Paréidolie

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Un enfant nait et s'émerveille de tout ce qui l'entoure. Il ne connait rien, et découvre donc tout. Il se nourrit des formes, des animaux, des silhouettes, des gens, des couleurs.

Après quelques années, il s'est déjà constitué une petite bibliothèque de connaissance. Il va pouvoir commencer à interpréter ce qu'il voit. Ce nuage devient ainsi un éléphant. Cette ombre d'arbre lui évoque un visage de sorcière.

Tout ce qui l'entoure devient sujet à interprétation, et cela se réalise grâce à sa base de connaissances. Il grandit et cette base grandit avec lui. Il apprend, s'éduque et ses interprétations se font plus évoluées : cette fille lui fait penser à une rose ; ce mouvement de foule ressemble à une marée ; cette pomme qui tombe évoque la gravité.

Il continue d'aimer ce jeu de l'analyse, car il devient de plus en plus complexe, de plus en plus passionnant. Il aime tellement interpréter ce qui l'entoure à travers ses références culturelles qu'il en élabore des règles : il crée les mathématiques, la physique, la sociologie, la philosophie.

Ce sentiment qui découle de ses réflexions est tellement grisant qu'il veut passer de l'autre côté, et à son tour créer des sujets d'interprétations : il se met alors à peindre, à écrire, à photographier, à sculpter, à filmer. Dans un cercle vertueux, ces deux aspects de sa soif d'interprétation se croisent, se mélangent, s'influencent.

Et c'est ainsi que naquît toute la civilisation moderne, à la seule force évocatrice de la forme du nuage.

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