15 - Entre l'ombre et la lumière

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Elle avait gagné. Kyôko pouvait le voir dans les yeux de Mikey. 

Le reste, ça n'était que des formalités. 

Lorsque Shuji et elle quittèrent la suite présidentielle, Sanzu alla s'asseoir à la place qu'elle occupait un instant auparavant.

– Cette fille ne me plaît pas, dit-il. Aucun des deux ne me plaît.

– Je dois reconnaître que tu n'as pas tort, répondit Koko. Mais ça n'est pas comme si on avait vraiment le choix.

Sanzu le regarda sans comprendre. Mikey lui expliqua.

– Elle savait où nous trouver, dit-il. Pas seulement le bâtiment, mais aussi la chambre. Elle savait pour ton arme et elle sait sûrement beaucoup de choses sur nous.

– Et pourtant, dit Koko, elle est venue en personne se jeter dans la gueule du loup.

Mikey se tourna vers Koko.

– Ton avis ? Demanda-t-il.

– Mon avis tu le connais, dit Koko. Il nous la faut. Il nous les faut tous les deux si c'est le prix. Avec Nakaba Yo dans nos rangs, nous pourrons mettre ce pays à genoux en moitié moins de temps que prévu. Peut-être même plus vite.

Sanzu arqua un sourcil surpris.

– À ce point ? Dit-il.

– Tu n'as pas idée, dit Koko. Cette fille tient déjà par les couilles quelques-uns des gradés de la police de Tokyo. Et ce ne sont certainement pas les seuls. Avec la réputation de Mikey, l'argent du Kanto Manji Kai et son talent, rien ne pourra nous arrêter.

Il se rassit dans le fond du canapé et ajouta :

– Sans compter que si elle décide de passer à un autre clan, nous aurons un gros problème sur les bras. Tu me demandes mon avis Mikey, le voilà : je pense que nous avons tout intérêt à accepter leur proposition. D'autant que leur prix est raisonnable.

Kyôko leur avait demandé de s'occuper de faire lever les charges qui pesaient sur Shuji. 

Elle aurait pu s'en charger elle-même, mais cette preuve de bonne foi de leur part lui avait semblé indispensable. 

Et puis, cela lui permettrait d'estimer l'étendue de leur influence. Sans compter que cela pourrait, si nécessaire, constituer un moyen de pression utile à l'avenir.

Une fois dans la rue, Kyôko saisit la manche de Shuji.

– Marchons un peu, dit-elle, les yeux baissés.

Shuji se laissa entraîner dans une rue voisine, surpris. Lorsqu'ils furent à l'abri des regards, Kyôko posa le front sur sa poitrine. Il s'aperçut qu'elle tremblait.

– Shuji... bredouilla-t-elle. J'ai eu peur... j'ai eu tellement peur.

Sa respiration refusait de se calmer et les battements de son cœur lui donnaient l'impression qu'il essayait de s'échapper de sa poitrine. Chaque muscle de son corps lui semblait un nœud douloureux. 

Shuji la prit dans ses bras.

– Pas moi, dit-il.

Le calme dans sa voix fit lever les yeux à Kyôko, il reprit.

– Je n'avais pas le moindre doute, dit-il. Tu allais les faire danser dans ta petite main.

Il prit son poignet, dénoua ses doigts crispés et embrassa sa paume.

– Et si ça n'avait pas été le cas, ajouta-t-il. Je les aurais tous défoncés et on aurait recommencé ailleurs.

Ce fut comme s'il venait de lui retirer un poids de la poitrine. Kyôko éclata d'un rire nerveux.

La voie du crime [Hanma x OC x Bonten]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant