Le Motesine

21 - Doigt sanguin

Un chapitre posté juste avant !

— Je te cherchais, s'exclame-t-il.
Oui mec, moi aussi. J'ai rencontré mes deux futurs maris.  Charmants !

Il m'étudie silencieusement sans montrer la moindre émotion,

— Est-ce que ça va ?

— Pourquoi ça n'irait pas Cassio ? Tu vas me choisir des futurs époux respectueux, non ?

Je lui passe devant, aucune envie de l'entendre parler et j'emprunte un escalier qui me ramène au coin vip du début.

Retour à la case départ.

Cassio et Matteo me suivent et s'assoient à côté de moi et je sens leurs regards appuyés sur mon profil. Mon frère regarde sa montre et frappe dans ses mains en s'asseyant au bout de la banquette

— Tout le monde est arrivé, Rossi, Piochki et Federico sont tes trois prétendants officiels.
— Et Monsieur Spring, celui auquel père voulait me marier, n'est-il pas là ?
— Non. Mais Motesine doit venir.

Ma tête se relève d'un coup vers les quelques personnes dans la pièce, est-il déjà là ?

— Si tu veux que je le fasse partir
Gabrielle, dis-le-nous, ce mec t'a enlevé, s'il a été violent, je peux lui faire regretter, ajoute Matteo, alors que mon frère lui lance un regard étrange. Comme si s'intéresser à mon bien être était une ineptie.

— Écoute, demain, je déciderai quel homme tu épouseras.
Cette fois, je recrache la gorgée de champagne dans ma nouvelle coupe.
— Quoi ? Sans écouter mon avis ?
— Les choses ne sont pas aussi simples.
— Alors change-les ! Tu es le fils De Luca, l'héritier, change-les !

Cassio se passe la main dans les cheveux et se lève pour disparaître de ma vision à une vitesse assommante.
Qu'est-ce qu'il a encore ?

— Ton frère est partagé entre trop de mondes, le bien, le mal, le devoir, la liberté, l'amour, la haine... Je ne voudrais pas être dans sa tête, crois-moi.

Je dévisage Matteo, ses dreadrlocks tombent sur ses épaules luisantes, il semble tellement fidèle à mon frère et je me demande qu'est ce qui peut les lier ainsi. Une pointe de jalousie dans le coeur.

— Si seulement je pouvais comprendre pourquoi il m'en veut autant.
— Un jour peut-être micino.
Chaton.
J'ai décidé que j'aimais bien Matteo.
— Et qu..
Ma phrase s'évanouit quand j'aperçois un visage familier qui me rend immédiatement nerveuse, remplissant mes veines de lave. Je ne l'ai vu qu'il y a quelques heures et pourtant mon cœur bat à mille à l'heure en l'apercevant. Ses yeux croisent les miens et quand je débats intérieurement du pour et du contre d'aller lui parler, il détourne le regard et vient serrer la main de deux autres hommes.
Tonío m'ignore totalement, j'imagine que c'est pour se protéger, mais son rejet me fait tout de suite quelque chose.

Après quelques coupes de plus, Cassio daigne se montrer à nouveau et vient me chercher. Il a d'abord vérifié mon visage, si mes yeux n'étaient pas trop vitreux et m'a briefé de ne pas parler. Je dois juste répondre aux questions qu'on me pose. Une poupée.
Voilà ce que mon frère veut que je sois pour la soirée. Il semble stressé depuis qu'il est revenu, sa mâchoire est serrée, son front luit d'une légère moiteur et ses cheveux semblent assez décoiffés pour que je comprenne qu'il y a passé la main plusieurs fois. En le suivant, Matteo toujours derrière moi comme un de mes gardes personnel, j'essaie de m'appliquer à marcher sur mes talons sans trébucher. Je veux les rencontrer, mes potentiels futurs maris. Tout mon espoir est sur le dernier que je ne connais pas, ma gorge est sèche et à l'instant, mon corps a besoin de plus d'alcool pour survivre à cela. Chaque pas me rapproche de mon destin, chaque pas me fait mal, chaque pas est un supplice.