LA FUITE

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Il était minuit, lorsque la maison tomba, enfin, dans le silence, après avoir verrouillé la porte de ma chambre, j'enfilais un legging noir avec un tee-shirt blanc ainsi qu'un sweat long qui cachait mes formes. Je mis la djellaba que ma mère m'avait donné et je couvrais mes cheveux avec le foulard. Je gardais mes lunettes dans la main afin de camoufler mon regard si facilement reconnaissable. Si ma famille découvrait trop tôt mon départ, mon oncle Elly retournerai la ville pour me retrouver. Et sa colère serait terrible.

Ma chambre n'était pas très haute, je pouvais aisément sauter par la fenêtre sans faire aucun bruit, bien sûr, sinon mon oncle serait capable de marier cette nuit.

Je rapproche la petite table de chevet près de la fenêtre, je mis mon sac en bandoulière, j'écrivais rapidement un mot pour mes grands-parents en leur demandant de me pardonner mais qu'on ne m'avait pas laissé le choix.

Et me voilà accrochée à cette fichue fenêtre qui refusait de s'ouvrir, enfin, après plusieurs tentatives, elle finit par céder face à la détermination d'une femme désespérée.

Je pris un peu d'élan et je sautais dans le vide, pas facile avec une djellaba me direz-vous, heureusement, ce côté de la maison donnait dans la rue.

Je savais que les voitures restaient ouvertes et qu'il m'était possible de conduire l'une d'elle. Mais je passerai plus facilement inaperçue en étant « à pied ».

Je me dirigeai dans les quartiers animés de BEYROUTH où l'on faisait encore la fête et où je pourrais me cacher jusqu'à demain, ensuite direction l'aéroport afin de retourner à PARIS.

J'étais sur ZAITUNAY BAY, je marchais le long de la marina, où de nombreux yachts étaient amarrés. Que faire ? Assise sur ce banc face à la jetée, je réfléchissais à ma situation, qui avait basculé en l'espace de quelques heures.

J'observais depuis quelques minutes, un yacht en particulier, où de nombreux couples dansaient et s'amusaient bruyamment. Pourquoi ne pas monter sur ce bateau pour me reposer et pour me cacher en attendant que le jour se lève ?

Au petit matin, je partirai, j'étais certaine que ces gens allaient faire la fête toute la nuit et que personne ne se rendrait compte de ma présence, je devais juste éviter le skipper. Le pavillon indiquait un drapeau russe et il me semblait que les personnes à bord parlaient le cyrillique.

J'ai attendu que le skipper se dirige vers l'avant du bateau où se trouvaient les passagers puis j'ai retiré rapidement mes baskets et me suis faufilée vers les cabines. Ce yacht était immense, qui pouvait s'offrir un tel cadeau. Sûrement de l'argent mal acquis, pensais-je. Bon, après cette pensée très philosophique qui n'engageait que moi, j'ai choisi la dernière porte, elle était en retrait par rapport aux autres cabines.

Elle n'était pas très spacieuse, elle me rappelait un bureau avec un lit en plus. Je me jetais avec bonheur sur le lit qui était confortable et douillet. Je décidais de garder ma djellaba et mon foulard et c'est donc toute habillée qui je me glissais dans les draps qui sentaient la chlorophylle.

Pendant que je tentais d'appeler, en vain, Lou, mon attention fut attirée par des bruits de l'autre côté de la cloison. J'approchais mon oreille indiscrète et la collais contre le bois vernis. Et j'entendis très clairement un couple en train de faire l'amour. Les cris de plaisir de la femme mêlaient à celui de son amant résonnaient dans toute la cabine. Je décidais d'enlever mon foulard et de le poser sur le chevet afin de prendre le coussin et de le plier sur mes oreilles outragées. Le rôle de la vierge effarouchée me collait un gant. J'étais pathétiquement ridicule.

LAYAL AL-BAKKARIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant