5. Defilé noir

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Je ne sais pas si c'est à cause de ma robe, ou du tapis rouge devant lequel la voiture s'arrête, mais le conducteur du taxi descend, fait le tour de sa berline et vient m'ouvrir la porte, il me tend une main que je saisis et je sors dans l'air frais une de mes sandales à talons argentés aux milliers de cristaux. Les lanières sont d'une finesse absolue, et j'aime croire qu'elles mettent en valeur mes petites jambes pâles.

Bonne soirée Madame.

Je lui saisis la main pour le remercier après y avoir glissé vingt dollars pour la course et le service, même si je doute qu'il attendait un pourboire pour cela, il l'a fait uniquement par gentillesse, c'est imprégné sur son visage sous sa casquette. Il vient de m'aider. Plus qu'il n'imaginera jamais. J'avais peur de descendre et de me prendre les pieds dans ma robe, au final, il vient de m'offrir sa main et cela m'oblige à entrer dans la salle, alors que s'il m'avait laissé descendre seule, je serais encore sur la banquette arrière à peser le pour et le contre de ne pas venir ce soir.

Des journalistes sont déjà là, en train de prendre en photo chaque arrivée, mais je ne m'arrête pas alors que je commence ma montée vers l'immense entrée de l'hôtel privé. Le tapis rouge monte jusqu'aux deux portes imposantes où deux portiers se trouvent pour ouvrir à chaque arrivée. La bâtisse est faite en pierres anciennes fraîchement retapées, on peut admirer la beauté de cet édifice, même si je l'ai déjà vu à la visite des lieux la semaine dernière, je suis encore en admiration devant un tel endroit, j'arrive pas à croire que j'ai obtenu cet endroit à un tel prix dérisoire. Je gravis les quelques marches et arrive dans le hall.

Le plafond a un dôme au-dessus de ma tête avec une fenêtre ronde en son centre, je peux y voir les nuages de la nuit, tout autour sont sculptés des centaines d'ornements, feuilles de lys, anges, feuilles d'or. Ce bâtiment est une œuvre d'art retapé des années 1922, c'est pour ça que je l'ai choisi. Tout transpire l'histoire, la beauté et la richesse. Le sol est fait en vieux carrelages aux plusieurs nuances brillantes, du jaune imperial au jaune d'or, si on continue vers la salle de réception un peu plus loin, le plafond s'est transformé en voûtes croisées d'ogives, des sculptures de l'air romaine reposent de chaque côté du couloir et enfin, j'arrive dans le lieu de la soirée. Les murs s'écartent pour faire place à une énorme pièce en contre bas, deux escaliers partent de chaque côté de moi, des escaliers en pierre d'un blanc éclatant. Au centre de la salle, un énorme lustre en cristal domine le plafond. Je n'avais visiter que le hall et pour le reste j'avais vu des photos, mais je ne m'attendais à rien d'aussi somptueux. Je m'appuie à une des rambardes pour détailler mieux la pièce, les invités forment un tableau parfait d'une centaine de costumes et de robes tous plus luxueux les uns que les autres, des serveurs tournent dans la pièce avec un plateau et des coupes de champagne, habillés tout en noir avec une cravate en dentelle pour les hommes, un tour de cou dans la même matière pour les femmes. À ma demande.
Un podium fend le sol en deux, et un écran géant entouré de roses blanches sert de décoration à l'arrière.

Tout est parfait.

Tiens donc, Griffon.

Je regarde par-dessus mon épaule pour apercevoir Patrick qui vient m'imiter et pose ses coudes sur la pierre froide.

Mitchell.

Il détaille mon visage d'un coup d'œil et baisse les yeux sur ma robe.

Tu as fait un effort.

— Venant de ta part, je prends ça comme un compliment.

Il sourit avant de reprendre son sérieux et de regarder l'estrade.

Comment vont les filles ?
Je m'en veux de ne pas être avec elles, je sais que j'ai tout revu avec tout le staff des centaines de fois, et encore ce matin quand j'ai eu Louise et Marie en facecam et qu'elles étaient déjà sur le champ de bataille, mais je crève d'envie d'aller derrière et de vérifier que tout va bien.

Le MotesineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant