37 - Pardonne-moi

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Quatre chapitres ce soir : chapitre 3/4! Pensez aux étoiles pour chaque svp 🦋

Une fois dans mon lit, je supporte qu'à peine la présence d'Abby contre moi qui se veut réconfortante. Je n'arrive plus à faire le point tant, les questions fusent.

Tant que les questions n'ont pas de réponses.

Mon père... mon père était un homme froid. Mais il n'a jamais été cruel envers moi. Je refuse de croire ça. Je dois lui faire confiance. Il ne m'a pas menti, lui.

J'attrape dans ma commode quelque chose que je n'ai pas allumé depuis longtemps, l'écran se rallume et j'ignore toutes les notifications de mon téléphone. C'est la première fois que je le rallume depuis mon enlèvement. La première fois, depuis que Tonío me l'a rendu.

Je cherche un numéro que je n'ai pas appelé depuis bien trop longtemps.
J'ai besoin de réponses.
J'ai besoin de la vérité.
Mon pouce presse la touche verte, et j'approche le combiné de mon oreille.

Une sonnette, deux...

Gaby, tout va bien ?
Sa voix est empreinte d'inquiétude.
Une vulnérabilité qui me réchauffe le cœur.
À ce moment précis, c'est mon ancien frère qui me parle.
Je n'arrive pas à parler, parce que je ne sais pas par quoi commencer.

Cassio, Cassio j'ai besoin de savoir...
Ma voix est tremblante, fatiguée de toutes ses révélations, pétrifiée à l'idée des réponses qui vont m'être données.
Un long silence s'installe.

Que veux-tu savoir ?
— Est-ce que père aurait pu violer une femme ?
C'est la première question qui me vient.
Parce que si c'est le cas, tout le reste pourra s'avérer vrai.

— Gaby, tu n'es pas prête à ...
— Je dois savoir, je t'en prie.
Un long silence me parvient.
— Oui.
— Que t-a-t-il fait ?
— Tout ce qu'il ne pouvait pas te faire.

Une inspiration.
Un battement de cœur.
Une larme qui roule sur ma joue.
Et toute une vie de regret.

— Pourquoi pas moi ?
— Tu étais le portrait de notre mère jeune, il... je crois qu'il l'a aimé un jour.

Notre mère. Morte en chasse.
Les chasses.
Mon Dieu.

— C'était lui ?
— Il m'en pensait incapable...
— De quoi parles-tu ?
— Dans notre cartel, les femmes sont destinées à épouser un homme comme tu le sais, sans avoir le choix, mais nous... on est élevé pour des choses bien plus horribles.

Plusieurs paroles me reviennent, plusieurs explications de Tonio qui s'arrêtait quand il était sur le point de trop en dire, les évocations du passé des garçons. Leurs mères, ici, leurs morts.

— Ne me dit pas ça, je t'en supplie, ne me dit ça.
Cette fois, mes larmes sont rejointes par des centaines d'autres.
Bien sûr que c'est ça.
Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
Toute ma vie est bâtie sur un mensonge. Le mensonge d'un monstre.

— Il a tué maman sous mes yeux, pour me prouver qu'il avait tous les pouvoirs, il m'a menacé de faire pareil avec toi si je ne faisais pas tous ce qu'il voulait. C'est ça, Gabrielle, notre monde, chaque enfant est sensé tué sa mère.

Cassio.
Tonio.
Julian.

Je pleure tous ces petits garçons qui n'ont jamais eu l'occasion de grandir.
Qui ont été obligé de faire la seule chose impossible pour n'importe quel homme.

— Cassio, je...
— C'est trop tard Gaby, trop tard pour moi.

Sa voix s'étiole.

Je peux sentir sa faiblesse.
Sa tristesse.
Et à quel point mon frère a été abandonné par moi-même.
Je n'ai rien vu.
Mon père. Cet homme que j'ai tant idolâtré.
Rien n'était vrai.
Tout était faux.

Le MotesineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant