ALCHIMIE.

Chapitre 27 - Colis piégé ?

Val hausse des épaules avant de repositionner les verres noirs sur son nez. Je l'observe en tapotant le bout de mes doigts sur la table. Sa démarche et sa dégaine pour venir jusqu'à moi montrent à quel point il n'est pas dans son assiette. Lui qui n'aime pas la violence, je me demande bien ce qu'il a pu se passer hier soir.

— Isaac : Putain, mais mec ! Qu'est-ce que t'as branlé ?

Trop curieux d'apercevoir l'ampleur des dégâts, je me redresse pour lui retirer les lunettes d'un geste bref. Il cligne des yeux rapidement par l'effet de surprise.

— Val : Laisse-moi le temps de respirer deux secondes, s'il te plait.

Je le fixe et analyse son ecchymose. Cette trace noire au niveau de ses paupières encercle son regard et ce n'est pas beau à voir. Mille et une questions se chevauchent dans ma tête et j'ai besoin de réponse.

— Isaac : Du coup, il s'est passé quoi cette nuit pour que tu te retrouves avec une gueule pareille ?

Mon pote m'arrache des mains ses binocles pour se cacher. Ça me rappelle la fameuse soirée où il se foutait de moi avec mon bout de tissu sur l'œil.

— Val : Tu veux la version longue ou la courte ?
— Isaac : Va droit au but.

De manière générale Val n'arrive pas à réduire ses récits. Il donne des détails dont tout le monde n'en a rien à faire, sans aller à l'essentiel. Et moi, j'aime ce qui est pragmatique.

Marc s'avance vers mon ami et lui pose une main sur l'épaule en guise de soutien. Il prend nos commandes et nous signal que c'est offert par la maison. Si j'avais su, j'aurais adopté autre chose qu'un pauvre café allongé.

— Val : Une fois que t'es parti, on a continué de boire. J'étais déjà bien saoul et Clara nous a trouvé quelques bonbons magiques, comme la fois dernière. Jill ne voulait pas faire de mélange avec l'alcool, mais Niko a décidé de nous suivre dans le feu de l'action.

Un rictus nerveux apparaît au coin de mes lèvres. Finalement, Clara prend vite goût à ce genre de produits. Par contre, je suis plutôt étonné que Niko les ait imités. Il devait être sacrément éclaté.

— Val : Tu me connais, tu sais comment je réagis quand je suis dans cet état...
— Isaac : Laisse-moi deviner, t'as fait ton Superman ?
— Val : J'ai essayé mec, je te jure !

Au vu du nombre de soirées qui s'accumulent au compteur, il faut qu'il se donne bonne conscience quand il est sous drogue. Il n'hésite pas à se jeter à l'intérieur des bagarres avec l'espoir de rendre justice. Justice pour lui, pour les victimes, pour le monde. Enfin ça, c'est ses dires.

Lana se pointe avec les deux cafés à la main devant nous, toujours accompagnée de son air hautain.

— Lana : Quoi ? C'est pour Marc que je me déplace. Ce n'est pas pour vos gueules enfarinées.

En déposant les allongés brusquement, le liquide chaud glisse sur le rebord de ma tasse. Je serre les dents et me contiens, mais il faut vite qu'elle arrête son cinéma.

— Isaac : Change de disque Lana, t'es lourde. T'es là pour donner un coup de main à ton mec, pas pour foutre ta merde.

La châtaine aux yeux clairs me fusille du regard avant de tourner les talons. Elle se sent piquée et ne sait pas le cacher. Un de ces quatre, on sera contraint de mettre les choses à plat une bonne fois pour toutes.

— Val : Apparemment je ne suis pas le seul à avoir de drôles d'histoires.
— Isaac : Continue, au lieu de changer de sujet.

Mon pote passe une main au travers de sa chevelure avant d'inspirer fort pour me montrer son agacement. Je suis venu pour lui, pas pour régler mes vieux comptes.