Le doux bruit d'un chant d'oiseau me sort de cette nuit paisible, le ronronnement familier d'Abby sur le creux de ma hanche me rassure et je tends ma main engourdie par le sommeil pour lui caresser sa tête lisse.
— Et bien mon petit blanc de poulet, je n'ai pas aussi bien dormi depuis... ma phrase s'évanouit dans l'air quand je me souviens et me redresse sur les fesses d'un coup alors que mes yeux brûlent à cause de la lumière du jour. J'ai laissé la fenêtre ouverte, ce qui explique le chant d'oiseaux qui a remplacé le bruit de voiture et de la vie new-yorkaise. Alors que je repasse mes souvenirs d'hier, un tapement sur la porte de ma chambre me fait redresser les épaules et je me fige.
Si c'est l'autre connard arrogant, il faut au moins que je l'accueille avec un petit comité d'accueil.— Une minute !
Je me relève sur mes deux pieds tremblants et commence à farfouiller dans les tables de nuit, puis je disparais dans la salle de bain pour fouiller le meuble de la vasque. Ce qui est débile étant donné que je l'ai déjà fait hier en me réveillant. Je lève les yeux au ciel en constatant que je n'ai aucune arme et j'attrape la bouilloire en métal sur le bureau.
Je m'approche de la porte, l'arme de fortune dans l'autre main et viens l'entrouvrir en passant juste mon nez à travers l'encadrement.
Je cache instantanément la bouilloire dans mon dos en remarquant Marysa dans l'embrasure. Elle porte une robe grise cintrée avec un torchon blanc accroché autour de sa taille, comme les domestiques dans mon ancienne maison. Elle rentre quand je lâche la poignée pour la laisser entrer, puis ses yeux baissent sur ce que je tiens dans mes mains et ses lèvres se pincent.
— Vous vouliez assommer Mr Motesine avec... ça ?
Je regarde l'objet et me sens tout à coup, un peu stupide.
Il fait presque deux fois ma taille, il pourrait me maîtriser même si j'avais un bazooka dans la main, est-ce que je pense une seconde avoir une chance avec une bouilloire ?
Je repose dans son socle l'objet, et reste le dos tourné à Marisa.
— Il t'envoie faire quoi ?
Comme elle ne répond pas, je lui fais face et suis des yeux son bras jusqu'à sa main et l'objet qu'elle tient fermement. Qu'est-ce que c'est ?
Une sorte d'anneau argenté.
J'écarquille les yeux quand je comprends.
— Ne me dis pas que c'est ce que je crois.
Je recule jusqu'à ce que mon dos entre en contact avec la console derrière moi, le cliquetis des tasses surprend Marisa, et je sais que je pourrais gagner du temps si je décide de courir dans le couloir et de trouver une cachette pour me tamiser pour la journée. Peut être même deux, s'ils sont nuls en cache-cache, mais dans tous les cas, ils finiront par le retrouver.
Je relève le menton, étends mon buste et lève une de mes jambes.
— Très bien, fais ce que tu as à faire.
Ses sourcils se froncent et elle montre mon poignet du bras tout en restant dans un silence morbide.
— Ah non, je ne le mettrais pas à mon bras comme un bijou, je veux que ce soit ce que c'est, je veux qu'il soit à ma cheville comme une putain de bague pour volaille, parce que c'est ce que c'est, mon identification pour ne pas me perdre non ?
Elle ne me répond pas et ça m'énerve encore plus, Marysa se contente de hocher la tête et de s'accroupir en relevant son jupon. Le métal froid argenté vient m'enrouler la cheville et je souffle ma protestation.
Je frissonne, prise d'une folle envie d'enrouler mes bras autour de moi. Mais je me garde bien de céder au sentiment de désespoir. Pleurer ne résoudrait pas la situation. Je préfère encore me nourrir de la haine dans mes veines.
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Le Motesine
RomanceTonío Motesine n'a qu'une mission : surveiller Gabrielle De Luca, la fille du parrain de la Cosa Nostra. La rouquine New-Yorkaise vit dans l'anonymat depuis trois ans, pensant que tout le monde ignore où elle se trouve. Alors, quand on la menace e...