Félix passa en trombe devant les subordonnés de Cédric et ouvrit sans ménagement la porte de son bureau. Un odeur de café froid et d'eau de cologne bas de gamme lui monta immédiatement au nez, il n'avait pas une grande affection pour ce personnage terne qu'était Cédric Marcoux mais il devait reconnaître qu'il excellait dans son poste. Leur relation étaient habituellement distante, alors ce dernier ne put cacher sa surprise, pour ne pas dire son effroi lorsqu'il vit le directeur entrer en hâte dans son bureau. Il se redressa maladroitement en bégayant une phrase incompréhensible d'une voix basse et tremblante, tandis que Félix refermait la porte d'un geste brusque. Voyant le petit bonhomme trembler comme une feuille, Félix fit un effort pour contenir sa colère. Il prit une profonde inspiration et lui fit signe de s'asseoir, tentative bien vaine pour lui faire retrouver un semblant de maitrise de lui. Félix fit enfin un effort magistral pour lui parler calmement. Il ne manquait pas grand chose pour que ce personnage malingre et timide ne s'évanouît de peur et d'appréhension devant lui et il savait bien que la colère ne ferait que le plonger dans un mutisme incontrôlable.
- Cédric, dit-il dans un souffle et en s'asseyant, avez-vous constaté plus de plaintes que d'habitude récemment?
Ce dernier assis dans une position très inconfortable, comme prêt à déguerpir au moindre mouvement brusque de son patron était cependant d'une grande intégrité et loyauté. Ne voulant prolonger cet entretien imprévu, il ne passa pas par quatre chemins avant de lui dire la vérité :
- Oui... Depuis 3 à 4 semaines, les plaintes, accusations et des mouvements de colère envahissent nos boites mail.
- Pourquoi avez-vous attendu tout ce temps pour m'en parler ?
Félix serraient les poings sous le bureau, retenant avec de plus en plus de difficultés sa rage.
- J'en ai parlé à Philippe et il m'a dit qu'il s'en chargerait, avoua-t-il simplement en regardant ses pieds.
- Faites-moi un résumé de ces plaintes avant la fin de la journée, envoyez-les moi directement.
Cédric acquiesça les mains tremblantes et sans prendre le temps de le remercier, Félix sortit aussi vite qu'il était entré marchant à grandes enjambées vers son bureau. Il avait besoin de relâcher la pression qu'il avait gardée en lui depuis les remarques de son assistante dans le taxi. Arrivé dans son antre, il ne put retenir un cri de colère et d'un grand coup fit tombé tout ce qu'il y avait sur son bureau, faisant virevolté les papiers qui s'accumulaient et les quelques stylos qui y était posés. Après avoir tourné en rond pendant une bonne dizaine de minutes, il entreprit de se servir un verre de whisky. Il n'avait pas l'habitude de boire pendant les heures de bureau mais sa colère ne retombant pas, il lui fallait un remontant.
Ayant bientôt retrouvé ses esprits, il appela son assistante, qui l'ayant vu passer telle une tempête devant elle, appréhendait plus que jamais de le rejoindre. Verre à la main, il l'attendait assis dans un fauteuil dans le salon de son bureau. Elfie se triturant les mains se tenait devant lui ne sachant que faire, troublée par les papiers et autres objets étalés sur le sol que Félix n'avait pas encore pris le temps de ranger. Il faisait tourner nonchalamment le liquide ambré dans son verre, tandis qu'Elfie tentait de maitriser sa respiration pour rester calme.
- Vous aviez raison... finit-il par déclarer d'une voix blanche
- À propos ? s'enquit Elfie inquiète.
- Des plaintes du service-client. Comment avez-vous su ? demanda-t-il en lui faisant signe de s'asseoir en face de lui.
Elfie expira mal à l'aise et s'asseyant du bout des fesses dans le fauteuil en face de Félix, elle prit le temps de lui raconter sa pause déjeuner et l'échange mystérieux entre ses deux employés. Elle omit bien évidemment les recherches qu'elle entreprit par la suite dans un des ordinateurs de l'équipe de Cédric. Félix l'écoutait sans l'interrompre mais son pied qui tapait nerveusement sur le sol laissait transparaître son agacement.
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La nouvelle Jane (En réécriture)
Spiritual« Mademoiselle Elfie Vuarnet ?... Ici vous serez Jane ». Voici la première phrase que Félix de Trannoy dit à sa nouvelle assistante, Elfie. Tout juste diplômée en commerce, elle vient de conclure un marché risqué avec Rummage, célèbre parfumeur pou...