Chapitre 8 - De vieux amis

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La tête lourde et la bouche pâteuse, Nigel émergea lentement et avec difficulté de son sommeil pesant. Il se sentait comme un lendemain de fête trop intense, comme il en avait, comme il en avait souvent coutume du temps des Déchus, pourtant, il ne se souvenait pas avoir bu davantage que le verre offert par Marina. D'ailleurs, il ne se souvenait pas d'être allé se coucher ou d'avoir seulement prévu un endroit où dormir.
Avait-il exagéré au point que les dernières heures soient totalement noyées dans le brouillard ? Ça lui semblait être la seule explication cependant, il doutait de s'être déchainé de la sorte devant Gaëlan.
A la pensée du jeune homme, les brumes qui brouillaient l'esprit de Nigel s'écartèrent. Où était-il ? Etait-il dans le même état que lui ? Il devait le retrouver et vite, il ne pouvait pas le laisser seul dans une ville comme Kaleth.
Paniquant, Nigel voulut bondir sur ses pieds et se lancer à la recherche de Gaëlan mais il ne réussit qu'à agiter mollement l'avant de son corps. Ses paupières ne se soulevèrent même pas.
Il y avait davantage qu'un excès d'alcool.
Luttant contre son propre corps, Nigel tenta de revenir à lui, sans grand succès. Heureusement, ses sens paraissaient plus éveillés que ses muscles lourds. Il sentait un seul peu confortable qui lui meurtrissait le dos, captait une odeur d'alcool race piquante et percevait des présences autour de lui. Des voix échangeaient des propos mais Nigel ne les saisissait pas et il entendait des déplacements autour de lui.
Lentement mais probablement plus rapidement qu'une personne ordinaire grâce à sa résistance, il retrouva l'ensemble de ses capacités. Encore légèrement sonné, il ouvrit les yeux. Pour commencer, il découvrit qu'il ne gisait pas à terre mais était appuyé contre un mur de pierre et qu'il était solidement ligoté par des cordes qui lui irritaient la peau des poignets, les bras tordus dans le dos.
D'après le peu de luminosité qui entrait par les deux petites lucarnes, seules ouvertures de la pièce modeste où il se trouvait, en plus de la porte de bois, la nuit était tombée.
Les lieux ressemblaient à une réserve ou à un cellier, probablement celle de la Jarretière bleue, à en juger par les quelques caisses et tonneaux qui envahissaient l'espace. Quelques chandelles étaient posées dessus, éclairant chichement les lieux en créant des ombres mouvantes, qui évoquaient Abélianne à Nigel.
Grâce à ce maigre éclairage, le jeune homme put distinguer ce qui l'entourait. Inquiet pour lui, il ignora le reste pour se focaliser entièrement sur Gaëlan, se moquant de tout ce qui ne le concernait pas. Le soulagement gonfla sa poitrine lorsqu'il l'avisa non lui de lui, la joue écrasée contre une caisse, encore à moitié inconscient. Le voir ainsi dans une position si inconfortable, appuyé contre du bois rugueux alors qu'il ne connaissait normalement que la douceur de la noblesse révolta Nigel.
Son réflexe fut de se précipiter vers lui pour le redresser, défaire les liens qui l'entravaient également et l'emmener loin d'ici mais c'était oublier ses propres entraves et l'état de faiblesse qu'il combattait encore. Le jeune homme s'écroula vers l'avant dans un léger cri de surprise, qui attira l'attention sur lui.

« Il est revenu à lui.

Prévint une voix pendant que Nigel s'efforçait de se redresser en usant de ses muscles abdominaux et de ses jambes. Les sourcils froncés, il s'interrompit. Ce timbre lui semblait familier mais il était incapable d'y associer un visage.
Des mains le saisirent et l'installèrent en position assise.
Face à lui, il découvrit cinq personnes, qu'il avait totalement occultées, focalisé sur Gaëlan, et il comprit pourquoi leur présence lui paraissait familière. Il les connaissait toutes. En plus de Marina, qui avait délaissé ses atours de tenancière de maison close pour une tenue plus discrète et pratique, il y avait également Albion, Naster, Jill et Mysta. Son ancien groupe de voleurs presque au grand complet. Il ne manquait que Larim.
Plutôt surpris, Nigel les observa un à un, notant les différences que les années avaient apporté à leur apparence à chacun.
Même si il ne comprenait pas exactement ce qu'il se passait, Nigel réagit à sa manière, avec une certaine nonchalance, et il lança :

Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaires [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant