30 - Preuve formelle

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Nous arrivons dans la salle à manger où tout le monde nous attend, Lara est sur les genoux de Julian, qui lui caresse la cuisse et je repense soudainement à notre position de ce soir avec des frissons.

Un rôle Gaby, un rôle. Rien de plus.

— Bon ça n'a pas été facile du tout, mais j'ai réussi à lancer le programme de mon père dans l'ordinateur de Rossi et son PC s'est transféré dans son intégralité sur cette petite chose.
Lindon fait tourner une clé usb entre ses doigts avec un sourire animal. Son père est le parrain d'un cartel espagnol, il nous a aidé en nous donnant une clé espion de dernière génération.

L'ennui, c'est que Julian a dû tuer deux hommes et que Nikolas va se douter de quelque chose en constatant leur disparition, commence Tonío.
Deux hommes. Deux hommes sont morts pour cette clé qui ne nous apportera peut-être aucune réponse.

— Faisons en sorte qu'ils ne soient pas morts pour rien alors, s'empresse d'ajouter Tonío en devinant mes pensées noires.

Nous avons passé la soirée à chercher le moindre petit détail qui pourrait porter défaut à Nikolas, j'ai fini par m'endormir sur le canapé et quand je me suis réveillée ce matin, j'étais dans mon lit, la couverture sur moi. Je sais très bien qu'il m'y a mis et ça me tue de voir à quel point il prend soin de moi, mais me traite comme une étrangère à la fois. Tout au long de la journée, Dan et Lindon ont continué de chercher chacun sur un PC des indices pour l'incriminer et le rendre incapable de m'épouser. Marysa n'a jamais autant fait de café et Sergio nous a préparé des Buffalas maison qui était à tomber par terre !

Putain, on y est ! Lindon recule de sa chaise et enlève son casque alors que Julian et Tonío arrivent d'un bond.
J'attends, assise droite en tapotant du doigt sur mon jean, mais au bout de dix minutes, rien ne vient. Ils n'ont pas bougé, se partageant tous un écouteur. Je crois même que je m'assoupis sur le canapé, car quand j'ouvre les yeux j'entends,

Tu penses vraiment qu'il peut faire ça ?

— Il a toujours été dans des affaires bien plus sombre que le trafic de drogue, ça ne m'étonnerait pas, répond Julian à Tonío.

Je crois que je vais gerber, intervient Dan en se levant et en disparaissant dans le hall.

C'est si horrible que ça ? Demandais-je avec une voix éraillée par le sommeil et ils semblent remarquer ma présence sur le canapé, emmitouflée sous les couvertures comme s'ils m'avaient oublié.
Tu n'épouseras pas Nikolas Rossi piccolo sole.
Mon petit coeur éclate, mais je me ravise.
Qu'avez-vous trouvé ? Je me lève un peu trop vite et vois des petites étoiles danser, je reprends une bonne inspiration et avance pour contourner la table et regarder l'écran du PC que Dan a abandonné.

Je ne te montrerais pas, mais crois-moi c'est suffisant, me répond Tonío qui me barre la route.
— Je veux savoir ce que ça concerne.
— Trafic de femmes, peut-être même d'enfants, dit Julian froidement.

Je ne l'ai jamais vu comme ça, aussi écœuré et je veux bien croire que ce qui se trouve sur cette clé dépasse tout ce que j'imagine, si même l'homme le plus glacial que je connaisse se sent dégouté.

Je vais le tuer.
J'ai à peine le temps d'enregistrer les mots de Tonío, qu'il s'est déjà élancé vers la porte, le poing fermé contre sa hanche, l'autre caressant doucement le manche de son couteau. Julian a bondi tel un tigre et le rattrape à une vitesse et une souplesse incroyable,

Non !
Tonío enlève sa main de son épaule et continue à avancer.

Rien de bon va arriver.

Le MotesineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant