Chapitre 9 - Un monstre dans la nuit

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Debout au milieu de la venelle, Marina s'assura que Mysta regagnait bien la chambre qu'elle occupait dans une pension miteuse à proximité du port. Son amie avait eu peur de regagner son domicile seule en pleine nuit. Les rues de Kaleth n'étaient jamais sûres mais la nuit empirait encore davantage les choses, surtout pour une jeune femme seule.
Rassurée quant à la situation de Mysta, Marina quitta le quartier pour se diriger vers la Jarretière bleue. Elle dormait dans une chambre de son établissement, ce qui lui permettait de rester proche de ses employés, de s'assurer qu'aucun problème ne survenait et de gérer d'éventuels incidents. Il lui arrivait régulièrement de devoir chasser certains clients incorrects en leur indiquant la sortie de la maison close avec brutalité et de rassurer ses employés. Le problème était que trop de personnes ne considérait les filles et garçons de joie que comme des objets présents uniquement pour satisfaire leurs besoins, ce que Marina peinait à tolérer, surtout lorsqu'on ne traitait pas ses employés correctement.
Un soupir gonfla la poitrine de la jeune femme. L'aube était encore loin et la Comtesse des Soupirs avait encore plusieurs heures durant lesquelles officier avant de pouvoir se retirer. La nuit paraissait bien longue.
La lassitude de Marina provenait certainement moins du travail qui l'attendait à la maison close, dont elle avait coutume, que de l'échec total et lamentable de son plan pour s'enrichir. Elle pensait que réunir leur ancien groupe, sur lequel elle avait conservé son ascendant même après la séparation de leur chemin en quête de leur propre voie respective, aurait suffi à leur garantir le succès, notamment grâce au surnombre, mais elle n'avait pas prévu la débrouillardise du jeune homme accompagnant Nigel ni son attachement envers ce dernier, qui l'avait motivé à tout tenter pour le sauver.
En un sens, elle était plutôt soulagée d'avoir échoué et que Nigel ait pu repartir en bonne santé. Tuer le jeune homme n'avait nullement été un objectif ni même une réelle volonté, encore moins alors qu'ils avaient passé plusieurs années ensemble en partageant leurs joies et leurs peines, mais une nécessité coûteuse par laquelle il leur fallait passer pour obtenir la somme qu'ils avaient prévu de gagner en vendant le sang de Nigel comme élixir de puissance. La fin justifiait malheureusement les moyens et cette loi était encore plus vraie à Kaleth, où survivre et vivre s'avéraient être régulièrement une lutte quotidienne.
Ce n'était pas que Marina plaçait l'argent au-dessus de l'humain mais, très cyniquement, elle savait que c'était l'unique moyen à sa disposition pour s'extraire de sa condition d'enfant des rues abandonnée par sa famille. Grâce à ses vols, elle avait pu ouvrir la Jarretière bleue mais l'établissement n'était pas une fin pour elle, seulement un autre moyen de gagner cet argent. Tout ce qu'elle souhaitait était parvenir à changer de vie, loin de Kaleth, comme tous les habitants de cette ville maudite. Finalement, le seul d'entre eux qui y était parvenu était Nigel. Tant mieux pour ce dernier mais Marina le jalousait. Peut-être était-ce également un peu pour cette raison que s'en prendre à Nigel lui avait semblé possible et aisé. De toute manière, la vie ne revêtait pas la même importance à Kaleth qu'ailleurs, même si la justification était facile. Ça n'avait cependant pas empêché Marina de détourner le regard lorsque Jill avait ouvert cette profonde plaie sur le bras de Nigel.
Un grognement sourd tira la jeune femme de ses pensées.
Réagissant vivement, sur ses gardes alors qu'elle traversait les ruelles sombres, elle se tourna vers sa source en l'éclairant de sa lanterne, la tendant devant elle. Sa lumière dévoila une femme, écroulée en travers de la venelle, tellement intoxiquée au rêve irisé qu'elle était incapable de se redresser et certainement incapable de différencier la réalité de ses visions fantasmagoriques.
Face à cette personne, qui n'était plus davantage qu'une loque humaine, Marina secoua la tête de gauche à droite avec désolation.
Malgré sa volonté d'obtenir le plus d'argent possible et son désir de fuir µ 3
cette existence abandonnée des dieux, elle ne s'était jamais approché du rêve irisé, même si elle y avait pensé, et, aujourd'hui, elle comptait bien continuer à s'en tenir loin malgré sa présence élevée dans les rues de Kaleth. Elle possédait quand même quelques principes.
Ne perdant pas davantage de temps avec cette femme, qui ne le méritait pas à ses yeux, Marina reprit son chemin à pas pressés. Contrairement à Mysta, elle ne craignait pas d'arpenter les ruelles de Kaleth en pleine nuit, même si elle était une jeune femme seule. En vivant dans la rue, il lui était déjà arrivé tellement de choses mais elle préférait néanmoins ne pas s'attarder à l'extérieur.
Après encore plusieurs minutes de marche, elle atteignit la Jarretière bleue, où la soirée battait son plein dans la débauche la plus totale.
S'étant réuni dans la réserve de son établissement, qui se situait derrière celui-ci, elle aurait pu rentrer bien plus rapidement mais elle avait tenu à raccompagner Mysta jusque chez elle et également effectuer quelques détours pour semer les gardes, qui avaient déjà évacuer les lieux.
A l'intérieur de l'établissement, l'ambiance surchauffée maintenue par les employés avait suffisamment captivé et monopolisé l'attention de tous pour que personne ne se soucie des explosions à l'extérieur. L'un des avantages de Kaleth était que personne ne se préoccupait de ce qu'il se passait autour si on n'était pas directement concerné.
Montant rapidement à sa chambre, située sous les combles en se glissant entre les clients et ses employés, elle se débarrassa de sa tenue plus pratique et confortable revêtue pour l'opération avec Nigel pour passer l'une de ses robes plus adaptées à une tenancière de maison close à la couleur rouge défraichie, puisqu'elle l'avait achetée de seconde main, comme toutes les autres, et fendue jusqu'aux cuisses. Terminant de se préparer, elle refit son chignon dans lequel elle piqua une fleur en tissu et appliqua une couche de fard sur ses paupières avant de redescendre.
Un sourire avenant et professionnel sur les lèvres, elle accueillit les clients, leur présenta et proposa certains de ses employés susceptibles de leur plaire, géra les payements, remplit et servit des verres, échangea avec ses employés dont elle régla les petits soucis du quotidien.
Les heures s'écoulèrent ainsi, comme tous les soirs, et Marina oublia l'échec de son plan avec Nigel.
Soudainement, l'ambiance habituelle de la maison close en pleine nuit fut troublée par une forte agitation en provenance de l'extérieur. Au départ, personne ne le releva véritablement, comme toujours. Peut-être n'était-ce que des personnes ivres provoquant du désordre dans la ville ou des affrontements entre trafiquants de rêve irisé, rien de très banal à Kaleth. La seule pensée de Marina fut que ces agitateurs risquaient de perturber ses affaires.
Comme si elle avait besoin de cela en plus dans cette soirée.
S'assurant que l'agitation extérieure ne se transmette pas à l'intérieur de son établissement par contamination, contrôlant la situation avant qu'elle ne le puisse plus, Marina rassura ses clients en leur resservant de l'alcool tout en leur offrant son sourire lumineux.
Cela fonctionna mais seulement durant quelques minutes durant lesquelles le tumulte ne cessa de croitre. Des hurlements de terreur parvenaient jusqu'à eux. L'inquiétude gagna les clients aussi bien que les employés de l'établissement, y compris Marina.
De toute évidence, il se passait quelque chose d'anormal, même pour Kaleth, et ce constat était suffisamment angoissant pour que personne ne se permettre d'ignorer le déchainement panique à l'extérieur.
Ayant bien l'intention de défendre son établissement et ses employés, ne comptant certainement pas sur la Garde de la ville pour régler cet incident, quel qu'il soit, Marina ordonna à ses employés de ne pas s'approcher des fenêtres en récupérant les deux longues dagues dissimulées derrière le comptoir, qu'elle utilisait normalement pour dissuader certains clients mécontents de causer des esclandres. Même si elle ne savait pas plus que les autres ce qu'il se passait exactement, elle préférait limiter les risques dus à des projectiles lancés à travers les fenêtres. Ses clients suivirent également son conseil et se massèrent au milieu de la pièce, bien qu'elle ne s'était pas adressé à eux, se moquant de leur sort.
Désobéissant à sa propre recommandation de sécurité, la jeune femme s'approcha de la fenêtre la plus proche, se plaçant dans son angle pour être aussi peu visible que possible depuis l'extérieur, et écarta le rideau usé qui l'obstruait.
A cause de l'obscurité, elle ne distingua pas grand chose sur la petite placette, mais elle aperçut des silhouettes courir dans la même direction, comme si toutes fuyaient la même chose, en poussant des cris.
Quelque chose n'était définitivement pas normal. Il en fallait beaucoup pour impressionner les habitants de Kaleth, accoutumés à la misère humaine.
Sa curiosité éclipsant le raisonnable, Marina attrapa une bouteille d'alcool dans laquelle elle enfonça un morceau de tissu, imitant Nigel quelques heures plus tôt, et se saisit d'un briquet, prête à l'enflammer au besoin. Ça lui paraissait plus efficace que ses deux dagues, qu'elle garda tout de même en les passant à sa ceinture.
Malgré les appels de ses employés qui tentèrent de la retenir et de la dissuader, elle entrouvrit la porte et se glissa à l'extérieur, bien décidée à en avoir le cœur net.
Observant le peu qu'elle pouvait, elle ne remarqua rien, seulement ces personnes, certainement les laissés pour compte qui dormaient habituellement dans les ruelles, comme Marina l'avait été, qui couraient avec affolement. Marina ne parvenait pas à voir quel danger les faisait tant paniquer.
Soudainement, l'un de ces fuyards s'écroula devant la jeune femme, gémissant et peinant à se relever.
S'agenouillant à côté de lui, Marina l'aida à se redresser, non pas tant car elle se souciait de son sort que pour l'interroger sur ce qu'il se passait. Refermant les mains sur ses bras pour le tirer à sa suite, elle sentit une texture étrange sous ses doigts. La peau de l'inconnu se révéla être rêche et rugueuse, certainement pas comme de la chair.
Déstabilisée et ne comprenant pas, Marina se munit de son briquet à deux mains, lâchant le fuyard qui s'effondra. Grâce aux étincelles qu'elle produisit, elle découvrit que le membre de l'homme face à elle avait l'apparence d'une roche friable, qui s'effritait lorsqu'il tentait de le bouger, ce qu'il peinait à faire. La pierre semblait s'étendre à la surface de sa peau, montant vers son visage depuis son cou, comme une effroyable gangrène.
La chiche lueur révéla également une autre personne à l'entrée de la place, figée et immobile, entièrement métamorphosée en pierre.
Le choc et la stupéfaction furent tels que Marina chuta en arrière dans un vif mouvement de recul.
Comment était-ce possible ? Que se passait-il ?
Un nouveau hurlement résonna sur la placette mais il n'était pas empli de panique ou de terreur, comme les précédents, mais bestial comme celui d'un animal enragé, rendu fou par la douleur. Il semblait à peine avoir pu être poussé par une gorge humaine.
La main partiellement rocheuse du fuyard gisant à terre se referma sur la jupe de Marina, faisant violemment sursauter cette dernière alors que son cœur s'affolait de plus en plus dans sa poitrine. Forcée à se pencher vers l'homme, qui lui paraissait mourant, elle l'entendit souffler des paroles incohérentes mais elle capta clairement le terme de ''monstre'' qu'il répéta avec crainte et qu'il lui conseillait de fuir en la suppliant de l'emmener à l'abri avec elle.
Ces propos n'éclairèrent pas Marina sur la situation. Au contraire, ils la troublèrent encore davantage. Un monstre ? Qu'est-ce que tout cela pouvait-il signifier ? Les seuls monstres qui peuplaient Thamarèthe étaient des individus qui dissimulaient leur monstruosité sous des masques humains. Kaleth en recelait d'ailleurs de nombreux, Marina ne le savait que trop bien.
Tout cela n'avait aucun sens !
Un nouveau cri s'éleva dans la nuit et la jeune femme avisa celui qui les poussait, dont la silhouette se découpait sur la lumière de la lune et des lueurs projetées par les fenêtres du quartier alors que certains allumaient chandelles et lanternes pour s'enquérir de ce qu'il se passait à l'extérieur.
Contrairement à ce que laissait supposer les paroles du fuyard, il semblait parfaitement humain et Marina parvint même clairement à identifier une apparence masculine cependant, son attitude était anormale. Il avançait en vacillant et en balançant le haut de son corps de gauche à droite, les membres agités de spasmes. Un mal ou une profonde douleur paraissait l'habiter, quelque chose que Marina ne parvenait pas à deviner.
La jeune femme était tellement effrayée et choquée qu'elle ne songea même pas à bouger et demeura paralysée à fixer cette silhouette qui émettait des râles.
Titubant plus qu'il ne marchait, il se dirigea vers la personne transformée en statue. D'un mouvement brutal qui ne semblait pas pleinement contrôlé, il la renversa en la jetant à terre et commença à s'acharner sur elle à coups de poings et de pieds violents. Des éclats de roche arrachés à la carcasse de pierre volèrent en tous sens.
Se redressant, il se tourna subitement vers Marina, remarquant sa présence, et la jeune femme crut apercevoir un éclat jaune dans la nuit.
De sa démarche anormale et vacillante, il s'approcha de Marina, toujours au sol. Terrorisée, notamment à cause de son incompréhension, elle rampa en arrière.
Par réflexe, elle serra le poing autour de son briquet, qu'elle tenait toujours. Ce contact lui rappela la bouteille d'alcool qu'elle avait préparée. Tâtonnant autour d'elle, incapable de détacher le regard de la menace qui avançait vers elle, elle referma la main sur la bouteille.
Les doigts tremblants et manquant d'échapper son briquet à plusieurs reprises avant de faire jaillir une étincelle, elle enflamma le tissu imbibé d'alcool.
Dans la panique, elle ne prit pas le temps de viser et lança la bouteille dans la vague direction de ce qu'elle aurait elle aussi qualifié de monstre à présent. Le projectile le frôla mais le manqua pour aller s'écraser dans le parterre d'iris à côté. Les fleurs et les herbes folles s'enflammèrent et des éclats de verre chaud furent projetés en tous sens.
Marina eut le réflexe de s'en protéger en se plaquant les bras contre le visage. En revanche, l'homme qui la menaçait n'y pensa pas. L'explosion de la bouteille le fit vaciller et les fragments acérés lacérèrent sa peau là où elle était encore tendre et non de la texture de la roche.
Les flammes, qui illuminèrent la placette, dévoilèrent clairement l'apparence de ce monstre à Marina. La pierre qui recouvrait partiellement son épiderme était sombre et craquelée et elle alourdissait ses mouvements, ce qui expliquait son étrange démarche. L'éclat jaune que Marina avait entraperçu dans l'obscurité était celui de son œil droit, identique à celui d'un serpent. Le gauche ressemblait encore à celui d'un humain mais il était parcouru de reflets du même jaune que le droit, qui apparaissaient puis disparaissaient, comme si une transformation contre laquelle il luttait cherchait à s'imposer en lui. Ce qui choqua le plus Marina fut cependant qu'elle le reconnut malgré ces changements physiques.
Elle avait répondu avec désinvolture et même désintérêt lorsque Nigel s'était enquit du sort de Larim car, après des jours à le chercher dans les ruelles, elle s'était résigné à ne plus le revoir. Lorsqu'il avait disparu, elle s'était inquiété : en tant que fournisseur du rêve irisé que consommaient certains de ses clients, il occupait une place dans ses affaires, même si elle aurait pu trouver un autre vendeur très facilement. N'obtenant aucune nouvelle de lui, elle s'était contenté de conclure qu'il avait disparu, comme tant d'autres qui se perdaient à Kaleth, c'était courant dans cette ville maudite, pourtant, il se tenait actuellement devant elle et il ne semblait plus être entièrement humain.
En voyant son œil de serpent et ces personnes métamorphosées en pierre, certaines légendes remontèrent à la mémoire de Marina, des histoires qui parlaient des peuples déchus, ceux que les humains avaient chassé il y avait bien longtemps pour prospérer pleinement, ceux dont les Déchus se revendiquaient les héritiers, notamment sur les gorgones.
Se souvenant donc de ce qu'on racontait à leur sujet, la jeune femme détourna le regard de Larim, espérant ne pas finir transformée en roche comme les autres.
Continuant à s'approcher d'elle, Larim tendit la main dans sa direction en articulant son prénom avec quelques difficultés. Lui aussi la reconnaissait. Il y avait encore une partie de la conscience de son ami dans cette chose souffrante et à peine humaine.
Cette constatation perturba encore davantage Marina. Larim souffrait, il ne voulait probablement pas s'en prendre à toutes ces personnes mais il ne contrôlait pas ce qu'il était devenu, certainement malgré lui.
Que devait-elle faire pour l'aider ? Que pouvait-elle faire ?
Tout en se posant mentalement ces questions, Marina commença à lentement se relever, la main tendue vers Larim en un geste d'apaisement, même si elle ignorait que faire, sans regarder Larim directement.
Sans cesser d'émettre ces râles et ces gémissements, qui traduisaient sa douleur, il tituba vers elle. Ses doigts de roche effleurèrent ceux de Marina.
Cette dernière osa doucement relever les yeux vers lui et alla pour refermer sa main autour de la sienne, pour le rassurer.
Une lame lui transperça soudainement la poitrine en râpant sur les parties déjà de pierre. Le haut de son corps s'affaissa légèrement vers l'avant et il sembla s'étouffer avec son propre sang dans une quinte de toux. Plusieurs projections de sang éclaboussèrent le visage de Marina, qui le fixait de ses yeux écarquillés, en état de choc.
L'épée se retira brutalement de la plaie de Larim avec un bruit de sucions et il s'écroula vers l'avant mais un bras puissant le retint, le portant à moitié.
Derrière lui se tenait un homme, le poing serré autour d'une épée rougie.
Se reprenant, Marina se précipita vers Larim mais l'homme la repoussa en lui indiquant :

« Tout va bien. J'appartiens à la garde de la ville. Cet homme est un forcené et un aliéné. Ne vous inquiétez pas, nous nous chargeons de régler cette histoire.

Marina ouvrit la bouche pour exiger de plus amples explications car ces quelques paroles ne lui suffisaient absolument pas, mais l'homme ne lui accorda pas davantage de son temps.
Emportant Larim, qui paraissait agoniser, l'homme se détourna de la jeune femme en allant pour quitter la petite place.
Le regardant s'éloigner dans la lueur des flammes, Marina secoua négativement la tête de gauche à droite. Elle ne croyait pas un mot du petit discours de cet homme. Pour commencer, elle connaissait Larim depuis des années et elle savait qu'il était un idiot incapable de réfléchir aux dégâts qu'il causait mais ni un aliéné ni un forcené. Par ailleurs, cet homme n'appartenait certainement pas à la Garde de Kaleth.
Les gardes de la cité n'intervenaient pas avec autant d'efficacité ni n'intervenaient tout court dans les incidents qui survenaient en ville. De toute manière, il ne portait pas l'uniforme et il s'exprimait avec un accent. Marina aurait été incapable d'en définir l'origine mais ce n'était pas celui de Reynelsky.
Ne comptant pas lui permettre de partir avec Larim et si peu d'explications, Marina voulut s'élancer à sa poursuite mais elle découvrit que ses jambes ne la portaient plus à cause du choc. Elles se dérobèrent sous son poids et elle s'écroula à terre.
Refusant d'abandonner, elle frappa du poing contre le sol en hurlant à l'adresse de l'homme, qui disparaissait dans la nuit :

– Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Qu'est-ce que vous lui avez fait ? »

Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaires [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant