à rude épreuve cette semaine. Un moment de répis rare dont je profite à un million de pourcents.

Haikyuu : neuro a...nxiétéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant