« D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur.»
Oscar Wilde
Les évènements suites à l'accusation d'Olivier avaient été un peu flous pour lui. Il se souvenait de Vanitas se levant pour protester, puis de sa propre chute lorsqu'il avait appris la nouvelle pour Roland. Ce n'était pas possible, le chasseur se devait d'être vivant, il n'avait pas le droit de mourir. Et après, Vanitas avait été le premier à reprendre ses esprits et à pousser tout le monde en dehors du l'espace au travers de la fenêtre ouverte. Et puis ils avaient couru jusqu'à trouver un refuge dans un autre hôtel miteux. Il essayait de chercher d'autres évènements dans sa mémoire, mais rien n'apparaissait : les souvenirs s'enfuyaient.
Noé, tu sais bien que tu perds tout ceux que tu aimes au moins une fois. Louis, Roland, Dominique, tes grands parents, et puis, Vanitas, tu le perdras un jour aussi. Le pire de tout ça, c'est que ce sera encore de ta faute, car ce seront tes mains qui tiendront l'arme qui le tuera.
Toujours les mêmes pensées qui l'obsédaient et venaient l'étrangler, il ne parvenait pas à sentir l'air entrer et sortir de ses poumons. Et soudain, en se réimaginant la scène, il comprit ce qui n'allait pas depuis le début. La chose, qui prouvait qu'il était le coupable, qu'il était ce Chronos cruel : la dégénérescence des Archiviste. Son maître l'avait mit au courant pourtant, l'avait prévenu des risques qu'il encourrait et il avait agit comme il le voulait, en oubliant ce qu'on lui avait appris.
Et tout d'un coup, le vampire s'effondra, perdu dans l'inconscience de ses cauchemars. Il n'eut même pas le temps de se rendre compte des bras gantés qui le soutenaient avant qu'il ne tombe.
﴾ ﴿
Des mains l'entravaient, et un miroir s'étendait face à lui. Il y voyait le reflet d'un homme désespéré, effrayé. Il semblait reconnaître l'unique œil qui l'observait, il se concentra avec plus de profondeur encore, et soudain, il se vit. Cet homme pris au piège c'était lui.
« - Noé, que t'a-t-il fait ?
- Ruthven, non... L'angoisse déformait le visage de Vanitas, une panique croissante s'affichait au fond de ses yeux. Le vampire ne voulait pas se réveiller. Il était enfermé dans son propre cauchemar, des hurlements, des gémissements
- Noé, regarde moi, je veux t'aider. Je peux t'aider. Respire. Je suis là, c'est moi Vanitas. Il n'y a personne d'autre.
- Ruthven ! Aidez-moi.
- Noé ! Regarde-moi ! » Les yeux du vampire s'ouvrirent au son de la supplique du jeune humain. Des larmes s'écoulaient encore de ses yeux. Il semblait murmurer des paroles incompréhensibles, des demandes d'arrêt, avant de se fixer sur le regard du jeune homme, et d'arrêter son charabia. Il retira sa main de sous les draps, avant de la placer délicatement sur la joue de Vanitas comme s'il avait peur que l'humain ne parte.
Vanitas lui rappelait quelqu'un qu'il avait connu il y a longtemps. Mais l'autre visage ne parvenait pas à apparaître dans sa mémoire.
Des yeux ambrés aux couleurs de miel ? Non, ils étaient d'une autre nuance.
Des cheveux sombres ? Peut-être.
Son nom ? Il l'avait déjà oublié.
Le souvenir n'était plus qu'un fragment disparu, mais le vampire savait en son fort intérieur qu'il n'en n'avait pas besoin. Pourquoi se consacrer au passé, quand le futur vous appelle ?
Perdu entre la réalité et son cauchemar, Noé s'effondra contre son ami, les bras enserrant sa taille dans le risible espoir qu'il ne parte pas. Il sentit les larmes coulées de ses paupières fermées. Deux mains vinrent encercler son visage et la voix calme de Vanitas se rapprocha de lui et s'arrangea pour former des mots rassurants. Le vampire avait l'impression que chaque mot murmuré par son ami était l'équivalent d'une caresse invisible.
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Les souvenirs d'un Archiviste
FanfictionUn monstre sévit avec violence dans les rues de Paris. Personne ne semble échapper à son piège quand il vous tient. Pourtant, Mikhaïl semble s'en être sorti, et a réussi à se réfugier à l'hôtel occupé par son frère. Accompagné de son équipe et de No...