Chapitre 7 - Nigel Daldd [2/2]

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Les autres fixèrent Nigel de regards écarquillés et inquiets car, malgré leurs moqueries et leurs bravades, la possibilité qu'il puisse réellement s'agir de véritable sang de vampire et les conséquences que cela aurait pu entrainer les effrayaient, contrairement à Nigel. Comme toujours, il ne réfléchissait pas aux éventuelles séquelles qu'auraient pu entrainer ses actes.
Avant que ses camarades n'argumentent ou ne débattent davantage sur cette idée, Nigel déboucha la fiole avec quelques difficultés à cause de l'âge du bouchon de liège, qui s'effrita partiellement entre ses doigts puis, sans toujours prendre le temps de la réflexion, il porta la fiole à ses lèvres et, renversant la tête en arrière, il en avala le contenu d'une traite.
Le goût était légèrement métallique mais surtout âcre, le goût typique des choses devenues trop vieilles pour être consommées, et le liquide épais coula difficilement dans sa gorge.
Le jeune homme déglutit avec une grimace puis remua la langue dans sa bouche pour tenter de se débarrasser des sensations et de la saveur déplaisantes.
A part le mauvais goût, il n'y avait rien de particulier à relever et il était impossible de déterminer si il s'agissait vraiment de sang, de vampire ou non, c'en était presque décevant.
Dans un haussement d'épaules, Nigel ouvrit la bouche pour livrer ce constat à ses camarades mais sa voix s'étrangla dans sa gorge lorsque son estomac se révulsa soudainement. Les mains crispées sur son ventre, qui lui paraissait se retourner, il se courba en deux, une expression de douleur sur le visage, ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait si subitement.
Autour de lui, ses camarades crurent d'abord qu'il feignait un malaise en exagérant pour se moquer d'eux avant de s'apercevoir qu'il n'en était rien et qu'il lui arrivait véritablement quelque chose. Inquiets, ils s'approchèrent en s'enquérant de ce qu'il se passait, les plus proches se penchant vers lui mais le jeune homme se révéla incapable de répondre ou seulement de formuler une seule syllabe, pas alors que ses entrailles se tordaient en semblant se liquéfier en une lave qui le brûlait de l'intérieur.
Ecartant Jill, qui cherchait à le soutenir, il s'écroula au sol à quatre pattes et régurgita une bile sanglante, qui se mêla à la boue de la venelle. Autour de lui, les autres paniquèrent réellement en découvrant la quantité de sang qui franchissait ses lèvres en flots rougeâtres qui se répandaient autour de lui.
L'ensemble de son corps lui paraissait être en feu. Toutes ses sensations disparaissaient sous la douleur et tout se brouilla autour de lui.
Basculant en arrière, il s'affaissa lourdement et demeura à terre où il fut pris de violentes convulsions.
A travers les affres de cet intense malaise, il entendit vaguement ses compagnons s'agiter autour de lui puis l'installer dans ses couvertures, dans le recoin où il dormait habituellement parmi les autres.
Il eut la sensation d'être rongé par une fièvre infernale et de mourir à répétition pour ensuite revenir à la vie durant une réelle éternité. Quelque chose se passait dans son corps mais il était bien incapable de dire ou de comprendre quoi.
Cette inconscience tortionnaire cessa soudainement lorsque la sensation de brûlure ne se fit plus seulement intérieure. Sa chair se consumait.
D'un bond et dans un cri de panique, il se leva, soudainement parfaitement réveillé, et découvrit avec horreur que ses mains et ses avant-bras, exposés par les manches légèrement trop courtes de sa chemise, étaient couverts de grosses cloques blanchâtres, comme si il les avait plongés dans les flammes. D'après la souffrance qui y pulsait, il devina que c'était la même chose pour la partie gauche de son visage.
L'un des quelques raies de lumière du jour qui parvenaient jusqu'à la ruelle se posa sur sa peau et il la sentit commencer à brûler. Avec affolement, il saisit que le soleil lui causait ces intenses brûlures.
Sans réellement comprendre ce qu'il lui arrivait, il tenta de se soustraire à la lumière du jour en reculant précipitamment mais, encore affaibli, il chuta en arrière, heureusement pour lui, dans une tache d'ombre.
Son agitation réveilla ses camarades qui, se levant en repoussant leurs couvertures usées, avisèrent Nigel visiblement en panique au sol dans un recoin de la venelle.
La plus proche de lui, Jill alla pour se pencher vers lui en vérifiant son état mais elle eut un vif mouvement de recul. Tous les autres se figèrent à leur tour, leurs yeux écarquillés rivés sur Nigel.

Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaires [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant