Je m'arrête prendre des pâtes aux saumons chez Fenzy, l'italien au coin de ma rue, puis monte jusqu'à mon appartement tout en croisant mon réceptionniste, Richard, qui a encore la tête derrière son écran de téléphone. Cet homme un peu gauche que j'apprécie pour sa gentillesse et sa discrétion, a bien récupéré mon double des clefs après le passage des réparateurs. Je tourne la poignée, allume la lumière et enlève directement mes chaussures en appréciant la rugosité du sol sous mes talons nus. Je sors directement mon téléphone et vérifie que le wifi est bien en marche. Cinq barres.
Ouiiii !Je fais une petite danse de la joie et lance ma playlist de Jazz sur l'enceinte, tout en vérifiant dans chaque pièce s'il ne manque rien, des hommes sont quand même venus ici aujourd'hui. Abby vient se gratter à mes mollets, je l'attrape pour lui embrasser son front lisse et la repose par terre pour continuer mon état des lieux.
Tout à l'air en ordre, le plaid moutarde sur mon canapé est toujours parfaitement plié au même endroit, au centre de mon canapé en daim marron.
Mon courrier non lu est toujours sur le bar en acajou, puis je vais dans ma petite salle d'eau, tous mes bijoux sont à leur place. Je regarde aussi sous mon lit, là où sont rangés tous mes objets de luxe, certains que mon père m'a acheté avant même que je ne sache marcher, d'autres pour lesquels j'ai travaillé pour me les offrir. Je sors ma petite pièce de collection de sa pochette toute douce orange, un sac Yves Saint Laurent en édition extrêmement limitée parsemé de centaine de couleurs. Comme si un artiste avait mélangé toutes ses toiles dessus.
De l'art pur.
De l'art pur qui m'a couté un rein, pensais-je.Le pire dans tout ça, c'est que je le trouve si beau que je ne le mets pas.
Par peur de l'abimer, mais aussi qu'il soit trop pétant pour les autres. La vie est si monotone, les gens n'ont pas l'habitude de ce type de couleur, j'essaie de m'habiller dans des couleurs les plus classiques possible. Rien qu'à voir le regard des gens sur ma chevelure –que je dompte toujours dans un chignon- le orange ne leur plait pas. Mon père dit qu'ils sont trop gais pour les gens, et que le monde n'est pas prêt pour de la couleur. J'imagine qu'il n'a pas tort.
Il n'a jamais tort.
Je fais un petit bisou sur mon sac et le range de nouveau avant de me relever avec difficulté parce qu'Abby est venu sur mes genoux entre temps.— Olaaa, je sais que je t'ai manqué, mais je suis tout à toi maintenant ! Allez viens !
Je me dirige dans ma cuisine attenante sur le salon, ma chatte sous le bras qui ronronne contre ma poitrine.
Je peux enfin commencer ma routine.
Après avoir saisi la bouteille de vin sur le comptoir, je me sers un demi-verre, je sors les pâtes aux saumons du petit sachet de la boutique et après les avoir réchauffé, j'en verse un quart dans la gamelle d'Abby et lui amène à côté de la table basse tandis que je m'installe, dans le canapé avec mon assiette.
— Alors on regarde quoi ce soir mini blanc de poulet ?
Elle fait la moue, comme à chaque fois qu'elle entend ce surnom débile.
— Très bien, très bien, va pour comédie !
Après avoir mangé toutes mes pâtes, mes pieds reposent sur la table en verre et je paierais cher pour un massage de pieds, là, maintenant. Abby est venue se mettre sur mes cuisses et dort déjà sous mes caresses.
— T'as une vie de rêve tu sais ? Moi aussi j'aimerais bien qu'on me papouille jusqu'à que je m'endorme, et regarde-moi ! Je parle à mon chat, buvant un verre de vin, mangeant des pâtes et regardant une télé-réalité débile sur la fidélité de quasi-stars du porno. Ma vie craint !
Elle bouge la tête comme pour acquiescer, ou peut être me faire comprendre qu'elle veut que je me taise.
— Oh ça va, je sais ce que tu penses, je continue toujours comme si je parlais à un vieil ami légèrement psy sur les bords, c'est moi qui ai voulu partir de l'Italie et faire mes preuves, j'ai la place que j'ai toujours rêvé, je vis dans la ville de mes rêves, je touche mon propre argent, et si je veux, je pourrais même ramener n'importe quel mec ici !
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Le Motesine
RomanceTonío Motesine n'a qu'une mission : surveiller Gabrielle De Luca, la fille du parrain de la Cosa Nostra. La rouquine New-Yorkaise vit dans l'anonymat depuis trois ans, pensant que tout le monde ignore où elle se trouve. Alors, quand on la menace e...