La nouvelle Jane (En réécriture)

Le point de non-retour

Félix ne put contenir un soupir de soulagement tandis qu'il posèrent un pied sur le trottoir. La fraicheur de la saison lui fit un bien fou et lui permit de rependre définitivement ses esprits. Un grand soulagement l'envahit. Il avait réussi... pour la première fois de sa vie, il avait réussi à combattre ses bas instincts. Mais cela le ramena inévitablement à cette sombre nuit où cela n'avait pas était le cas et un voile sombre couvrit son regard.

C'étaient toujours les mêmes circonstances. Il avait pourtant réussi pendant près d'un an et demi à éviter toutes situations qui aurait pu l'entrainer au pire. L'abbé Duval à qui il avait fini par confier ses tromperies et sa faiblesse face à l'alcool et aux soirées, l'avait grandement aidé. Il lui fallait non seulement éviter de céder à la tentation mais aux vues de ses difficultés, éviter les occasions même de ces tentations. Et c'est ainsi que pendant près d'un an et demi soit il refusa les invitations, soit il se restreignait à ne boire qu'un verre ou deux, maintenant ainsi une lucidité et un contrôle suffisant pour ne pas céder à ses pulsions.

Zoé lui en voulut pour ce changement radical de comportement. Il la rejetait systématiquement. Depuis la révélation de Jane, il était hors de question qu'il recommençât ses comportements malsains.

Mais cela était sans compter sur la détermination de ses amis et notamment de Guillaume.

Ainsi, deux mois avant son mariage, dans le froid de l'hiver de janvier, les amis d'Édouard insistèrent pour lui faire un enterrement de vie de garçon digne de ce nom. Édouard voulait quelque chose de simple, de bon enfant mais ne fit pas le poids face à la la bonne volonté de ses amis. Il accepta l'alcool. Après tout, s'il n'y avait pas de filles, la tentation était inexistante et il se dit que pour la dernière fois de sa vie il pouvait se permettre, comme avant sa rencontre avec Jane, d'être ivre. Que risquait-il à part déclamer des poèmes à la lune avec Guillaume ?

Pourtant, vers minuit, ses compagnons eurent une nouvelle idée qui le mit une nouvelle fois dans cette situation si difficilement évitée, cette occasion de tentation qu'il avait fui pendant de longs mois au prix de grands efforts. Ils l'entrainèrent en boite de nuit, lieu de débauche et de lubricité par excellence. Il n'avait jamais particulièrement apprécié ce genre de lieu, trop clinquant, trop bruyant, trop populaire pour l'esthète qu'il était, mais avec deux grammes d'alcool dans le sang, son cerveau reptilien reprit irrémédiablement le dessus, cherchant avidement ces ambiances licencieuses avec ces musiques emplies de basses, faisant vibrer le coeur à un rythme envoutant et surtout la chaleur d'une jolie fille dans la foule compacte.

Il aurait du être surpris de la voir précisément dans ce lieu mais son esprit critique avait été noyé par les verres qu'il s'était enfilé quelques heures avant. Car parmi cette foule, il y avait un groupe de jeunes filles en particulier qui aurait du allumer toutes les alarmes de son cerveau. C'était Zoé et ses copines qui semblaient les attendre, verres de cocktails à la main et bouches en coeur. Sans hésitation, Zoé, succube en petit robe noire lui arrivant à mi-cuisse et avec un décolletée profond se jeta se lui. Elle passa négligemment sa main le long du col de sa chemise et lui lançant :

- Il parait que c'est ton enterrement de vie de garçon.

- On a trouvé mieux que des strip-teaseuses pour ta dernière fois avant de te mettre la corde au cou, lança Charles, un ami de promotion, en lui donnant un grand coup dans le dos.

Lui même alla s'asseoir entre deux autres filles, tandis que Guillaume revenait avec d'autres verres plein.

- À Édouard ! crièrent-ils tous en chœur en levant leur verre, tandis que Zoé s'était installé si proche de lui que leur corps ne semblait ne faire qu'un. Faisant glisser sa main le long de son pantalon, posant la sienne sur ses cuisses nues, il ne fallut pas bien longtemps pour qu'Édouard ne cédât à ses pulsions primaires et n'embrassât à plein bouche cette aguicheuse. Il était faible, si faible...