CHAPITRE 14 - ELONE

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Mort. Sang. Évanouissement. Ce sont les premiers mots qui m'ont traversé l'esprit quand j'ai quitté la chambre d'hôpital il y a quelques minutes, les yeux rougis que j'ai du mal à fermer à cause des dernières larmes me causant une douleur atroce.

La chaîne argentée encore emprisonnée entre mes mains finit par atterrir sur le sol blanc dans un léger bruit, celui de mon cœur qui se brise quand je repense à ce qui vient de se passer. Mon père qui a subitement cessé de respirer, Emire qui a brusquement arrêté de m'aimer. Une main sur mon épaule me fait sursauter alors que je relâche la pression en soupirant.

— J'ai téléphoner à ta tante Marìana, elle prend le prochain avion qui part du Brésil.

Les traits doux de ma mère se confondent avec les dizaines de médecins qui courent partout pour tenter de trouver les soins nécessaires à un patient qui n'est certainement pas mon père j'imagine.

— D'accord..

Mon accent portugais reprend le dessus sur le français que je tente de maîtriser, mais je me rends compte que c'est peine perdue. Je n'ai plus aucune carte en main.

— Tesouro..

Entendre ma propre langue maternelle sortant de ses lèvres me causent des frissons et de nouvelles larmes qui menacent d'apparaître, je me penche lentement pour récupérer la chaîne entre mes doigts.

— Ton père est fort, il va s'en sortir.

C'est ce qu'il a dit lui répéter durant des années, à un tel point qu'elle a fini par le croire, sauf que c'est faux, et je le sais aussi bien que quiconque dans ma famille. J'esquisse un rictus qui a pour effet de la rassurer.

— Il n'y a pas que ça qui te tracasse, n'est-ce pas ?

En dégageant une mèche brune de mon front, ses bras passent derrière ma nuque afin de me ramener contre son épaule.

— Emire refuse que j'intervienne à nouveau dans sa vie. Mon.. Mon cœur refuse que je sois présent pour lui.

Quand je finis par fondre en larmes, je réalise les mots que je viens de prononcer devant ma mère. Je viens ouvertement d'affirmer qu'Emire n'est pas seulement mon meilleur ami, pourtant je n'ai pas peur de sa réaction. Car mon cœur reste un surnom, éternellement, il représente Emire Sosthène.

— Ne lui mens pas plus longtemps Elone, il n'y a que la vérité qui peut le ramener vers toi.

Je déglutis, gêné, avant qu'un médecin ne s'approche de nous en étant peu soucieux des centaines de papiers qui s'échappent entre ses mains. Son regard divague entre ma mère et moi quelques secondes.

— Tesouro, il est préférable que tu rejoignes ton père. Je te rejoins d'ici cinq minutes.

Hésitant, je laisse mes yeux scruter l'expression de l'homme face à nous et hoche la tête en partant à l'autre bout du hall. Le collier que mes doigts triturent depuis quelques minutes effleure la porte de la chambre d'hôpital qui s'ouvre brusquement. La silhouette allongée de mon père commence à me donner la nausée, pire, elle m'oblige à m'adosser contre le mur froid pour ne pas flancher.

— Elone, campeão..

Mes parents ont deux surnoms bien distincts en portugais depuis mon enfance, ma mère a préféré tesouro signifiant trésor, et mon père a opté pour campeão, pour champion. Uniquement à l'âge de mes cinq ans quand j'ai fini par remporter le championnat de surf.

The Shade Of SosthèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant