Chapitre 1 -Sang de Vampire le Voleur

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« Nigel !

L'appel s'éleva une nouvelle fois dans la pièce en se répétant maintenant depuis plusieurs minutes, sans le moindre succès ni obtenir une réaction de la part du dormeur qu'il ciblait, toujours allongé sur le large lit parmi les coussins, les livres, les vêtements et encore d'autres choses qui n'avaient absolument rien à faire sur un matelas.
Nigel grommela et se tourna sur le côté, le visage enfoncé entre les oreillers, la couverture sur le crâne.
Devant lui, à côté du lit, Gaëlan, qui s'efforçait de le tirer de son sommeil poussa un lourd soupir de lassitude. Il lui semblait que c'était chaque jour plus difficile. Ces derniers mois, la situation paraissait avoir empiré mais pouvait-il réellement formuler des reproches à l'encontre de Nigel ?
N'abandonnant cependant pas ses tentatives, comptant bien forcer le jeune homme à se réveiller, il se saisit d'un des coussins rembourré de plumes d'oie, bondit sur le matelas à deux pieds et frappa Nigel de l'oreiller à plusieurs reprises en criant :

– Nigel Daldd, Sang de Vampire le Voleur ! Maintenant, lève-toi !

Seul un nouveau grognement lui répondit. Ses épaules s'abaissèrent et, cette fois, il se résigna à laisser Nigel dormir encore, mais, soudainement, deux mains se refermèrent sur l'arrière de ses genoux et le tirèrent vers l'avant. Déséquilibré, Gaëlan chuta en travers du lit sur Nigel, finalement pas si profondément endormi qu'il le croyait.
Deux bras l'entourèrent en lui serrant le dos et le nez de Nigel se nicha contre son cou entre ses boucles claires.
Tout en étreignant le jeune homme, il lança sans ouvrir les paupières :

– Exactement ce qu'il me manquait pour bien dormir !

– Nigel, arrête un peu ! Lui ordonna Gaëlan. Sais-tu l'heure qu'il est ?

– Aucune idée, répondit Nigel très naturellement. Dur à dire sans fenêtre.

– Sache que tu as plus que largement dépassé l'heure raisonnable pour te lever. Le déjeuner est passé. Mère t'a fait mettre une assiette de côté. Tu penseras à la remercier.

– Oh un petit déjeuner au lit !

– L'assiette est à la cuisine. Tu iras la chercher toi-même.

– Mais y a le couloir !

– Et pourquoi ne peux-tu pas le traverser ? Je suis certain que tu seras capable de parcourir cette distance.

– Y a beaucoup trop de fenêtres dans le couloir ! Ma brûlure au bras a pas encore guéri !

– Tu n'as qu'à apprendre à être un peu plus prudent.

– Bah, de toute façon, j'ai pas faim. Maintenant que tu es là, j'ai plus besoin de rien. Je peux rester là toute la journée !

– Oui mais pas moi.

Déclara Gaëlan en tentant en vain de s'enfuir des bras de Nigel sans succès, son étreinte était trop solide pour qu'il puisse s'en glisser, sans compter qu'il n'insistait guère pour s'échapper. Sa détermination à le faire s'avérait plutôt vacillante. Entre devoir aller assister son père pour traiter les affaires de la famille ou rester au lit durant toute l'après-midi auprès de Nigel, il tranchait rapidement pour la possibilité qu'il préférait.
Abandonnant bien plus rapidement que lorsqu'il avait décidé de tirer Nigel du sommeil en descendant dans la chambre souterraine, le jeune homme se blottit contre Nigel, le rejoignant sous la couverture. Dans un soupir d'aise et de satisfaction, Nigel ramena Gaëlan contre lui.
Pour ce genre d'instants, ça valait le coup d'avoir vécu tout ce qu'il avait traversé.
Le sommeil terminant de s'estomper, Nigel s'éveilla totalement et le contact du corps de Gaëlan contre le sien y contribuait grandement. Descendant les mains le long de son dis, il les serra sur ses hanches en le plaquant contre lui. Le visage toujours niché entre les mèches de Gaëlan, il lui fut aisé de déposer des baisers dans son cou, effleurant sa peau de ses longues canines acérées.
Le repoussant doucement, plus pour jouer à se faire désirer qu'en un réel refus, Gaëlan lui ordonna d'arrêter en ajoutant que ça le chatouillait. Bien loin d'obéir, Nigel le fit basculer sur le matelas et se tint prêt à l'embrasser.
Soudainement, un raclement de gorge irrité les interrompit en freinant l'élan de Nigel. Tous deux se tournèrent vers les escaliers qui débouchaient directement dans la chambre souterraine.
Sur la dernière marche, le frère de Gaëlan, Osephe, les fixait tous les deux, les bras croisés sur la poitrine et une expression plus que désapprobatrice sur son visage dur. Si Gaëlan rougit légèrement en une attitude aussi gênée que coupable, souhaitant seulement disparaître sous le regard de son ainé, plus mal-à-l'aise qu'il ne l'avait probablement jamais été, Nigel s'en moqua totalement. Sa seule réaction alors qu'il se tenait au-dessus de Gaëlan devant son frère ainé fut simplement de le fixer avec une moue agacée, contrarié d'avoir été interrompu de la sorte, et son regard demandait clairement silencieusement à Osephe si il avait un problème et si allait formuler le moindre commentaire.
Bien loin d'accorder aussi peu d'importance à la situation que Nigel, Gaëlan l'écarta et se pressa de se lever en lissant ses vêtements froissés par leur étreinte, les yeux baissés qu'il ne parvenait pas à relever sur son frère, se tordant les mains.
Ne prenant pas la peine de chercher à se donner une contenance, contrairement au jeune homme, Nigel se laissa lourdement retomber sur le côté, toujours étendu sur le lit. Allongé sur le flanc, la joue dans la main, il observa la scène devant lui sans particulièrement se soucier de ce qu'il se passait.
Le silence qui s'étendait en pesant dans la pièce était insupportable. Gaëlan avait bien conscience qu'il devait le briser mais il ignorait que dire.
Finalement, ce fut Osephe qui s'en chargea à sa place :

Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaires [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant