Comme il l'avait promis à Elfie, Félix se rendit dès le lendemain dans le bureau de Cédric Marcoux. Il prit cependant le temps cette fois de le prévenir de sa venue pour lui éviter une nouvelle vague d'angoisse dont il prendrait des jours à se remettre.
Comme la fois précédente, Cédric ne se fit pas prier pour répondre honnêtement aux interrogations de Félix. Cependant, contrairement à ce qu'il attendait, les informations que lui donna le responsable du service-client ne le confortèrent pas du tout dans sa position. lI pensait montrer à son assistante que son intuition la trompait mais ce fut loin d'être le cas. Cédric, avec fierté, lui assura qu'il n'y avait jamais eu de vagues de plaintes auparavant, que c'était presque le calme plat avant les dernières semaines. Il ajouta d'ailleurs sans honte que l'effervescence qui régnait dans son service depuis étaient émotionnellement difficile à gérer pour lui qui aimait la tranquillité. Félix put effectivement constaté par lui-même le stress de Cédric qui fut interrompu plusieurs fois lors de leur entretien. Comme l'avait remarqué Elfie, toujours très observatrice, il était absolument incapable de mentir ou de cacher quoi que ce soit.
Félix repartit de cet entretien plus confus que jamais. Philippe jouait-il réellement un double-jeu, lui cachait-il quelque chose ? Devait-il se méfier de Philippe avec qui pourtant il formait une excellente équipe ? Sa petite souris avait-elle donc non seulement la discrétion nécessaire pour surprendre des discussions compromettantes mais en plus une intuition salvatrice ?
Ne voulant se laisser aller à des conclusions hâtives, Félix envisagea d'autres possibilités. Et si tout simplement Philippe ne parlait pas de vagues de plaintes chez Vandenesse mais chez Richard de Trannoy où il travaillait précédemment ? Aussi, Félix remarqua-t-il avec circonspection que les bénéfices de l'entreprise s'étaient stabilisés depuis quelques semaines et avait même commencé à remonter. Philippe avait-il donc raison, ce n'était qu'un passage difficile qui se tasserait de lui-même ?
Ne pouvant rester dans cette état d'incertitude handicapante, Félix prit deux résolutions. La première fut de laisser de côté ses craintes concernant Philippe tout en tentant de trouver une cause profonde et réelle à toutes les plaintes et la seconde concernait son assistante dont l'intuition l'avait impressionné, il fallait désormais qu'elle vint partout avec lui, qu'elle soit ses yeux et ses oreilles lorsqu'il était de dos ou absent.
Ainsi, bien décidé à tirer cette histoire de plaintes au clair, Félix prit la décision d'aller visiter ses laboratoires d'essais où il ne mettait que rarement les pieds, la chimie n'étant pas son domaine. Il laissait ses collaborateurs gérer cette partie et n'était informé des avancées que par des réunions bi-mensuelles.
Lorsque quatre ans plus tôt, son père émit l'idée de créer une nouvelle branche spécialisée en parfumerie, Félix sauta sur l'occasion pour proposer d'en devenir le directeur, acquérir une certaine liberté mais surtout laisser libre court à ses talents d'entrepreneur. Il avait depuis son arrivée dans l'entreprise de son père à 23 ans fait ses preuves à de nombreuses reprises et lui demanda le privilège de monter lui-même le projet de toute pièce. Richard, fier de la progression de son fils à qui il comptait bien un jour remettre les clés de son entreprise, accepta sans mal. Félix avait déjà une idée derrière la tête car au cours de ses études, il avait eu le loisir de fréquenter de brillants ingénieurs qui s'étaient orientés vers la recherche. Avec ses talents d'orateur, il convainquit sans peine une poignée d'entre eux de travailler pour lui, avec un objectif : révolutionner le domaine de la parfumerie en proposant des parfums écologiques et fabriqué avec des produits français. Le défi fut de taille mais en un an il avait monté une équipe et avait des résultats concluants. C'est ainsi que naquit Vandenesse qui grignota tranquillement mais sûrement pendant les 3 années suivantes les parts de marché des autres parfumeurs, et notamment celles de Rummage, le numéro un.
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La nouvelle Jane (En réécriture)
Espiritual« Mademoiselle Elfie Vuarnet ?... Ici vous serez Jane ». Voici la première phrase que Félix de Trannoy dit à sa nouvelle assistante, Elfie. Tout juste diplômée en commerce, elle vient de conclure un marché risqué avec Rummage, célèbre parfumeur pou...