La voie du crime [Hanma x OC x Bonten]

10 - Refuge

Le trajet leur prit presque deux heures.

À la tombée de la nuit, ils commencèrent à gravir une petite route de montagne qui serpentait entre les préfectures de Saitama et Yamanashi. La chaussée n'était plus éclairée que de loin en loin et ils avaient laissé le dernier magasin derrière eux un peu plus tôt.

– C'est quoi cet endroit ? Demanda Shuji lorsqu'ils s'arrêtèrent dans une clairière, surmontée d'arbres immenses, au milieu de laquelle se nichait un onsen.

(NDA : Onsen, sources chaudes au Japon)

Kyôko prit sa main.

– Viens, dit-elle.

Ils dépassèrent le panneau de l'entrée qui annonçait le Funbari Onsen et Kyôko sortit une clé de sa poche. 

Elle ouvrit la porte et alluma la lumière de l'entrée. 

Le hall était plus spacieux que le bâtiment le laissait présager de l'extérieur et, bien que vieillot, il semblait avoir été bien entretenu.

– Il y a personne ? Dit Shuji.

– Non, dit Kyôko, l'auberge est fermée. Sa propriétaire est partie à la retraite à la fin de l'année dernière.

Elle l'entraîna dans le couloir et ouvrit la porte de l'une des chambres. 

Shuji remarqua une valise, posée dans un coin de la pièce. Kyôko alla l'ouvrir.

– Je t'ai pris quelques vêtements, dit-elle, je suis passée chez toi quand ton père était absent.

Elle sortit des serviettes de bain et se tourna vers lui.

– On va se baigner ?

Shuji regarda autour de lui, sans trop comprendre ce qui lui arrivait.

– Personne ne risque de venir ?

Kyôko se redressa. Elle le rejoignit. Elle avait toujours dû lever la tête pour le regarder dans les yeux d'aussi loin qu'elle se souvienne. C'était le seul.

Elle posa la main sur sa poitrine.

– Non, dit-elle, personne. Je me suis arrangée avec la propriétaire, elle me devait un service.

Shuji ramena les yeux vers elle.

– Quel genre ?

– Son fils a été pris en possession de drogue, répondit Kyôko, je lui ai évité la prison.

Puis elle ajouta :

– Personne ne viendra ici.

Elle fit glisser ses doigts le long de son torse et attrapa sa ceinture du bout de l'index.

– Viens, répéta-t-elle.

L'espace réservé aux douches était étroit et tout en longueur, il aurait pu accueillir cinq ou six baigneurs, pas plus. Le terme douches était d'ailleurs exagéré, l'auberge abritait un onsen à l'ancienne, les clients devaient remplir une bassine d'eau et se la verser sur le corps pour se laver et il n'y avait qu'une seule entrée aux bains mixtes.

Kyôko aida Shuji à retirer ses vêtements et elle les rangea avec les siens dans un panier. Puis elle l'emmena à l'intérieur. 

Une fois assis sur un tabouret, elle entreprit de le laver. 

La tête basse, Shuji se laissa faire, silencieux.

Quand elle eut terminé, Kyôko lui mit une petite claque sur l'épaule.