4. Biscottino

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Il raccroche et met son téléphone dans la poche de son pantalon à pince noir.

Mme Tricari se joint à nous, sa voiture est en route.

Je ressors mon bon vieux sourire de faux-cul en marmonnant un génial et pars m'asseoir sur une chaise libre.
Il manquait plus que celle-là.
La mouette de New-York !
L'endroit est plutôt calme, cette pièce du restaurant est gigantesque, les baies vitrées surplombent New York avec une vue panoramique, le plafond est haut, s'il fallait éteindre l'alarme incendie cette fois, il me faudrait une échelle de pompier. Tout est élégant et épuré. Ça pue l'argent si vous voulez mon avis.
En même temps au prix du plat, ce n'est destiné qu'aux privilégiés. Tous les hommes de la pièce sont en costumes et les femmes en tailleurs Dior ou Chanel, c'est une chance qu'on est réussi à avoir une réservation ici. Je n'en croyais pas mes yeux en découvrant le mail de confirmation ce matin.
Il y a un bar au fond de la pièce, des dizaines, voire centaines de bouteilles sont exposées derrière les deux baristas qui s'activent à faire des cocktails au nom de fleurs ou de friandises.

Oh Bridget !

Patrick dépose sa serviette en tissu sur le côté de son assiette comportant un poulet aux olives, et se lève pour faire une bise à Mme Tricari. Qui  l'appelle par son prénom ? ça, c'est une première dans l'histoire de ma carrière.

Je me lève à mon tour et la salut d'un hochement de tête

Mme Tricari, je tends ma main
Ses yeux de vipères, habillés de faux cils bien trop grand pour elle, me regardent avec dédain alors que ses cheveux d'un blond platine s'éparpillent sur sa poitrine refaite et rougit par le soleil des Bahamas.

Euh, je ne me souviens plus, Gipsy ?

Je resserre légèrement mon étreinte sur sa main, c'est juste la trentième fois qu'on se salue.
Gabrielle.

— C'est charmant, est-ce que vous avez commandé mon poisson ?

— Pardon ?

— Euh, Gabrielle est notre chargée commerciale Bridget, interrompt Patrick.

Deuxième fois qu'il me surprend aujourd'hui.

Oui, bien sûr, pardon Anaëlle,
Gabrielle, connasse.
Pourriez-vous appeler le serveur ? J'ai fais un long voyage et j'ai besoin de reposer mes pieds.
Peut être que si tu ne portais pas des talons de 20 centimètres, ça irait mieux, sérieux c'est des objets de tortures ou des chaussures ?

Je prends ses mots comme un affront, je reste plantée là sans bouger. En plus de l'irrespect, c'est méchant, chaque mannequin ou couturière a entendu qu'elle me parle comme si j'étais le larbin de service. Je suis gênée et furieuse. J'imagine sa bouche sur un pic, puis je me souviens que je ne suis pas comme ça, je ne dis jamais rien, et ce n'est pas avec ma grande patronne que je vais commencer.
Mais je ne vais pas non plus faire ce qu'elle me demande, je lui adresse un sourire et sans répondre, me dirige vers le bar où je prends un whisky sec et le bois en réprimant une nausée. C'est infâme.

Elle est juste jalouse que son mari te trouve plus brillante qu'elle.

Je n'ai même pas entendue Samantha se joindre à moi et son épaule parfaitement dorée me donne un petit accoup qui se veut, sans doute, réconfortant.

Merci, comment va Benoit ?

Benoit est son compagnon depuis que je connais Sam, c'est-à-dire depuis la fac. Quand j'étais la rousse à appareil dentaire, et qu'elle était la blonde gymnaste. On ne traînait pas ensemble, mais elle a toujours été gentille avec moi. Depuis, elle et Benoit sont fiancés et leur mariage est prévu dans un mois.

Le MotesineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant