La voie du crime [Hanma x OC x Bonten]

6 - Influence

La première fois que Kyôko utilisa à grande échelle les connaissances qu'elle avait acquises, ce fut pour sa première année de lycée, lors l'élection du président du bureau des étudiants. Deux candidats seulement étaient en mesure de lui barrer la route, l'ancien président, Shoto Matarame, actuellement en dernière année, excellent élève, ancien capitaine de l'équipe de tennis et apprécié de tous, et Mayako Ren, une étudiante de seconde année ambitieuse au physique avantageux qui faisait tourner la tête des garçons et comptait de nombreuses amies parmi les filles.

En réalité, le poste de présidente importait peu à Kyôko, ce qu'elle souhaitait, c'était tester les limites de son pouvoir. Durant les dernières années, elle avait utilisé l'argent gagné avec Shuji pour acheter les informations qu'elle ne pouvait pas découvrir seule et ainsi étendre son rayon d'action. 

Son influence ne se faisait plus seulement sentir dans le cadre de l'école désormais, mais aussi en ville ou plusieurs petits délinquants et certains membres, parfois importants, de la communauté lui étaient redevables. Les sommes que lui rapportaient son business avaient augmenté avec le temps et Kyôko se trouvait désormais à la tête d'une petite fortune pour son âge. Elle avait fait de l'information son fond de commerce et elle en tirait des bénéfices, que ce soit sous la forme d'argent ou sous la forme de renseignements sensibles qu'elle pouvait ensuite revendre ou conserver pour étendre encore son autorité.

Évidemment, personne n'avait jamais vu son visage, Kyôko avait fait attention à ne plus enfreindre la règle qu'elle s'était fixée pour sa propre sécurité. Généralement, elle utilisait les services d'un homme de paille qui lui devait un service et se faisait passer pour elle le temps d'une ou deux missions ou bien elle effectuait ses transactions par l'intermédiaire du web. Le nom de Nakaba Yo – le pseudonyme qu'elle s'était choisi – commençait à être connu dans le milieu.

Afin de remporter l'élection du président du BDE, Kyôko résolut de s'occuper en premier lieu de Mayako. Elle serait la plus facile à écarter. Le plus compliqué resterait d'agir sans que personne ne soupçonne Kyôko d'être liée à sa chute. Elle planifia une sortie en ville avec quelques camarades de classe avec qui elle avait pris soin de se lier en vue de ce jour. L'emploi du temps de Mayako n'avait aucun secret pour elle. Le jour dit, Kyôko se trouva opportunément convoquée par le professeur de sciences qui souhaitait lui confier les cours de soutien, et elle arriva en retard de quinze minutes, comme elle l'avait prévu. Ses camarades l'attendaient dans un coffee shop, surexcitées.

– Kyôko, tu ne sais pas ce qu'on vient de voir ! Dit l'une d'entre elles.

– Non, quoi ? Demanda Kyôko en posant son sac et en s'installant.

– Mayako Ren, dit une autre. Tu vois qui c'est ? Elle se présente à l'élection de président du BDE contre Matarame.

Kyôko n'avait encore fait part de sa candidature à personne, elle préférait attendre d'être sûre de son coup. La troisième lycéenne, une jeune fille grave et posée, intervint :

– On vient de la voir passer avec un homme, dit-elle. Un client, apparemment.

Elle avait appuyé sur le mot avec tout le dégoût que cela lui inspirait. La prostitution, sans être pratiquée par toutes les lycéennes, était courante chez les jeunes filles de cet âge. Elle leur offrait un peu d'argent que leurs parents ne pouvaient ou ne voulaient pas leur donner. Kyôko écarquilla les yeux.

– Vous devez vous tromper, dit-elle, ça n'est pas son genre.

La dernière de ses camarades qui avait parlé, reprit :

– L'hôtel dans lequel ils sont entrés ne laisse pas le moindre doute, dit-elle.

– Je n'aurais pas cru ça de cette donneuse de leçons de Mayako ! Dit une autre.

– Avec ça, dit la dernière, elle peut faire une croix sur le poste de présidente. Personne ne votera pour elle !

Ce fut précisément ce qui arriva. Moins de trois jours plus tard, Mayako dut retirer sa candidature sous la pression publique et le mois suivant elle avait changé d'établissement.

Shoto Matarame allait lui poser plus de problèmes. Contrairement à Mayako, il n'avait pas le moindre dossier que Kyôko pouvait utiliser contre lui. Elle allait devoir les créer de toutes pièces. Malgré la difficulté de la tâche qu'elle se proposait d'entreprendre, Kyôko était plus excitée par cette dernière que par l'éviction de Mayako. Mayako Ren n'avait été qu'une mise en bouche.

Shoto Matarame était un élève modèle, tant au niveau de ses notes que de son comportement, personne ne l'avait jamais pris en faute. Il poussait la perfection jusqu'à s'investir au service des élèves en difficultés à qui il donnait des cours particuliers plusieurs soirs par semaine. 

C'était l'un d'entre eux qui intéressait particulièrement Kyôko. 

Nobu Akagi, élève de deuxième année, était considéré comme l'as de l'équipe de basket du lycée. De grands espoirs reposaient sur lui et le lycée Shôyo se prenait à rêver à l'Inter High, la compétition qui opposait les meilleures équipes du Japon. 

Malheureusement, les notes de Nobu n'étaient pas à la hauteur de ses exploits sportifs et s'il ne parvenait pas à atteindre une moyenne suffisante, il ne pourrait pas jouer. C'était ce garçon qui allait être le levier de son plan. Grâce aux services d'une bande de trublions toujours prêts à semer le désordre, pourvu que cela les amuse, Kyôko fit remplacer une des copies de Nobu par un exemplaire qu'elle avait réalisé. Contrairement à l'original, celle-ci contenait l'intégralité des bonnes réponses, y compris la réponse à une question qui avait été finalement retirée de l'examen.

Évidemment, la copie de Nobu Akagi attira aussitôt l'attention des professeurs. Il ne faisait aucun doute à leurs yeux que le champion avait eu accès aux questions avant l'épreuve. 

Les soupçons se portèrent sur le président du BDE. Shoto Matarame passait énormément de temps en salle des professeurs, subtiliser un exemplaire avant le jour de l'examen aurait été un jeu d'enfant pour lui. 

Tout le lycée se mit rapidement à se poser des questions sur les bons résultats des élèves à qui il donnait des cours particuliers et parfois même sur ses notes à lui.

Bien sûr, il n'y eut jamais aucune preuve contre lui, mais ça n'était pas nécessaire : la réputation de Shoto Matarame était compromise. Kyôko n'avait plus qu'à se présenter.