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Il est dix neuf heures quand le vrombissement de ce matin se fait entendre dans la cour avant de s'arrêter. Je vérifie que tout est ok, les plats au four, la table dressée. Je pars précipitamment dans ma chambre pour me laver avec une boule d'excitation dans la poitrine. Ça ne m'est pas arrivé depuis très longtemps. Marisa m'aide en me tressant les cheveux, coupant mes ongles et elle laisse un pyjama sur une chaise. Celui-ci est composé d'un short blanc avec des donuts coloré et un chemisier à manches courtes assorties. Je l'enfile avant de regarder la montre à gousset qu'elle a réussi à me trouver. 19h58.
Je suis dans les temps, il avait dit 20 heures.
Je grimace à l'idée de lui obéir, mais ça va valoir le coup.En arrivant dans la salle à manger, Tonío est en train d'allumer le feu sur la droite et je pars m'asseoir à ma place, je peux sentir son regard me brûler le dos et le profil, mais il ne dit rien. Je fais le service, je dépose une feuille de salade, puis une nem dans chacune de nos assiettes, je nous sers même du vin et m'assoie enfin. Tonío se lève, il époussette le bas de son pantalon gris anthracite, et approche en manquant de me couper le souffle.
Est-ce que ça va me faire ça à chaque fois que je le vois ? Il reste silencieux, regarde avec suspicion les assiettes pleines, puis enlève sa veste assortie à son pantalon pour la mettre sur le dossier de sa chaise. J'évite de regarder le tatouage sur son cou disparaître sous sa chemise blanche, et il redresse ses manches sur ses coudes. Je dois me faire tord pour ne pas glisser mes iris sur les veines saillantes qui vont de ses doigts jusqu'à disparaître dans l'ourlet du tissu, ses tatouages ont l'air tellement... hypnotique.
— Vas-tu vraiment obéir et m'attendre ici chaque soir ?
— Pourquoi ? Tu as peur d'y prendre plaisir ? Crachais-je avec un sourire en coin
— Non. Il prend la nem en main et l'approche de ses lèvres, bien sûr que non.
— Bien, répondais-je en prenant une gorgée de mon vin tout en appréciant la tête qu'il fait en croquant dans le croustillant. Je pince mes lèvres pour m'empêcher de rire. Je lui ai donné le plus foireux de tous, même s'ils le sont quasiment tous.
Je m'attends à ce qu'il appelle Marisa, mais qu'elle n'arrive pas malgré ses plaintes, car je lui ai donné sa soirée, mais il avale la farce, s'essuie la bouche avec une serviette en tissu beige pale et bois une gorgée de vin.
— Tu penses vraiment que j'allais accuser Marisa pour ce repas ?
Putain ouais.
Comme je ne réponds pas, il continue.— Je t'ai observé chaque soir cuisiner les choses les plus étranges qui soient, Marisa n'aurait jamais cuisiné des nems premièrement, et elle m'aurait encore moins servi un truc comme ça.
Il secoue devant moi le rouler frit qui ressemble plus à un verre éventré qui a trop brûlé qu'a une nem.
— Donc vous l'avouez ?
— Quoi donc ?
— Vous m'avez espionné espèce de stronzo ?
Connard en italien.Son regard vire au noir, des milliers de petites ombres dansent dans ses rétines vertes et avant que j'aie le temps de comprendre ce qu'il se passe, ma chaise a crissé sur le sol et il l'a amené en face de lui, chaise contre chaise. Ses mains sont sur mes accoudoirs et il est penché vers moi tout en me lançant des balles avec ses yeux. Je n'ai pas l'habitude de me sentir intimidée par les hommes, mais un instinct naturel me donne envie de me recroqueviller tout au fond de ma chaise. J'ai soudain l'impression d'avoir fait une grosse connerie, mais la part de moi qui aime l'énerver fait que je me tiens encore plus droite, la tête encore plus haute, la colonne vertébrale qui s'étend comme je peux. Son parfum de cèdre et de menthe emplit mes narines et je dois serrer les dents pour ne pas apprécier cette odeur. Il sent bon. Vraiment bon.
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Le Motesine
RomanceTonío Motesine n'a qu'une mission : surveiller Gabrielle De Luca, la fille du parrain de la Cosa Nostra. La rouquine New-Yorkaise vit dans l'anonymat depuis trois ans, pensant que tout le monde ignore où elle se trouve. Alors, quand on la menace e...