The Shade Of Sosthène

CHAPITRE 31

La fête chez Dallas est une réelle réussite, chaque pilote félicite le brun pour sa P1, alors que ses yeux restent concentrés sur le nouvel arrivant depuis dix minutes, Gárcez.

— J'imagine qu'il n'était pas invité.

Il secoue la tête en serrant le gobelet rouge entre ses mains, Kelly semble passer une bien meilleure soirée que nous en compagnie de Paolo et de ses danses déchaînées. Le silence dans la cuisine prouve à quel point la présence de l'espagnol semble le déstabiliser.

— Loin de là.

Dès que son regard rencontre celui de son rival, il s'éclipse en rejoignant la chambre d'en haut sous l'air surprise de Gárcez. L'air frais qui s'insinue sous ma veste m'oblige à mon tour à quitter la pièce sans lâcher mon verre de gin. Ma tête tourne légèrement quand je referme la porte de la véranda pour m'asseoir sur l'une des chaises. La musique retentit plus fortement à mes oreilles à l'instant où cette dernière claque à nouveau en laissant passer une silhouette qui resserre l'emprise sur son sweat.

— Ton meilleur ami est un sacré spécimen. Pas un bon malheureusement.

Provoqué par mon rire, il sourit également sans cesser de fixer les étoiles.

— Dallas est quelqu'un de bien, il a seulement du mal à exprimer ce qu'il ressent.

Quelqu'un de bien. C'est ce que j'ai l'impression d'entendre depuis des semaines à propos de Griffin et Elone, pourtant ça ne s'est jamais vraiment confirmé.

— Vraiment ? Bousiller le moteur de ma monoplace pour finir sur le podium montre son altruisme envers les sentiments.

Aucune colère n'est présente dans sa voix, ni la tristesse de ne pas avoir fini sur le podium après le coup bas de Dallas.
Le col de sa veste en cuir remonte légèrement sur sa nuque.

— Tu adores le provoquer, Dallas réagit simplement.

Chaque gorgée de gin me fait dire de plus en plus n'importe quoi, ma tête commence à ressentir une migraine conséquente et mes yeux se posent sur les cheveux bruns de l'espagnol.

— Je n'aime pas le provoquer. J'essaie d'attirer son attention.

Surpris, j'entrouvre lentement les lèvres sans trouver quoi répondre à cet aveu. Bordel, Dallas est capable de provoquer des sentiments amoureux chez quelqu'un d'autres que lui-même ?

— Son attention ? répétais-je.

Il hoche la tête sans détourner le regard du ciel, ses doigts triturent nerveusement sa bague autour de son annulaire. Alors que je m'apprêtais à récupérer mon gobelet, la véranda s'ouvre à nouveau en laissant passer plusieurs coéquipiers de Dallas. Sous l'air désolé du brun, je quitte rapidement l'appartement en me rendant sur la plage face à ce dernier. L'odeur salée et le son des vagues m'apaisent légèrement, jusqu'à ce qu'un souffle ne coupe le silence que je venais moi-même d'instaurer.

— La fête de Dallas se passe mal ?

Sa voix est la première raison qui vient subitement d'accélérer mon cœur, suivi de son odeur et de ses mains parcourant mes boucles.

— Je suis un peu trop bourré pour répondre à cette question.

Son rire se tasse dans ma nuque quand il se penche pour atteindre mon torse.