À table !

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Elle avait désormais la totalité de mon appareil génital dans la bouche.

Avant de sombrer totalement dans l'ivresse, je ne pus m'empêcher de penser à la pilosité de mes testicules. Je ne m'étais jamais épilé cette zone, mais cela aurait été plus agréable pour elle. J'imagine que les poils doivent piquer un peu. Ce doit être comme sucer deux petits oursins. Je m'enquiers maladroitement d'un :

— Ça va ?

Elle aurait acquiescé d'un « mmhmma » si elle parlait la bouche pleine, mais elle avait reçu une éducation. Ma mère m'a toujours dit que je vivrais plus heureux avec une fille de la même origine sociale que moi. Je pense que Anne lui plairait. Je passais ma main dans ses cheveux bruns en regardant le plafond d'un air rêveur. Entre deux bruits de succion, je m'imaginais les repas de famille si je l'amenais avec moi. Je n'ai jamais eu l'habitude de présenter mes conquêtes à mes parents, mais celle-là méritait une exception. Au son des huitres gobées et des rires, ils s'adopteraient mutuellement. C'est décidé : on passerait voir la famille samedi prochain.

— Dis, tu aimes les huitres ?

Inaltérable, elle continuait son œuvre sans se laisser déconcentrer. Elle utilisait désormais ma verge comme un cure-dent sous ses lèvres retroussées. L'abondance de salive me fit tourner la tête. J'espère qu'elle mange proprement. Je n'y ai pas fait attention jusque-là, mais s'il y a bien une chose que mes parents ne pardonnent pas, c'est la tenue à table. Ma mère rappelait constamment : « Tiens-toi droit », « On s'essuie la bouche avant et après », « les coudes ». Or, je la connais gourmande, ma gloutonne. Un écart est si vite arrivé, mais il faut de la prestance avant tout. Il serait sage d'organiser un diner-test.

Je réfléchissais avec qui je pourrais arranger cet essai quand elle cessa soudainement sa légère mastication, cracha mon gland comme un noyau de pêche et s'exprima :

— Dis-moi si je te dérange hein...
— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Dans un soupir et en jetant son dos sur le matelas, elle se plaignit :

— C'est chiant de vous sucer, vous les juifs. Le problème, c'est que vous n'avez plus le gland sensible.
— Hein ? Mais si, j'ai le gland sensible ! J'ai le gland sensible bébé. C'était super.
— Allez ! Arrête. Tu crois que je n'ai pas vu que tu pensais à autre chose ?

Après une pause, je lui proposai :

— Ça te dirait de diner demain soir avec mon oncle et ma tante ?

Elle me fixa avec un dédain outré :

— C'est à eux que tu pensais quand...
— Non ! Non ! Je pensais à ma mère en fait, et...
— Hein ?
— Il serait temps que tu rencontres mes parents. Enfin... J'aimerais bien te les présenter, lui avouais-je en caressant son épaule. Elle s'écarta d'un « aark ! » de dégout et fila dans la salle de bain.

— Tu sais, elle cuisine très bien ! eus-je à peine le temps de lui lancer avant qu'elle claque la porte.

Elle ressortit en furie pour me tenir ce discours :

— Je suis là à te sucer la bite, à donner de ma personne pour ton plaisir, et toi, tu divagues comme si je n'existais pas. Non, mais dans quel monde vit-on quand une femme s'efforce de donner le meilleur à ceux qu'elle aime et ne reçoit que de l'ingratitude en retour...

Je souriais à ses propos passionnés et je ne pus m'empêcher de remarquer :

— Tu me fais penser à ma mère.
— Aaaaaaaaaargh ! s'égosilla-t-elle à nouveau en se réfugiant dans la salle de bains.

J'abandonnais l'idée des fruits de mer. Elle est peut-être allergique.

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