La nouvelle Jane (En réécriture)

Le cœur de Jane

Le lendemain, Félix était sortit de son bureau bien avant l'arrivée de son personnel. Il avait un sourire incontrôlé sur le visage, comme un enfant préparant une surprise à ses parents. Il se posa au bureau de sa belle assistante attendant le cœur battant son arrivée. Il savait bien que c'était encore un caprice, mais ne pouvait s'empêcher de frémir d'impatience. L'odeur fleurie de sa jolie assistante planait autour de lui et il l'humait avec délectation tandis qu'il entendait ses petits pas approcher.

Elfie n'était pas préparée à cette apparition matinale et lorsqu'avec un sourire un peu embarrassé, il l'invita d'un geste à monter, elle hésita ne pouvant cacher son appréhension. Qu'avait-il encore préparé ? Chaque marche lui sembla une montagne à gravir tant elle avait peur que cela ait un rapport avec sa rencontre avec Alexandre la veille.

Dans son bureau, contre le mur, cinq ou six paires d'escarpins de luxe et à sa taille étaient docilement alignées. Des noires vernis, de bleus en daim, des beiges, une paire de bottines... Elles avaient visiblement déjà été portées mais étaient en excellent état. En les lui montrant, Félix, retenant avec difficulté une joie bien trop grande pour l'occasion, lui dit d'un air mutin :

- Choisissez celles qui vous plaisent le plus.

Elfie était très perturbée aussi bien par son comportement presque puéril que sa proposition. Mais il fallait bien admettre que ce qui l'a troublait le plus était qu'on lui offrît de si belles affaires. Elle ne recevait pas souvent de cadeaux et n'en avait pour ainsi dire jamais reçu de la part d'un homme. Ses joues prirent une belle teinte rosée qui alluma définitivement le sourire pour l'instant retenu de Félix.

Intimidée, Elfie n'osa pas refuser et avança timidement pour les essayer, elle n'avait pas l'habitude de porter des talons. Elle posa avec émotion un premier pied dans une chaussure noire vernie. Elle lui allait à la perfection, voici donc ce que dut ressentir Cendrillon lorsqu'elle essaya ses belles pantoufles de vair ! Et sans attendre, avec un frisson de plaisir, elle fit de même avec la seconde et s'éleva de quelques centimètres. Un sourire incontrôlée apparut sur son visage enfantin. Elle se sentit grande et belle avec ces magnifiques chaussures. Elle se tourna vers Félix qui était au moins aussi ravi qu'elle et qui avait de plus en plus de mal à rester stoïque face à la réaction adorable de sa jeune assistante.

Elfie avait un peu honte de prendre autant de plaisir à mettre de simples chaussures, cela ne lui ressemblait pas du tout. Elfie était discrète, n'aimait pas attirer les regards et elle ne portait pas attention à sa garde-robe. Mais n'était-elle pas Jane à cet instant ? Oui, Jane ne pouvait être qu'heureuse de prendre de la hauteur, d'être belle et regardée. Un peu branlante, Elfie fit quelques pas vers son patron.

Branlante ! Cela lui donna une idée que seule Jane pouvait lui inspirer. C'était le moment de « jouer de ses charmes » car pour la première fois de sa vie, elle se sentait réellement charmante. Elle fit donc un pas de plus vers son patron et accentuant son déséquilibre. Si bien qu'elle le perdit réellement, tombant bien évidemment dans les bras de son bel entrepreneur. Quel cliché mais quelle réussite car il ne manqua pas de la rattraper et elle sentit son corps se tendre sous son contact.

Fière d'avoir obtenu le résultat escompté, Elfie leva le regard vers lui. Malheur, qu'avait-elle fait là car elle se perdit pour la seconde fois dans l'océan de ses yeux bleus. Il l'avait aidé à se redresser, mais leur corps était maintenant si proche qu'elle sentait son souffle. Avec ses talons, elle arrivait presque à sa hauteur et n'avait qu'à peine besoin de lever les yeux pour le regarder en face. Son coeur s'était emballé et la sensation de ses mains chaudes sur ses hanches lui faisait tourner la tête, sans compter son parfum boisé qui emplissait ses poumons à chaque fois qu'elle inspirait pour essayer de calmer les battement affolés de son cœur.