Mettant de côté ses réflexions métaphysiques, Félix passa sa soirée à éplucher les documents envoyés par Cédric Marcoux. Passant frénétiquement ses mains dans ses cheveux, il s'en voulait terriblement d'être passé à côté d'un tel problème. Les plaintes pleuvaient chaque jour et, s'il se réjouissait de l'efficacité de Cédric et de son équipe à les traiter au point d'éviter que le problème ne fuitât au grand public, il n'arrivait pas à expliquer qu'il fut passé à côté de ce changement de situation.
Était-il si distrait ? Le mois de février avait toujours été particulièrement difficile émotionnellement depuis la mort de Jane mais jamais encore il n'avait perdu le fil des activités de son entreprise, c'était d'ailleurs sa bouée de sauvetage pour survivre à ce sombre mois. Mais pour la première fois depuis neuf longues années, il avait eut l'impression de survoler ce mois de deuil et de tristesse avec une certaine légèreté grâce à la présence fiable de sa nouvelle Jane et de leurs discussions passionnantes. Ou, au contraire, était-ce à cause d'elle qu'il ne s'était pas suffisamment donné dans son travail et qu'il avait été si déconcentré ?
Peu importait maintenant car le mal était fait. Il lui fallait trouver une explication et surtout une solution.
Dès la première heure le lendemain, Félix convoqua avec détermination son second, Philippe Ducarme. Il appréhendait beaucoup cette discussion. Il était hors de question de l'accuser de but en blanc ou d'impliquer son assistante.
- Félix ! Que me vaut l'honneur d'une convocation de si bonne heure ? J'espère que je ne vais pas me faire réprimander, plaisanta le quarantenaire de bon cœur.
Philippe tout comme Judith étaient les piliers de Vandenesse, anciens et fidèles employés de Richard de Trannoy avant de travailler pour Félix. De la même manière qu'avec Judith, son père avait immédiatement proposé à Félix de prendre dans son équipe Philippe, qui du haut de ses 17 années d'expérience chez de Trannoy avait fait ses preuves de multiples façons. Richard ne faisait que vanter ses compétences de gestion du personnel ou des projets. Il savait déléguer lorsque cela était nécessaire mais avait aussi le nez fin lorsqu'il voyait une opportunité. Il avait monté les échelons comme on monte des escaliers, avec facilité et naturel. Et Richard, comme souvent, ne s'était pas trompé. Philippe était excellent, il avait les qualités sociales et relationnelles qui manquaient souvent à Félix. Il arrivait à apaiser les conflits dans l'entreprise avec une aisance déconcertante, toujours dans la bonne humeur qui le caractérisait si bien, sourire aux lèvres et mains dans les poches. Il n'avait pas comme Félix le goût de la négociation ou de la compétition, il n'avait pas non plus une éloquence envoûtante, il n'aimait pas être face à des investisseurs avares de leur argent, des requins prêts à tout pour gagner le moindre sous et tirer le meilleur parti du moindre contrat. C'est pourquoi Félix et lui se complétaient parfaitement, de la même façon qu'un président et son premier ministre sont censés le faire. Félix géraient les relations extérieures, tandis que Philippe avait la main mise sur la communication interne.
- Non pas de réprimandes mais des explications... lança Félix non sans appréhension. Pourquoi ne m'as-tu pas mis au courant de la recrudescence des plaintes sur nos derniers produits ?
Philippe leva un sourcil inquisiteur mais ne perdit aucunement de sa contenance, son éternel sourire aux lèvres. S'appuyant alors sur les accoudoirs de son fauteuil dans une posture nonchalante, il annonça platement :
- Ce n'est qu'un soucis passager ! Je n'ai pas l'habitude de te tenir au courant de problèmes aussi mineurs.
- Comment oses-tu affirmer que ces plaintes soient insignifiantes alors qu'un des investisseurs m'en a parlé hier. Si des rumeurs circulent parmi nos actionnaires, cela ne devient plus un problème mineur, comme tu le dis. Je ne peux pas être serein et efficace dans mes négociations si c'est lors de réunions que j'apprends par des étrangers les difficultés de ma propre entreprise !
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La nouvelle Jane (En réécriture)
Espiritual« Mademoiselle Elfie Vuarnet ?... Ici vous serez Jane ». Voici la première phrase que Félix de Trannoy dit à sa nouvelle assistante, Elfie. Tout juste diplômée en commerce, elle vient de conclure un marché risqué avec Rummage, célèbre parfumeur pou...