« Le suicide ! Mais c'est la force des ceux qui n'en ont plus, c'est l'espoir de ceux qui ne croient plus, c'est le sublime courage des vaincus. »
Guy de Maupassant
Elle avait besoin de respirer, de partir loin et d'être seule. Les mots dans sa tête ne cessaient de s'emmêler. Elle revoyait son frère en face d'elle, un sourire dérangé sur le visage, et des yeux épuisés la fixant sans arrêt. Et puis, plus rien mis à part la douleur. Son frère était parti, elle était vide comme pour un miroir sans reflet. Elle avait continué à sourire pour Noé, pour celui qu'elle aimait, attendant son retour. Et puis, il était revenu, mais pas elle. Son cœur c'était glacé quand il avait dit Louis, au milieu d'une étreinte. À cet instant précis son monde c'était effondré et même le miroir c'était brisé.
Elle aurait crié, elle aurait pleuré, si elle avait pu encore ressentir quelque chose. À la place, elle était devenue l'autre, puisqu'en fin de compte il était mieux pour tout le monde.
Les souvenirs revenaient en masse, les leçons données par sa sœur également, les sourires narquois de son grand père aussi.
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« -Le pouvoir des Sade. Un trésor puissant et jalousé par d'innombrables familles. Un caprice involontaire des Dieux lors de la création des vampires. Un don extraordinaire et dangereux à manipuler. Sa voix se fit tranchante, cassant son image si désinvolte et cruelle de quelques secondes auparavant. Un devoir ancien et juste entre tes mains. Tu n'as plus le temps de jouer, et de rêver, maintenant tu dois apprendre et protéger. Te sens-tu prêtes ?
- Oui, je crois. » Murmura d'une voix confiante Dominique, épée en main, âgée seulement de 13 ans.
Le reste de l'après-midi fut constitué d'apprentissages et de leçons, de secrets et de vérités sur l'utilisation de ses merveilleuses capacités. La fatigue de Dominique s'effaçait progressivement au profit d'une faim dévorante pour le savoir. Au profit d'une volonté de faire plus, et peut-être même de faire mieux qu'eux (que lui ?).
Alors que Véronique allait partir, ses enseignements terminés, Dominique l'arrêta d'un geste. Une mine, pour la première fois depuis le début de la journée, hésitante. Une détermination se lisait pourtant dans ses yeux, un besoin primaire brillait dans ses pupilles.
« - Tu m'as dit, que la révélation de nos pouvoirs se déroulait lorsqu'une tragédie, un dégoût sans fin, une haine de la vie même nous arrivait. Et qu'alors nous n'avions même plus envie d'espérer. Mais alors, toi, qu'à été l'élément déclencheur de l'apparition de tes pouvoirs ? La voix de sa sœur se fit de nouveau mielleuse et moqueuse (bien que l'on y sentit cette fois une certaine mélancolie).
- Lorsque ton frère et toi êtes nés. » Puis, tirant ses cheveux vers l'arrière, et ajustant son chapeau, elle partit, refermant la porte derrière elle. Elle ne vit pas les larmes de Dominique tomber sur le tapis persan.
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Et le reflet de son image n'avait cessé depuis lors de se fragmenter encore plus. Des éclats d'elle-même se dispersant sans cesse suites aux remarques des autres, aux opinions arrogantes de ses paires : rien n'existait plus. La fissure avait atteint son paroxysme aux manèges avec la menace sur les épaules de Noé, et elle avait cédé, cédé à l'envie insidieuse de sauter pour finir de briser complètement son reflet.
Pourtant, on l'avait rattrapée.
Depuis ce jour, elle se reconstruisait, lentement, doucement, mais toujours plus forte qu'avant. Sa beauté n'était que plus éclatante. On dit que dans certaines cultures, on couvre les fissures d'objet cassées avec de l'or, c'est ce qu'elle avait fait. Surtout grâce à l'aide d'une certaine bourreau...
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L'hôtel Chouchou était assez luxueux pour un bâtiment humain se disait l'héritière. Des bois nobles servaient comme mobilier, et les différents services de vaisselles donnaient un côté pittoresque au lieu.
Ses cheveux noirs étaient défaits, ils reposaient négligemment sur son épaule. Un sourire étirait ses lèvres, Jeanne était venue il y a quelques jours pour un thé. Et lors de cette invitation, elle n'avait pas imaginé tout ce qui pouvait être dit, tant au travers des déclarations, que des sourires.
La fin de la journée c'était même accompagnée d'une petite déclaration d'amitié de Noé, et d'une promesse de Vanitas de faire de son mieux pour lui. Le monde pouvait sans doute être encore plus parfait, mais l'univers de Dominique de Sade n'avait jamais était si proche de la perfection.
Un regard amoureux se porta à ses bras lorsqu'elle se rappela l'étreinte de la jeune femme. Elle l'avait fait sentir tellement bien, elle avait été tellement heureuse. Un câlin, c'est un baiser du cœur non ? Son cœur s'emballa de plus belle dans sa poitrine en imaginant la suite possible de ces évènements. Ses lèvres brûlaient de revoir Jeanne, pour un simple sourire, et pour plus si elle devait être honnête. Ses yeux innocents avaient laissé un vide en elle, tout comme ses histoires fabuleuses, et ses accents extraordinaires depuis son départ.
Un rire enfantin s'échappa de la Sade, avant de laisser place à une petite morosité. Elle me manque, son esprit me manque, la moitié de mon âme est séparée, et pleure son enlacement. Elle ressassait seule, et avait peur de retomber dans une spirale de honte. C'est alors, que deux voix connues retentirent depuis le couloir de l'hôtel. Le papier peint ne laissait aucune intimité entre les clients, peut-être était ce le point négatif de bâtiment ? Un manque de vie privée; mais ça rendait le lieu si chaleureux.
Le débat houleux entre les personnes repris de plus belle, et avec plus d'intensité.
« - Tu m'as jeté contre un mur, en pensant que ça allait me protéger ? Un putain de mur en pierre Noé !
- Mais, j'ai fait attention à ce que tu ne te brises pas quelque chose !
- Un mur Noé ! Évidemment que je me suis fait mal ! Je boîte depuis ! On ne retourne plus à une seule galerie d'Art pour le moment, tant que tu n'auras pas enregistré cette demande : je ne lance pas mon partenaire comme projectile !
- Techniquement, tu n'étais pas un projectile, tu étais un moyen défensif. Et puis, personne n'a été blessé, ni aucunes œuvres abimées.
- Je pense que tu passes à côté de l'essentiel !" à ce moment précis, la jeune vampire décida de sortir de l'ombre. Ses pensées malheureuses déjà oubliées.
"- Bien joué Noé ! J'aurai adoré le voir !
- Dominique, quel plaisir de te revoir !
- Vanitas ?
- Hum ?
- L'hypocrisie soit ça se soigne, soit ça s'apprend. Dans ton cas, aucunes de ces deux techniques ne t'a réussi." malgré leur accord de protection envers Noé, elle ne pouvait s'empêcher de ménager l'humain avec des piques assez drôles. Chose qu'il lui rendait assez bien d'ailleurs. Et au moment où ce dernier allait répliquer, le vampire le coupa avec un ensemble de questions.
"Domi ! Comment tu vas ? Ton nouveau parfum est délicieux ! Tu m'as manqué. Tu as goûté les nouvelles pâtisseries d'Héloïse ? C'est un pur délice. Tu sais comment faire des madeleines ? » Au niveau de flots de paroles discontinus, Noé pouvait facilement rivaliser avec Amélia lorsqu'il parlait avec Dominique. Il s'inquiétait pour elle, et se sentait coupable pour une raison quelconque malgré les tentatives de la vampire de le calmer.
Et la vampire ne put s'empêcher de sourire en regardant ses deux amis, elle avait une famille maintenant. Et lorsqu'elle repensait à Jeanne et ses cheveux rosés, elle avait encore mieux, elle avait un avenir. Ses joues rosirent en pensant simplement à son amie.
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Les souvenirs d'un Archiviste
FanfictionUn monstre sévit avec violence dans les rues de Paris. Personne ne semble échapper à son piège quand il vous tient. Pourtant, Mikhaïl semble s'en être sorti, et a réussi à se réfugier à l'hôtel occupé par son frère. Accompagné de son équipe et de No...