Après sa discussion trop sommaire avec Judith, Elfie passa des heures à imaginer toutes sortes de stratagèmes pour essayer de mentionner le sujet de son prénom avec Félix. Elle avait abandonné la plupart des idées évidentes, comme tout simplement lui poser la question et était maintenant arriver à la phase où les plans les plus loufoques lui venaient en tête : écrire un faux courrier au nom d'Édouard de Trannoy, appeler anonymement en demander à parler à Édouard de Trannoy, le contacter sur les réseaux sociaux sous un pseudonymes et l'appeler Édouard... Elle se perdait dans son imagination machiavélique lorsque l'objet de ses divagations débarqua et tout dans son attitude criait gare ! Tarzan était décidément un surnom qui le seyait, mais elle dut se rendre à l'évidence : toute ruse pour en savoir plus sur son changement de prénom devrait être abandonné pour la journée. Derrière lui, une autre silhouette d'ours mal léché le suivait d'un pas aussi hargneux. Si la jeune fille ne savait pas déjà qui était Richard de Trannoy, elle aurait pu le deviner à cet instant. Père et fils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, mis à part leur âge et leur tenue ; l'un à la mode de son époque, costume sur mesure bleu très classique, cravate rayé et impeccablement rasé, l'autre, avec sa barbe épaisse et bien entretenue, son costume vintage et coloré sortant des années 50 et des bretelles. Quel duo, pensa Elfie en voyant les deux furies passer devant elle.
Un vent glacial avait traversé la pièce à leur arrivée et Elfie comprit au premier coup d'œil que l'un comme l'autre retenaient tant bien que mal leur rage en traversant les salles communes menant jusqu'au bureau de Félix. La porte de celui-ci n'était pas encore fermée que sa voix tonitruante éclata :
- Pourquoi es-tu ici ?!
Il s'en suivit un murmure sourd lorsque la grosse porte en bois se referma.
Dans le bureau de Félix, Richard avait pris place sur un des fauteuils en s'étalant indolemment tandis que son fils debout faisait les cent pas.
- Tes affaires ne remontent pas mon fils ! assena Richard presque victorieux.
- Cela fait 2 mois, papa ! Patience ! grogna Félix.
- Patience, patience ! les actionnaires ne patientent pas. Les actions commencent déjà à baisser.
- Je t'avais pourtant prévenu qu'il était trop tôt. Vandenesse est encore trop instable pour être en bourse.
- Qu'est-ce que tu en sais ? C'est ainsi que j'ai réussi toutes les autres banches du groupe. Tu me prends pour un bleu !
- Les temps ont changés, le monde ne fonctionne plus comme à ton époque, lança Félix les lèvres serrés se retenant d'en dire plus.
Il se leva en tapant du poing sur la table.
- Tu es en train de dire que je suis dépassé ?!
- Je suis sur le coup, alors ne t'en mêle pas ! maugréa Félix entre ses dents. Cela sonnait presque comme une menace.
- Ne pas m'en mêler ?
Richard éclata d'un rire tonitruant.
- Jusqu'à preuve du contraire, je suis ton supérieur, c'est MON entreprise.
- Toujours et encore cette rengaine ! ragea Félix
Trois coups timides sur la porte vinrent mettre sur pause à leur altercation. Penaude, Elfie osa à peine entrer et tendit un dossier à Félix.
- Judith dit que c'est urgent, annonça-t-elle d'une voix fébrile.
Et sans attendre son reste, elle sortit à petites enjambées. Elle avait bon dos la nouvelle assistante pour faire la sale boulot. « Quel pire moment pour interrompre son patron ! » pestait-elle en ressortant. Elle savait bien que cela lui retomberait dessus. Et tandis qu'Elfie avait fait son entrée puis sa sortie éclair, Richard l'avait suivi des yeux d'un air gourmand.
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La nouvelle Jane (En réécriture)
Espiritual« Mademoiselle Elfie Vuarnet ?... Ici vous serez Jane ». Voici la première phrase que Félix de Trannoy dit à sa nouvelle assistante, Elfie. Tout juste diplômée en commerce, elle vient de conclure un marché risqué avec Rummage, célèbre parfumeur pou...