Chapitre 25 - Ysandre Cuhllen [2/2]

4 3 0
                                    

Sans s'affoler, plus intrigué qu'inquiet, Ysandre tendit la main au soldat pour le saluer, aussi affable et souriant qu'à l'accoutumée. Face à lui, l'homme ne lui retourna pas son salut. A la place, il brandit l'éclat de roche laiteuse qu'Ysandre avait remonté des entrailles de la montagne il y avait quelques jours sous les yeux de ce dernier.

« C'est vous qui avez trouvé ça ? Demanda le soldat au jeune homme, qui acquiesça. Comment exactement ?

– C'était une exploration normale. J'ai juste fini par tomber sur une partie où la roche ressemblait à ça, expliqua Ysandre. J'ai pensé que c'était précieux alors j'en ai pris un morceau pour montrer au responsable.

– Vous n'avez rien remarqué d'autre ?

– Non. Prétendit Ysandre.

– Et vous n'en avez ramené qu'un seul ? (Ysandre acquiesça à nouveau). Etes-vous sûr ?

– Pourquoi j'en aurais pris plus ? Je sais même pas ce que c'est ! »

Convaincu par la remarque d'Ysandre et par son sourire éclatant qui ne trahissait aucun mensonge, le soldat rangea l'éclat irisé au fond d'une poche en hochant le menton puis il contourna Ysandre pour s'éloigner sur le chemin de montagne encore obscure.
Le jeune homme l'observa un instant, les sourcils froncés. Pourquoi un soldat d'élite était-il venu depuis Tikkr'eth pour lui parler de cette pierre ? Son instinct ne l'avait pas trompé en lui indiquant qu'il y avait quelque chose de particulier avec cette roche. Certainement était-ce également cet instinct qui l'avait poussé à dissimuler l'étendue de ses découvertes, à ce soldat comme aux autres. Tant qu'il n'en savait pas davantage, le silence lui paraissait être plus prudent.
Heureusement qu'il n'avait pas encore vendu les autres éclats, cachés sous sa paillasse avec la lance et les grimoires. Le jeune homme allait même devoir oublier cette idée pendant quelques temps.
L'esprit empli de questions, Ysandre descendit dans les galeries mais on ne le fit plus explorer le secteur où il avait découvert la veine de roche irisée, ni aujourd'hui, ni les jours suivants. C'était comme si il n'avait jamais rien trouvé. Définitivement étrange.
Malgré les interrogations soulevées, toute l'affaire ne préoccupait plus guère Ysandre dont le souci se concentrait sur Nanerle. Jamais l'état de la jeune fille ne s'était amélioré. En général, il stagnait, certainement aidé par les attentions de son frère, mais, ces dernières semaines, il se dégradait inexorablement. Ysandre voyait sa sœur s'enfoncer de plus en plus dans la maladie, impuissant.
Il s'agissait d'une situation qu'il endurait depuis des années en souriant mais ça devenait de plus en plus difficile. Il ne pouvait tolérer l'idée de perdre Nanerle.
Alors qu'il assistait à l'avancée de sa sœur vers la mort sans savoir comment la retenir, certaines réflexions se répétaient de plus en plus régulièrement dans son esprit : les anges avaient la capacité de tout guérir, même les maladies qui laissaient les hommes démunis, et il avait justement découvert des ouvrages qui évoquaient un moyen d'accéder à la dimension où avaient disparu les peuples déchus.
Plus il y réfléchissait, plus il nourrissait la certitude que c'était la solution pour sauver sa sœur.
Il y songeait encore, agenouillé à côté de Nanerle, sa main serrée dans les siennes. Si il possédait la moindre chance de soigner Nanerle, il devait tout faire pour la tenter.
Entre deux violentes quintes de toux, qui laissèrent un peu de sang au coin de ses lèvres pâles, Nanerle demanda d'une voix rauque :

« Qu'est-ce que c'est que cette tête, mon Ysandre ?

– Je...euh... Hésita le jeune homme avant de s'écrier, je crois que j'ai un moyen de te guérir ! Je vais essayer et...

– Ysandre, je ne veux pas que tu te préoccupes de ça. Je veux que tu vives ta vie et que tu le fasses pour toi.

– Mais, Nanerle...

Le Sang des Déchus - Tome 1 : Sang de Mercenaires [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant