Qui est Alexandre ?

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En rentrant de leur déjeuner, Elfie était très confuse, partagée entre deux émotions contradictoires. Bien qu'elle venait un passer un moment fort agréable, elle ne pouvait se laisser complètement porter par cette nouvelle joie qu'elle n'avait jamais connue : celle de connaitre une amitié détachée et sincère, car elle était régulièrement piquée au cœur par le fait que Félix ne cessait de l'appeler Jane malgré sa confidence sur son prénom, Elfie. L'avait-il entendue, l'avait-il comprise ? Elfie ne le sut jamais car ce fut bien Jane et toujours Jane qu'il continua de la nommer et son vrai prénom tomba à nouveau aux oubliettes.

C'était donc Jane et non Elfie qui était amie avec Félix, constatait-elle avec amertume. Mais elle était résignée car Elfie n'était après tout qu'une espionne et une future traitresse. Ne pas s'attacher à cette amitié était une façon bien nécessaire de maintenir son cœur à une distance raisonnable pour garder la force de mener à terme sa mission pour Rummage.

Néanmoins, au fil des semaines qui passaient et sans qu'elle ne s'en rendit vraiment compte, Elfie sentit grandir en elle une vraie haine pour Jane : Jane était aimée, Jane était belle, Jane avait sa place dans l'entreprise et auprès de Félix, mais Jane n'était pas Elfie. Bouillonnant régulièrement de cette haine pour son alter ego qu'elle avait elle-même créée, elle trouvait comme une revanche à endosser dès qu'elle le pouvait son rôle d'espionne. Et elle eut bientôt une chance de se venger de cette Jane trop parfaite.

Un jour gris d'hiver de la fin du mois janvier, Félix lui donna une pile de dossiers à ranger aux archives, une façon de conclure l'année qui venait de s'écouler et de repartir sur de bonnes bases. Judith se fit un plaisir de lui donner le badge mais s'excusa de ne pouvoir l'accompagner. Elle avait pris du retard sur sa journée et cette secrétaire très consciencieuse ne pouvait vivre avec l'idée de ne pas avoir coché toutes les cases de la petite liste qu'elle faisait tous les matins.

Soulagée de ne pas être sous sa surveillance, Elfie s'empressa de descendre aux archives, la pièce au mille secrets qui lui permettrait bientôt de trouver sa seule vraie place : celle près de son père Alen Rummage.

Le rangement des sus-dits dossiers se fit en un éclair car plus important était à faire : chercher dans la partie juridique des archives. Elle trouva sans peine les étagères concernant ces sujets et commença à fouiller dans les dossiers les plus récents. Des phrases alambiquées se déroulèrent sous ses yeux, présentant des procès et des conclusions. Ce n'était clairement pas son domaine et il lui faudrait bien plus de temps qu'elle en avait à présent pour déchiffrer tout ce charabia. Elle prit une décision plus radicale. Saisissant son téléphone, elle entreprit de prendre des photos qu'elle envoya avec empressement à Alex ; en tant qu'avocat, il ferait le tri bien plus vite qu'elle. Dans un premier temps, elle ne lui enverrait que les conclusions et s'il était intéressé, elle lui ferait parvenir le reste de l'affaire.

Avec une explication rapide, Elfie commença à envoyer à son acolyte plusieurs clichés. Il fut très réactif, et au fur et à mesure qu'il les réceptionnait, elle les retirait de son téléphone. Elle ne voulait pas risquer d'avoir des photos compromettantes. Elle parcourut ainsi une quinzaine de dossiers, tandis que de temps en temps Alex, lui demandait de plus amples détails sur tels ou tels procés ou plaintes.

Mais, ce lieu était trompeur, comme une parenthèse dans l'espace et le temps avec ses lumières froides et figées et ses fenêtres si bien obstruées qu'aucun filet de lumière ne pouvait y pénétrer. La notion du temps y était complètement biaisée et dans sa précipitation et son effervescence, Elfie n'avait évidemment pas pensé à regarder l'heure avant de commencer.

En sueur et sentant son coeur sur le point d'exploser de stress, Elfie préféra ne pas prendre de risques plus longtemps et quitta bientôt précipitamment cette pièce de plus en plus menaçante en prenant garde à bien remettre les dossiers à leur place.

La nouvelle Jane (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant