40 - Terre bleue

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TW : Scène explicite 🔞
Un moment dans le chapitre, cette musique est recommandée : BE ALRIGHT de Dean Lewis, vous pouvez la mettre quand elle s'inscrit.

Une semaine plus tard, je suis en train de faire du training dans le foret et m'entraîner à lancer mes saïs.

J'adore.

Je deviens plutôt douée en réalité. Ces derniers jours ont été riches en travail, j'ai besoin d'évacuer. J'ai très peu vu mon mari à cause de la merde qu'était le cartel. Tout un tas de choses dont je n'avais aucune idée qu'il fallait faire. Apaiser les tensions, envoyer des mercenaires tuer des hommes, prévoir des achats conséquents de drogues, garder nos territoires, négocier les partenariats affluant. Rien n'est légal. Tout est sombre, et plus d'une fois, j'ai dû me boucher les oreilles pour ne pas entendre les faits macabres de personne sur place de toutes les tueries faites en notre nom.
Tonío m'a laissé tout entendre, il ne m'a rien caché, selon mon souhait, et j'ai plus appris sur le cartel en une semaine que les dix dernières années.

Je continue de courir, essoufflée, une goutte de transpiration coulant au creux de mes omoplates. J'attrape un de mes saïs et le lance derrière moi en lancant le plus fort possible.

— Bordel, biscuittono ! J'ai failli perdre ma jambe !
Mon objet métallique s'est enfoncé dans un grand arbre millénaire, à quelques centimètres de mon mari.
Mari. Bordel, je ne m'y ferais jamais.
Un sourire se dessine sur ma bouche, peut-on être plus fière d'un homme que moi je suis de lui ?
— Je suis rincée. Je n'ai pas arrêté de la journée, j'avais besoin de te voir.
— Et tu as fait toute cette route pour venir me voir ? Tu sais que si j'arrivais à la maison d'une minute à l'autre.
— J'ai passé des années à t'attendre, je suis las de le faire, mio sole.

Je rougis, alors qu'il s'approche d'un pas méfiant.
Alors, montre-moi comme tu progresses ?
Je ne me fais pas attendre, je commence à viser un tronc, le métal fend l'air et vient s'accrocher dans un arbre. Pile là où je visais. Mon sourire de fierté s'étendant.
Bien. Maintenant, vise celui-là.

Il pointe du doigt un arbre encore plus loin, et d'un pas vif, se place derrière moi, son souffle balayant mon oreille et recouvrant ma peau fine de chair de poule. Ma main opposée à lui, tenant un autre saï se plie derrière moi pour me permettre de prendre de l'élan, j'inspire lentement, me concentrant sur mon objectif, les oiseaux qui chantonnent les louanges de la nature, le bruissement du vent dans les feuilles, et d'un coup vif, je lance, vise et atteint ma cible. Sa main chaude vient se poser sur ma hanche, faisant presque le tour de mon ventre, réveillant mon désir inépuisable de lui.

— Bien. Encore plus loin bébé Gabrielle, celui-là.
Il désigne un arbre à des dizaines de mètres, c'est bien trop loin. Bien trop.
— Je n'y arriverais pas.
— Essaye.
Sa voix gronde dans mon dos et fait résonner toute ma colonne vertébrale, je frissonne rien qu'à l'idée de sentir son corps dur contre le mien. Il me lance un défi, un défi que je ne refuserais pas. Je me penche vers ma cheville pour attraper un saï, dans le cache destiné à les garder sans me blesser, et me relève en faisant exprès de jeter mes cheveux en arrière. Je sais maintenant à quel point il aime mon parfum. Je ne montre rien, je me tiens bien droite, je lève le menton. Je ne vais peut-être pas y arriver, mais je vais essayer. Voilà la leçon la plus importante qu'il m'a enseignée.
Essayer. Toujours. Au risque de perdre.
Essayer. Perdre. Se relever. Et encore réessayer. 
Parce que je ne me cacherai plus, je n'accepterai plus jamais qu'on me traite comme de la merde. Je riposterai. Toujours. Je n'ai aucune chaîne autre que celle dans ma tête. Je suis libre et sans chaîne. Le métal fend l'air, et se plante à côté.
J'ai échoué, mais...
— Ce n'est pas si loin, conclut-il.

Le MotesineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant